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Afghanistan : réfugiée au Danemark, l’ex-capitaine de l’équipe féminine afghane œuvre pour exfiltrer les joueuses de football

L’ex-capitaine de l’équipe féminine afghane de football, Khalida Popal, lors d’une conférence de presse en avril 2018

© Daniel Leal-Olivas – AFP

Par AFP

Elle ne dort plus, mais ne baissera pas les bras : du Danemark où elle vit, l’ex-capitaine de l’équipe féminine d’Afghanistan de football, Khalida Popal, orchestre l’exfiltration de joueuses menacées par les talibans et entend poursuivre son combat pour l’émancipation des filles dans son pays natal. "Nous avons réussi à faire sortir 75 personnes d’Afghanistan, notamment des joueuses et des membres de leur famille" vers l’Australie, témoigne la jeune femme, assise sur les gradins du stade du FC Nordsjaelland, club de première division danoise où elle travaille comme coordinatrice commerciale.

Des femmes maltraitées

Réfugiée dans le pays scandinave depuis dix ans car elle était menacée en Afghanistan, elle ne ferme plus l’œil, les mains rivées à son téléphone grâce auquel elle organise, avec d’autres acteurs dont le syndicat mondial des joueurs de football (FIFPro), les évacuations de joueuses harcelées par les talibans. Sur sa messagerie, de poignants appels à l’aide ne cessent de résonner. Manager de cette équipe nationale en décomposition, elle recueille les témoignages de joueuses tétanisées, certaines poursuivies par les islamistes, d’autres battues par les talibans qui interdisent la pratique sportive aux femmes.

Outil d’émancipation

"Je leur ai parlé, pour qu’elles se regroupent, gardent espoir, n’abandonnent pas. C’était le plus dur", dit-elle. Sur les sportives et militantes encore sur place, elle donne peu de détails.


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Pour elle, le football est une passion mais surtout un outil d’émancipation primordial pour les femmes afghanes. Tout ce qu’elle a appris sur le terrain – l’esprit d’équipe, le dépassement de soi – lui a été utile ces derniers jours. Ayant grandi en Afghanistan, elle se souvient d’une enfance volée par les talibans. "Je n’ai pas pu aller à l’école ni avoir d’activités sociales. Nous voulions en quelque sorte prendre notre revanche sur les talibans avec le foot, montrer que les talibans sont notre ennemi. C’était notre manifeste", confie la jeune femme de 34 ans.

Un espoir anéanti

Depuis le balbutiement des premières équipes il y a une quinzaine d’années, l’engagement sportif a grandi. Avant de disparaître du jour au lendemain avec la chute de Kaboul. "Partant d’un petit groupe, nous sommes montées jusqu’à 3 à 4000 filles et femmes licenciées dans la fédération à différents niveaux", souligne Khalida Popal. "Toutes ces réalisations, avec la chute de Kaboul, ont en quelque sorte disparu. Et c’est triste", soupire-t-elle, la voix presque brisée.


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Reportage dans notre JT du 26 août :

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