Alertes de crues avant les inondations exceptionnelles en Belgique : qui savait quoi et quand ?

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Par Am.C.

Les inondations qui ont frappé la Belgique auraient-elles pu être mieux gérées en amont, dans les jours qui ont précédé la catastrophe ? La question se pose une semaine après les faits.

La Belgique fait en effet partie du European Flood Awareness System (EFAS), une structure européenne qui informe un pays quand un risque de crue se profile.

Une capture d'écran d'une prévision d'inondations émise par l'EFAS flood forecast system le 12 juillet.

Les premières alertes d’inondations ont été envoyées aux pays concernés le 10 juillet. C’est ce que rapportait le "Copernicus Emergency Management Service" sur son site internet le 16 juillet dernier. Dans les jours qui suivent, la situation se précise comme on le voit sur cette capture d'écran des prévisions datée du 12 juillet.

Au total, 25 avertissements seront émis jusqu'au 14 juillet "pour des régions du bassin du Rhin et de la Meuse"… En Wallonie, certains se préparent. Le 14 juillet en milieu de journée, la commune de Limbourg (province de Liège) demande dans un post Facebook aux habitants de certaines rues d'évacuer. Chaudfontaine fait de même. A d'autres endroits, ces ordres de quitter les lieux se feront bien plus tard... voire pas du tout.

"Verviers ne devrait pas être impactée de manière significative [par le délestage du barrage d'Eupen]. Nous suivons l’évolution de la situation et nos différents services y restent attentifs", écrivait ainsi la commune sur son site internet (le texte est encore en ligne ce jeudi 22 juillet). "Nous espérons qu'au fur et à mesure de sa course l'eau va diminuer et arriver de manière très réduite à Verviers pendant un temps très limité", déclarait par ailleurs l'échevine Sophie Lambert à nos confrères de Vedia le 14 juillet au soir.


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Les inondations qui se sont produites correspondent de très près à l'ampleur et à la répartition de celles qui avaient été prévues

"Les prévisions des 9 et 10 juillet pour le bassin du Rhin, qui couvre l'Allemagne et la Suisse, faisaient état d'une forte probabilité d'inondations, dont le début était prévu pour le mardi 13 juillet. Les prévisions suivantes ont ensuite montré que la Meuse, en Belgique, serait également touchée. Les prévisions des jours suivants ont montré que le signal était fort, ce qui signifie qu'il y avait une forte probabilité d'inondation sur le Rhin, et que les inondations allaient être graves", déclarait le 20 juillet dernier Hannah Cloke, cofondatrice de l'EFAS, sur le site de la University of Reading où elle enseigne.

Elle précise que des alertes d'inondations ont encore été envoyées aux autorités belges, néerlandaises, suisses et luxembourgeoises les lundi 11 et mardi 12 juillet.

Et d'ajouter : "Les inondations qui se sont produites correspondent de très près à l'ampleur et à la répartition de celles qui avaient été prévues, plusieurs jours à l'avance. Je suis donc très surprise qu'autant de personnes soient mortes, étant donné que les autorités étaient au courant de l'événement et avaient reçu suffisamment d'avertissements pour mettre les gens en sécurité avant le début des inondations."

Ces informations européennes ont-elles bien été prises en compte à temps par les autorités fédérales et fédérées concernées et mises en parallèle des prévisions météo fournies par l’Institut Royal météorologique (IRM) en Belgique ?

Les bonnes décisions ont-elles été prises ?

"Depuis une semaine, je me rends sur place et entends les interpellations. La question peut être posée : les bonnes décisions ont-elles été prises et avions-nous toutes les informations nécessaires pour les prendre ?", interroge ce jeudi Philippe Henry, ministre du Climat, de l’Energie et de la Mobilité en Wallonie.

Il ajoute dans un communiqué publié ce vendredi : "Les sinistrés, les familles des victimes, et les autorités locales ont le droit d’obtenir des réponses à ces questions légitimes."

Philippe Henry demande donc au Service Public de Wallonie, qui a en principe reçu les alertes EFAS, de publier dans les 24 heures les données reçues. Plus rapide donc que le délai de 30 jours imposé par Copernicus "pour respecter le mandat national pour les alertes", peut-on lire sur le compte Twitter de ce programme de l'Union européenne.

Copernicus qui explique que ces alertes ne sont pas destinées directement à alerter le grand public vu "qu'elles contiennent des informations pour les experts qui devraient être combinées avec les données nationales et locales en vue de fournir la meilleure base pour prendre des décisions".

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Le ministre ajoute qu’il compte "commander, à très brève échéance, une analyse indépendante sur la gestion des voies hydrauliques".

Objectif : fournir d’ici la fin de l’été un rapport pour déterminer notamment "de quelle(s) information(s) disposait-on et de quelles informations les autorités à tous les niveaux auraient dû disposer ? Ces informations ont-elles circulé suffisamment vite et vers les bonnes personnes ? Sur cette base, comment les décisions ont-elles été prises ?"

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