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Bruxelles

Alain Maron (Ecolo) sur la friche Josaphat : "Je pense que le projet risque de se tuer de lui-même"

L'invité: Alain MARON, Ministre de la transition climatique et de l'environnement

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Alors que le salon Batibouw ouvre ses portes ce 14 mars pour une édition placée sous le signe des alternatives pour la consommation énergétique, le ministre bruxellois de l’Environnement Alain Maron (Ecolo) revient sur Rénolution, la stratégie d’accélération de la rénovation énergétique du bâti dans la capitale. L’occasion de faire le point sur les primes existantes et l’évolution de ce système.

D’après l’élu Ecolo, invité de Matin Première, "un tiers des maisons n’ont pas de toit isolé", pourtant la première étape d’isolation. Pour pallier ce déséquilibre, des primes de rénovation existent. Dans ce cas précis, "si vous êtes dans les tranches de revenus les plus faibles, le soutien de la prime pourra aller jusqu’à 50%. En plus de cela, vous avez accès, si vos revenus ne sont pas suffisants, à des taux réduits via le prêt ECORENO du Fonds du Logement", détaille le ministre.

Qu’en est-il pour la classe moyenne ? "20-30% de la toiture, parfois 40% suivant les revenus et les types de travaux. Les 50%, ce n’est pas que pour les plus précaires. Ce sont des personnes qui ont des revenus inférieurs. Au niveau des prêts, nous travaillons aussi dans le cadre de la stratégie Rénolution qui est une stratégie de long terme, avec les institutions bancaires et avec le monde bancaire privé qui accorde lui aussi évidemment des prêts pour rénover pour celles et ceux qui ont la base de départ et ont la possibilité d’accéder aux prêts par les banques", assure Alain Maron.

Et concernant les chaudières au gaz ? Elles sont toujours acceptées et peuvent encore être installées. Seulement, les primes ne sont focalisées que sur les pompes à chaleur ou les pompes à chaleur hybrides (des systèmes qui mélangent l’alimentation au gaz avec une pompe à chaleur). Ces pompes à chaleur fonctionnent à l’électricité. Et la tendance voudrait qu’elles soient donc alimentées par des panneaux photovoltaïques pour lesquelles il n’existe pas de prime.

"Il y a un système de soutien aux panneaux photovoltaïques, via les certificats verts. Donc il y a un retour sur investissement garanti en sept ans. Le système est quand même extrêmement rentable. C’est aussi pour ça que beaucoup d’entreprises proposent d’installer des panneaux 'gratuitement' sur votre toit. Vous faites l’économie d’énergie et l’entreprise en question touche les certificats verts", relève Alain Maron.

Et si le budget des primes a doublé en cinq ans lors de cette législature, "c’est parce que c’est la direction dans laquelle il faut aller. Et on encourage aussi les gens à d’abord isoler leur toit, leur façade, leurs châssis", pointe le ministre bruxellois.

Toujours est-il qu’il n’est pas toujours aisé de savoir où s’adresser et où poser ses questions en cas de rénovation pour l’obtention d’une prime. Alors qu’en Flandre, des guichets uniques existent depuis des années, "c’est le cas à Bruxelles aussi", assure le ministre chargé de l’Energie.

Et de poursuivre : "Parce que le système Rénolution a fait un grand guichet unique via internet mais aussi via le système de Homegrade, l’organisme régional d’accompagnement. Puis on décentralise via le réseau Habitat. Mais il y a une porte d’entrée unique, une centralisation administrative très importante qui est en cours depuis l’année passée et qui va perdurer".

La friche Josaphat, lieu de verdure et de tensions

Un autre dossier qui agite le Gouvernement bruxellois n’est autre que la fameuse friche Josaphat, ce terrain vague devenu un terrain avec une haute valeur biologique ajoutée à Schaerbeek. Un espace convoité par la construction d’un vaste projet immobilier, qui cristallise les tensions politiques.

Pour cause, aucun accord n’a encore été trouvé au sein de la majorité. Pour Alain Maron, il importe avant tout de préserver la nature en ville. "C’est une question qui est cruciale et qui est maintenant poussée par l’Europe, qui dit 0 artificialisation nette d’ici 2030 pour préserver les espaces verts, y compris dans les villes. Avec les canicules, les chaleurs extrêmes, les pluies torrentielles, etc., qui vont se multiplier, les villes doivent s’adapter", développe-t-il.

Pour cela, des zones tampons, de fraîcheur sont nécessaires pour absorber notamment les eaux de pluie. "La question se pose de quand on sacrifie un espace naturel pour faire du logement ? Et jusqu’où ?

Je pense que le projet risque de se tuer de lui-même.

C’est donc à une "guérilla juridique", pour reprendre les termes du ministre, qu’il va falloir s’attendre. "Puisque ce sont des conseils d’administration d’organismes publics et parapublics en dehors du gouvernement qui ont décidé d’attribuer un marché. […] Je pense que le projet risque de se tuer de lui-même."

"Ce que nous avons déposé sur la table, ce sont des lignes directrices plus claires pour éviter ce type de psychodrames dans les équilibres […] pour construire du logement là où c’est nécessaire, opportun et utile, y compris surtout du logement accessible, mais aussi pour préserver l’espace naturel", conclut Alain Maron.

Il faut croire que le gouvernement bruxellois a tendance à oublier les quelque 41.000 ménages toujours en attente d’un logement social, et ce depuis de nombreuses années.

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