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Ahmadreza Djalali détenu depuis 7 ans en Iran : "Il faut trouver une solution pour le libérer !"

Iran : Ahmadreza Djalali détenu depuis 7 ans en Iran (D. Fontaine - LP 26/04/23)

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Par Daniel Fontaine

"Il est en prison depuis sept années et souffre beaucoup. Il faut trouver une solution pour libérer Ahmadreza." Vida Mehrannia est l’épouse de l’universitaire iranien Ahmadreza Djalali. Ce professeur invité à la VUB, l’université libre flamande de Bruxelles, a la double nationalité iranienne et suédoise. Selon Amnesty International, il est retenu par le régime iranien comme monnaie d’échange, exactement comme le Belge Olivier Vandecasteele.

Ce 26 avril, cela fait 7 ans qu’il a été arrêté, alors qu’il était en visite dans son pays d’origine. "Il a perdu beaucoup de poids, témoigne son épouse. Il a besoin de soins médicaux auxquels il n’a pas accès. Sa longue détention provoque aussi des troubles mentaux. Il a été maintenu pendant plus d’un an dans une cellule d’isolement. Il a fait trois mois de grève de la faim. Il souffre énormément."

Accusé d’espionnage

La justice iranienne a accusé l’universitaire d’être un espion du Mossad israélien, et l’a condamné à mort en 2017. Mais il a obtenu la nationalité suédoise durant sa détention. C’est en Suède qu’il vivait avant son arrestation, et c’est là que vivent toujours sa femme et ses deux enfants.

"Vous ne pouvez pas imaginer ce que cela signifie, rester en cellule durant sept ans, sans voir votre famille, confie Vida Mehrannia. Je n’ai plus eu de contact direct avec lui durant toutes ces années. Durant deux ans et demi, il n’a pas eu de contact avec l’extérieur. Il y a un mois, il a pu appeler sa famille en Iran, mais il ne peut pas nous appeler à l’étranger."

Torture psychologique

Les médias iraniens ont à plusieurs reprises annoncé l’exécution d’Ahmadreza Djalali comme imminente, une forme de torture psychologique pour lui et sa famille : "Nous sommes passés par des cauchemars traumatisants. L’année passée, ils l’ont placé à l’isolement pour l’exécuter. C’était un grand traumatisme pour moi, mes enfants et ma famille. Vous ne pouvez pas imaginer ce que nous traversons, mais nous n’avons pas le choix que de continuer, parce qu’il est toujours en vie. Nous ne pouvons pas le laisser tomber. "

La situation est particulièrement difficile à vivre pour leurs deux enfants, une fille qui a aujourd’hui 20 ans, et un garçon de 11 ans. "Mon fils était au jardin d’enfants quand son papa a été arrêté. Il est aujourd’hui presque un adolescent. Chaque jour, il me demande si son père va revenir, et je ne peux pas lui répondre. C’est très douloureux, parce qu’il voit ses amis jouer avec leur papa. Lui, son père est en prison. C’est aussi une injustice pour eux : personne ne peut remplacer leur père."

Otage

"Le régime iranien utilise ses propres citoyens comme otages, s’insurge Vida Mehrannia. Il est complètement innocent. Ils n’ont pas de preuves contre lui. Il a été condamné au terme d’un procès expéditif à la peine de mort. Depuis, plus rien ne se passe. J’ai rencontré de nombreux responsables en Europe pour demander qu’ils interviennent. Je n’ai pas d’autre solution qu’une intervention étrangère pour obtenir sa libération."

Vida Mehrannia est en Belgique pour marquer le septième anniversaire de la détention de son mari et sensibiliser les responsables politiques belges et européens. "La Suède soutient Ahmadreza, mais j’ai surtout de l’aide ici en Belgique, de la part du gouvernement, de parlementaires et d’organisations. À l’occasion de ce septième anniversaire, j’espère renforcer ce soutien", dit-elle. La VUB a également beaucoup milité pour sa libération.

130.000 signatures en Belgique

Les Belges se sont mobilisés ces derniers mois pour la libération d’Olivier Vandecasteele, mais aussi pour celle du Pr Djalali : une pétition d’Amnesty international a été signée par 130.000 Belges. "Tout ce soutien me donne la force de poursuivre mon action pour Ahmadreza", sourit son épouse. "Mais parfois, je perds espoir. Il y a des hauts et des bas. J’espère que les politiciens peuvent m’aider moi et ma famille pour la libération de mon mari."

Comment obtenir cette libération ? Selon Amnesty International, les autorités iraniennes retiennent Ahmadreza Djalali comme otage, tout comme Olivier Vandecasteele. Téhéran chercherait à procéder à l’échange avec un détenu iranien en Suède. Hamid Noury est un ancien responsable pénitentiaire iranien, condamné en Suède à la perpétuité pour des crimes commis en Iran. Téhéran dément officiellement cette possibilité d’échange.

Une piste "Vandecasteele"?

Mais aucune négociation ne serait en cours d’après son épouse. "Je ne suis pas au courant, mais je suis ici pour trouver une solution pour sa libération", dit-elle. "Je ne sais pas quelle est la meilleure manière de procéder. Je ne fais pas de politique, c’est leur compétence. Ils ont les moyens de changer la situation et obtenir sa libération."

La Belgique a signé avec l’Iran un traité pour le transfèrement de prisonniers, qui devrait permettre la libération d’Olivier Vandecasteele. Ce texte ne peut pas servir dans le cas d’Ahmadreza Djalali : son seul lien avec la Belgique est son contrat avec la VUB. Mais la Suède, dont il est citoyen, pourrait s’inspirer de l’accord belgo-iranien.

Un nouveau soutien interne

Ces derniers mois, une pression interne émerge également en Iran même. "Tout le monde connaît Ahmadreza en Iran, assure son épouse. Ils ont diffusé une vidéo de lui tournée en prison, une vidéo d’aveux forcés. Ils enregistrent régulièrement ce type de confession de détenus en prison."

Avec le mouvement de contestation du régime qui se poursuit depuis des mois, une sympathie pour son cas s’exprime de plus en plus ouvertement. "Beaucoup de gens en Iran sont convaincus de son innocence. Ils ont commencé à réagir et à manifester leur solidarité. Aujourd’hui, nous recevons plus de soutien interne à l’Iran", assure l’épouse du détenu.

Ce nouveau soutien venu d’Iran est un autre motif d’espoir pour Vida Mehrannia, même si elle sait qu’il en faudra sans doute plus pour faire revenir son mari à la maison.

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