Première journée du procès en appel d’Alain Mathot dans l’affaire de l’incinérateur Intradel ce lundi à Liège. L’ex-bourgmestre socialiste de Seraing avait été acquitté lors d’un premier procès il y a un an. Le ministère public avait immédiatement fait appel. Alain Mathot doit répondre de faux, de corruption passive et de blanchiment. Il est accusé d’avoir indûment touché 700.000 euros, ce qu’il conteste.
Voilà 15 ans qu’on me persécute
"Je suis innocent et voilà quinze ans qu’on me persécute", voilà ce qu’Alain Mathot est venu dire à l’ouverture de son procès en appel. L’audience se tient dans la salle de la cour d’assises. Pas question pour l’ex-bourgmestre de Seraing de s’asseoir dans le box des accusés. Et pas question non plus de le photographier.
"Monsieur Mathot" lui demande la présidente, "avez-vous quelque chose de neuf à nous dire ?"
Alain Mathot prend la parole et il la garde presque une heure. Il n’a rien à se reprocher, jure-t-il, dans cette affaire de l’incinérateur d’Intradel. Celui qui assure l’avoir corrompu ment. Il a juste gardé l’argent pour lui. Lui, Alain Mathot, n’a rien reçu pour influencer le marché. Il n’a jamais dépensé 225.000 euros en cash. Seulement 118.000. On lui a demandé des preuves et les enquêteurs n’en tenaient pas compte. Il a dû justifier toutes ses dépenses, se plaint-il, même ses slips. S’appeler Mathot n’a jamais été facile, même, se rappelle-t-il, du temps de son père.
Alain Mathot doit répondre de faux, de corruption passive et de blanchiment. Aux questions des journalistes, à la sortie de l’audience, il n’a pas répondu un seul mot.
Un dossier examiné pour la quatrième fois par la justice liégeoise
L’affaire Intradel Uvelia revient donc à la une de l’actualité : pour la quatrième fois, la justice liégeoise examine le dossier, en cour d’appel à partir de ce lundi. Un seul prévenu : Alain Mathot, accusé de corruption. Il est soupçonné d’avoir empoché trois quarts de million de la part de la société française qui a construit l’usine de traitement des déchets de l’agglomération liégeoise.
Mais ce procès a un côté bancal, à cause des décisions contradictoires qui ont été rendues, par de nombreux magistrats. Dans un premier temps, l’ex-député bourgmestre sérésien, protégé par son immunité parlementaire, n’a pas comparu lorsque le tribunal correctionnel a jugé ses coïnculpés. Les faits qui le concernent ont pourtant été déclarés établis, et confirmés malgré des recours de divers protagonistes. Mais, coup de théâtre lorsqu’Alain Mathot, qui a quitté la chambre des représentants, a pu être valablement sommé de s’expliquer, et cette fois en l’absence de son supposé corrupteur : en février dernier, il a été acquitté.
Il faut dire que l’instruction présente d’énormes lacunes. Certes, la multinationale française qui a construit l’incinérateur à ordures a dépensé de fortes sommes en commissions occultes. Mais où est allé cet argent ? Dans les poches de Mathot, selon un ancien directeur de la firme, qui a décrit comment il lui a remis des enveloppes bourrées de billets dans des hôtels parisiens. Mais les avocats de la défense, à l’aide de minutieuses analyses de téléphonie et de billets de train, ont démontré de multiples incohérences de dates et de lieux dans ces prétendus rendez-vous. Et ils ont détricoté les thèses de l’accusation.
Depuis lors, le procureur général a-t-il réétudié son dossier et précisé ses griefs ? Faute de quoi le verdict risque de ne pas changer.