Le 14 février, sur Radio Téhéran, l’ayatollah Khomeini proclame une fatwa, réclamant l’exécution de l’auteur, le livre étant considéré comme blasphématoire envers l’Islam. De plus, regardé comme ayant perdu la foi en sa religion, Rushdie est aussi condamné pour apostasie ! Le Guide de la révolution iranienne proclame qu’il est dès lors de la responsabilité de tout musulman à travers le monde, d’exécuter Rushdie et ses éditeurs, avec, à la clé, une récompense sonnante et trébuchante !
Les suites sont ahurissantes ! Des manifestants tués, des attentats contre des librairies, la tentative d’assassinat du traducteur italien des Versets, Ettore Capriolo et de leur éditeur norvégien, William Nygaard, l’assassinat du traducteur japonais, Hitoshi Igarashi… À Bruxelles, en 1989, le Grand Imam et le directeur de la bibliothèque du Centre islamique de Bruxelles sont assassinés. Abdullah al-Ahdal et Salem Bahri avaient dénoncé la fatwa… En 1993, en Turquie, la présence du traducteur turc de Rushdie dans un hôtel, Aziz Nesin, est l’un des éléments déclencheurs de l’incendie bouté au bâtiment par des islamistes radicaux, 37 victimes, Nesin échappant aux flammes ! Même Cat Stevens, devenu Yussuf Islam, marquera son accord avec la fatwa, sans pour autant appeler à la mort de Rushdie…
À la suite des problèmes posés par Les Versets sataniques, Rushdie adoptera le pseudonyme de Joseph Anton, qu’il abandonnera en 1998, tandis que, pendant une bonne dizaine d’années, il vivra sous protection des autorités britanniques, changeant 56 fois de domicile durant les cinq premiers mois de sa clandestinité.