Un espoir de démocratie
Ahmad Massoud n’avait que 12 ans quand son père fut assassiné dans un attentat suicide, dirigé par le groupe terroriste Al Qaeda. C’était le 9 septembre 2001, deux jours seulement avant les attentats des tours jumelles à New York. "Je n’avais jamais rien vu de tel. C’était quelque chose de très froid. Alors mon grand-père a doucement levé le linceul et c’était mon père en dessous. Une tragédie. C’est la vie parfois, il faut apprendre à vivre avec", confiait-il à la RTBF, qui l’a rencontré en 2016. Ce jour-là, "tout a changé", confiait-il à l’AFP.
A cette époque il a d’abord fui vers le Tadjikistan. Sa famille et lui ont finalement trouvé refuge en Iran, où il a étudié toute son adolescence, avant de s’envoler pour Londres et y obtenir un diplôme universitaire en relations internationales.
En 2016, il rentre en Afghanistan. Entre militantisme et diplomatie, le fils du "Lion de Panchir" n’a pas cessé de faire vivre la mémoire de son père. A travers des missions de représentation de son parti politique, le parti islamique Jamiat-e, la fondation d’un journal, d’un magazine historique et, bien sûr, la direction de la Fondation Massoud, depuis 2016. Une fondation qui œuvre pour la paix avec des programmes éducatifs et culturels notamment et qui promeut des aides économiques et sociales, parfois dans des situations d’urgence.
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Aujourd’hui, il est à la tête d’une coalition politique appelée "Front pour la résistance", qui a pour principal objet la lutte contre les talibans.
Sur les traces de son père
Ahmad Massoud s’est exprimé à travers plusieurs tribunes depuis la conquête fulgurante de l’Afghanistan par les forces islamistes talibanes. "Moi la seule chose que je défends, à laquelle je crois, c’est la démocratie", confiait le fils du Commandant à la RTBF en 2016. Aujourd’hui, cette lutte prend, en plus d’une dimension politique, une dimension militaire. Sur les traces de son père donc, avec qui la ressemblance physique est presque troublante.
Accompagné de l’ancien vice-Premier ministre Amrullah Saleh, Ahmad Massoud organise timidement la levée de troupes opposées aux talibans. "J’écris depuis la vallée du Panchir aujourd’hui, prêt à suivre les traces de mon père, avec mes moudjahidines qui sont préparés à reprendre le dessus une nouvelle fois sur les talibans. Nous avons des réserves de munitions et d’armes que nous avons patiemment collectées depuis le temps de mon père, car nous savions que ce jour pourrait arriver", écrivait-il dans une tribune publiée par le Washington Post.
Le symbole du Panchir
Dans ce texte, on apprend donc qu’il est dans le Panchir avec Amrullah Saleh. Un lieu chargé de sens, c’est là où le Commandant Massoud est né et a mené la résistance face aux talibans. Cette vallée difficilement accessible est un lieu stratégique pour mener ce type d’opération, même si, vous le lirez plus loin, certaines choses ont changé depuis l’époque de son père. Lorsque la RTBF le rencontrait, il y a 5 ans, Ahmad Massoud se souvenait des stigmates que les talibans avaient laissés sur la ligne de front à l’entrée du Panchir, "quand les talibans ont envahi cet endroit, ils n’ont rien laissé debout. Que du désert et une terre morte. Ils ont tout brûlé", racontait-il.
Mais Ahmad Massoud le sait, pour mener à bien son combat il aura besoin de soutien. Dans la tribune publiée par la revue française "La règle du jeu", fondée par le philosophe français Bernard Henri Levy, il appelle "tous les Afghans libres qui refusent la servitude et que j’appelle à me rejoindre dans notre bastion du Panjshir, qui est la dernière région libre de notre pays à l’agonie".
Appel à l’aide
Il demande aussi le soutien de la communauté internationale, et plus particulièrement aux Occidentaux, "Je m’adresse à vous tous, en France, en Europe, en Amérique, dans le monde arabe, ailleurs, vous qui nous avez tant aidés dans notre combat pour la liberté, contre les Soviétiques jadis, contre les Talibans il y a vingt ans : Allez-vous, chers frères amis de la liberté, nous aider une nouvelle fois comme par le passé ? Notre confiance en vous est immense", écrit-il. Le fils du Commandant a d’ailleurs appelé les Etats-Unis à lui fournir des armes pour mener à bien son combat. Son appel sera-t-il entendu ? Difficile à dire dans un contexte où les pays de l’OTAN semblent peu enclins à intervenir de nouveau en Afghanistan.