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Agence spatiale européenne: Frank De Winne espère entraîner les nouveaux astronautes dès avril

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L'astronaute belge Frank De Winne, qui dirige le centre d'entraînement des astronautes européens (EAC) à Cologne (Allemagne), espère entamer en avril prochain la formation de la nouvelle cohorte qui doit être annoncée ce mercredi à Paris par l'Agence spatiale européenne (ESA).

Les lauréats (parmi lesquels pourrait figurer un ou une Belge, NDLR) ne quitteront pas leur emploi dès leur nomination. "Il faut songer à leur famille, pour un tel changement de vie. Par respect aussi pour leur employeur, car ce sont des gens qui excellent déjà dans leur emploi", a expliqué Frank De Winne à Belga, dans les travées de la conférence ministérielle triennale de l'ESA.

Une fourchette de quatre à six nouveaux astronautes de carrière est attendue, mais la décision finale ne tombera que ce mercredi après-midi. 

Nouveauté de cette première sélection ESA depuis 2008, des astronautes de réserve seront aussi retenus. "Eux ne quitteront pas leur profession, mais on les invitera une à deux semaines par an à Cologne, pour maintenir leur qualification médicale et recevoir des mises à jour sur l'ESA et ses programmes, comme Artemis (un équipage sur la Lune d'ici 2025, NDLR). On espère aussi que ces réserves seront des ambassadeurs ESA dans leurs pays respectifs. Ils pourraient monter dans un projet ultérieur de vol commercial ou de véhicule autonome, voire dans le projet d'un État membre de faire voler un de ses citoyens". 

L'ESA pourrait aussi innover avec un programme destiné à une ou un astronaute porteur de handicap ("parastronaute"), qui aura suivi la même sélection, avec toutefois une prise en compte du handicap.

Plus de 22.000 aspirants

Plus de 22.000 aspirants s'étaient fait connaître au lancement de la procédure de sélection l'an dernier. Un premier tri a permis à 1.400 candidats de subir à Hambourg des tests psychotechniques et psychomoteurs. Puis 400 candidats ont subi à l'EAC des tests psychologiques et réalisé des entretiens avec des astronautes de la classe 2009, puis des tests médicaux, un entretien de management et enfin un entretien avec le directeur général, l'Autrichien Josef Aschbacher, qui détient la décision finale.

Frank De Winne voit la poursuite des vols habités par l'ESA - qui n'est pas garantie à ce stade - comme un atout pour l'Europe d'acquérir davantage d'autonomie stratégique. "La Chine, les USA, la Russie, l'Inde investissent dans ce domaine qu'ils utilisent comme un instrument de 'soft power' pour se projeter dans le monde. Un comité consultatif de haut niveau devra formuler son avis au conseil de l'ESA l'an prochain, en vue du Space Summit de novembre 2023 en Allemagne, quand les ministres décideront si l'Europe continue de s'investir dans ce domaine."

 

L'ancien pilote de chasse, qui a participé à un vol-taxi Soyouz vers la Station spatiale internationale (ISS) en 2002 puis fut le premier commandant de bord, non-américain et non-russe, de l'ISS (octobre-novembre 2009), souligne l'évolution du monde des vols habités.

"Par le passé, quand on volait en navette avec les Russes, on était vraiment en partenariat. On avait accès aux documents, aux modules. Maintenant, quand on vole avec (la firme privée américaine) SpaceX, nos astronautes doivent être escortés jusqu'à la salle, même jusqu'aux toilettes. Nous n'avons que le minimum d'information possible, en tant qu'invités, pour pouvoir voler en sécurité."

"C'est leur modèle commercial, ils n'ont aucun intérêt à partager leurs connaissances, alors que dans le cadre de la NASA ou avec les Russes, c'était une coopération: on voulait partager les connaissances pour aller plus loin. Devons-nous continuer à être des visiteurs invités, en payant notre billet d'entrée ? Le futur de la Station spatiale internationale sera privé. Veut-on une certaine autonomie, et ainsi proposer une réciprocité en termes d'invitations ? C'est un enjeu géopolitique et surtout économique, si l'on veut que l'Europe et nos industriels jouent un rôle là-dedans."

À la veille de l'annonce de la sélection, le secrétaire d'État à la Politique scientifique Thomas Dermine, qui représente la Belgique à la ministérielle de l'ESA, nourrissait un solide espoir que le pays décroche un troisième astronaute, après Frank De Winne et Dirk Frimout. "Comptez sur moi pour revenir à Bruxelles avec un astronaute belge", a-t-il tweeté après plusieurs rencontres informelles.

Sur la même thématique : archive du JT du 21/06/2019

Les 10 ans du retour de Frank De Winne de l espace

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