On arrive à un âge où on sent qu’on doit aider les gens
Des grossistes et des particuliers ont donné des aliments, comme ce fabricant de yaourts qui vient, ce jour-là, livrer ses invendus à Thava. Mais, dans ce restaurant, l’essentiel des achats a été financé par le patron originaire d’Inde, Mathew Abrahams, qui a déjà englouti 150.000 euros dans l’initiative : "Même si c’est très difficile en ce moment dans notre secteur, on arrive à un âge où on sent qu’on doit aider les gens".
Le même sentiment anime Frydman, qui a perdu 14 proches à cause du Covid. Ses efforts ont été couronnés par l’Association mondiale des cuisiniers, qui lui a remis le "prix humanitaire 2020". Membre du bureau de "Chefs sans frontières", une association basée en France, il rêve de fabriquer des cuisines dans des conteneurs en Afrique pour préparer des repas qui puissent se conserver à long terme pour être distribués dans des écoles du continent.
C’est souvent leur seul repas de la journée
En attendant, les pillages de juillet 2021 ont encore accru les besoins des familles pauvres. Le restaurant Thava livre ses plats à trois ONG, dont la Fondation RySky qui les distribue à des enfants dans une rue du township d’Alexandra. "C’est souvent leur seul repas de la journée", note Annamaria Lechki, la fondatrice de l’ONG. Les enfants font la file sagement, avec une boîte en main.
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"Notre centre commercial est fermé à cause des pillages, déplore Lindoh, une jeune bénévole. Du coup, encore plus de gens sont sans travail et on doit s’approvisionner dans des petites échoppes, plus chères. On prie Dieu que les choses reviennent à la normale".
Alors que le taux de Sud-Africains déclarant souffrir de la faim avait diminué de près de moitié entre 2002 et 2019 (de 20 à 11%), il est reparti à la hausse en avril 2021 (15%), selon les enquêtes nationales auprès des ménages. Les cuisiniers bénévoles ont encore du pain sur la planche.