"Aimer", le dernier album de Serge Lama : "J’arrête d’une manière sereine"

L’enfance a été le terreau des textes de Serge Lama, qui vivait alors une relation compliquée avec sa mère. Le père de Serge Lama, Georges Chauvier, était chanteur d’opérette à Bordeaux, mais elle n’a eu de cesse que son mari arrête cette carrière. Une blessure fondatrice qui a sans doute mené Serge Lama à devenir le chanteur qu’il est devenu.

"J’avais une dizaine d’années quand c’est arrivé, et c’est vraiment une chose qui m’a marqué au fer rouge et qui se retrouve dans beaucoup de chansons du début de ma carrière, et même par la suite un peu" se souvient-il.

Même de façon romancée, Serge Lama aura beaucoup écrit sur sa vie. On retrouve dans son répertoire de nombreux thèmes biographiques : son service militaire dans L’Algérie, l’adolescence dans À quinze ans, ou encore sa fiancée Liliane, qui perdra la vie dans un accident de la route en 1965. Elle est en filigrane dans plusieurs chansons comme D’aventure en aventure, Claudia et Toute blanche.

Liliane a été le premier grand amour de Serge Lama. Elle était la pianiste de Barbara au cabaret parisien l’Écluse, là où Serge Lama a fait ses débuts. Cet amour fauché en plein vol a donné à Serge Lama une rage de vivre qui l’a en partie mené vers le succès.

Ce qui l’a mené sur la scène de l’Olympia, c’est la conjugaison de cette rage, cette force de vie, et cette volonté de venger son père qui n’a pas pu faire carrière.

"C’est un ensemble de couleurs clair-obscur qui m’ont amené vers le bleu, vers le rouge, vers la joie. J’ai beaucoup lutté, j’ai beaucoup souffert, j’ai beaucoup aimé. J’ai été seul toute ma vie parce que […] j’ai fondamentalement une nature de solitaire. Un rire peut cacher des larmes, et je suis au fond très seul."

Serge Lama est sans doute l’un des derniers écrivains de la chanson. Il fait partie de la trempe des Aznavour, Béart et Brassens. C’est d’ailleurs cette génération-là qui a donné envie à Serge Lama de monter sur scène et d’écrire.

L'écriture sera l'affaire de sa vie, même au-delà de la chanson. "J’écris tous les jours un poème d’amour qui est dédié à mon épouse. Je suis obligé de trouver un angle tous les jours, ça fait des années que ça dure", confie-t-il.

Pour y arriver, il nous explique sa discipline : "je suis un spontané, et ensuite je travaille. C’est-à-dire que je ne me juge pas, je ne me censure pas : j’écris, j’écris, j’écris, j’écris… et ensuite je trie, et ensuite je travaille phrase par phrase. Tant qu’une phrase ne me satisfait pas, je bosse encore."

Ses musiques ont souvent été très enjouées, et parfois elles ont créé un malentendu. Parce qu’il est foncièrement plutôt un tragique, son répertoire est plutôt noir.

Pour autant, son métier l’a rendu heureux et lui a permis de braver toutes les tempêtes : "il m’a sauvé. Il m’a sauvé de tout. Sans mon métier je ne me sortais pas de mon accident. C’est lui qui m’a relevé, quand j’avais tendance à baisser les bras, c’est lui qui venait me chercher."