Sous couverture

Aliénor Debrocq explore l'intime de deux femmes que tout oppose dans "Maison Miroir" (Ed. Rouergue)

La romancière, Aliénor Debrocq en compagnie de Thierry Bellefroid dans Sous Couverture

© Sous Couverture

Trois livres, pas moins ! C'est de cette actualité riche qu'Aliénor Debrocq est venue parler à Thierry Bellefroid ce dimanche 29 mai dans Sous Couverture. Un dernier roman, Maison Miroir (Ed. du Rouergue), un livre jeunesse illustré par Evelyne Mary, Bulldozer (Cotcotcot éditions) et la réédition corrigée en poche de son premier roman Le Tiers sauvage chez Onlit.

"Maison miroir" d'Aliénor Debrocq (Ed. Rouergue)

Deux maisons jumelles séparées par une simple cloison. D'un côté, Rose vit avec son mari et sa petite fille. Elle se remet difficilement d'une fausse couche et flirte avec la dépression. De l'autre, Nour, une jeune femme marocaine vit au sein d'une famille où se côtoient plusieurs générations.  Elle a des difficultés à trouver sa place et n'accepte pas le modèle que sa famille lui propose.

La paroi entre ces deux maisons est tellement mince que personne ne peut ignorer l'autre et ils en viennent à se détester. A tel point que Rose et son mari envisagent de racheter la maison mitoyenne.  Un jour, Rose tombe par hasard sur Nour en allant chez Ikéa.

Obligées de se parler, elles vont pouvoir échanger autour des questions qui les taraudent autour de leur féminité, de la virginité, de leurs pulsions et leur identité dans un monde façonné par et pour les hommes.

Je voulais vraiment voir comment je pouvais raconter l'intériorité de deux femmes très différentes, me mettre "à la place de".

Un livre, c'est un point de vue.

Aliénor Debrocq a rédigé les premières notes pour ce livre il y a cinq ans. Pour incarner au mieux Nour et sa famille, elle a beaucoup cherché, rencontré, parlé, lu, tout en gardant en tête la question de Mikhaïl Bakhtine qu'elle avait découverte peu de temps avant : d'où écrire ?

Un livre, une fiction, c'est toujours un point de vue. Ce n'est jamais que raconter un ou plusieurs points de vue. Je n'ai pas la prétention d'en faire une vérité universelle. Après, j'espère qu'on y retrouve là, en tant que lecteur lectrice, quelque chose de l'ordre d'une commune humanité et que c'est ce lien là qui m'intéresse.

Cinq ans, c'est long, assez en tous cas pour voir émerger avec le mouvement #MeToo, de nouvelles interrogations, de donner naissance à un deuxième enfant et de publier deux romans. Ce troisième roman a donc nécessité une longue maturation contrairement à ses deux premiers romans publiés entretemps.

Avec son prénom qui sent bon le Moyen-Age et sa chevelure fauve, on ne peut que remarquer Aliénor Debrocq, cette femme originaire de Mons de 38 ans.

Ma mère était fervente médiéviste et elle était assez enthousiasmée par la figure d'Aliénor d'Aquitaine, qui était une des premières femmes mécènes en poésie courtoise. Donc voilà, le prénom est déjà toute destiné à écrire.

Une rédaction en fin de primaire, des parents qui lui ramènent sans cesse des romans jeunesse de la bibliothèque, il n'en fallait pas plus à la jeune Aliénor pour sentir germer en elle l'envie de raconter ses propres histoires. Elle prend vite conscience que l'écriture lui permet de décanter la réalité et de lui donner du sens. Arrivée à l'université, elle se dirige cependant vers l'Histoire de l'art au lieu d'étudier la littérature craignant que sa dynamique d'écriture soit paralysée par trop de règles ou de structures. Et puis, l'art est pour elle une autre façon de regarder le monde.

 

Affiche de l'exposition sur les logogrammes de Christian Dotremont au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles

Elle couronne ses études d'histoire de l'art par un doctorat et une thèse sur le mouvement Cobra avec un coup de projecteur plus spécifique sur Christian Dotremont à qui les Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles consacrent actuellement une rétrospective jusqu'au 8 août prochain.

Rassurez vous, Aliénor Debrocq a conservé intact son amour de l'écriture. Elle ne cesse d'ailleurs d'écrire. Des nouvelles couronnées de nombreux prix et des romans où elle aime aborder la question du statut des femmes dans la société ou celle de l'écologie. Maison, Miroir est son quatrième roman.

Envie d'en savoir plus ? Rendez-vous ce dimanche 29 mai à 23h05 sur La Trois dans Sous Couverture en compagnie de Thierry Bellefroid et Aliénor Debrocq

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