Le Premier ministre belge Alexander De Croo et la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib se sont rendus dimanche, au second jour de leur visite surprise en Ukraine, à Borodianka et Boutcha, deux villes proches de Kiev qui ont été durement touchées par les bombardements depuis l’invasion russe en février.
"La brutalité de cette guerre russe semble totalement irréelle", a commenté M. De Croo, face au champ de bataille abandonné par les Russes.
À Borodianka, le Premier ministre et sa délégation ont notamment constaté les dégâts causés par les tirs de roquettes et les frappes aériennes de Moscou, avant de marquer une pause devant l’œuvre d’art de l’artiste britannique Banksy peinte sur le mur d’un bâtiment mutilé et représentant une gymnaste en équilibre sur les gravats.
Ils ont été guidés par le maire de Borodianka, Heorhii Yerko, et par le gouverneur militaire de la région de Kiev, Oleksi Koeleba, qui ont qualifié la ville de "scène de crime majeure".
"Comme c’est poignant de voir ce spectacle. Des centaines de personnes vivaient ici et des dizaines d’entre elles sont mortes", a déclaré M. De Croo. "Il n’y a aucune installation militaire autour de nous. La force aérienne russe a pilonné des quartiers résidentiels", a ajouté le chef du gouvernement fédéral.
Borodianka, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Kiev, est devenue l’une des villes symboles de la résistance ukrainienne face à l’invasion russe, lancée le 24 février. La ville a été occupée pendant des semaines jusqu’à sa libération à la fin mars. Au total, 1011 bâtiments ont été détruits ou endommagés, dont 522 maisons privées et 24 immeubles d’habitation, deux écoles et tous les bâtiments administratifs. Avant la guerre, Borodjanka comptait 13.000 habitants.
Des équipes médico-légales de différents pays, dont la Belgique, sont arrivées sur les lieux pour déterminer ce qui s’est passé. "Nous avons l’expertise dans notre pays pour faire ce genre de documentation. Ce n’est que le début, la justice doit suivre", a expliqué M. De Croo.
La délégation belge a ensuite pris la route vers Boutcha où des cadavres de civils froidement abattus avaient été découverts après le retrait des forces russes de la zone, fin mars également. 458 corps ont été retrouvés, dont 73 corps dans une fosse commune située à côté d’une église de Boutcha, une ville devenue un symbole des crimes de guerre commis en Ukraine.
"Des enfants et des civils ont été exécutés sans raison", a déploré la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib. "On ne peut que dénoncer ces exactions… Après cela il faudra penser à la reconstruction et rétablir la paix", a-t-elle affirmé.
La lutte contre la propagande est aussi importante aux yeux de la ministre. "Les Russes prétendent – malgré les photos qui circulent- qu’il s’agit d’une mise en scène. Nous devons, à présent, nous assurer que la justice fera son travail correctement", a-t-elle ponctué.
La ministre a rappelé que la Belgique était impliquée dans la collecte des preuves et les procédures judiciaires, y compris au niveau de la Cour pénale internationale (CPI). "L’année prochaine, deux experts (belges) arriveront pour rassembler tous les éléments et s’assurer que justice soit rendue", a-t-elle dit.
La délégation belge s’est ensuite rendue auprès du centre SPILNO, géré par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), qui apporte aux enfants victimes de la guerre un soutien psychosocial et de santé mentale, avec l’aide d’un financement belge.
Elle a ensuite repris le train vers la Pologne, clôturant une visite au cours de laquelle M. De Croo a annoncé une aide supplémentaire de quelque 37,4 millions d’euros à l’Ukraine, dont dix pour le transport de céréales depuis les ports ukrainiens vers la Somalie et le Soudan dans le cadre du programme "Grain from Ukraine" initié par le président Volodymyr Zelensky.
