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Allergies : "Elles sont peut-être le prix à payer pour le bien-être social et sanitaire d’une population"

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Par RTBF La Première via

Les allergies saisonnières, qui viennent de commencer, concernent 30 à 40% des Belges, mais de nouvelles études montrent que les pays du nord-ouest de l’Europe, dont la Belgique, seront de plus en plus allergiques. Pourquoi sommes-nous touchés plus particulièrement par les allergies ? Les formes graves sont-elles aussi en augmentation ? La recherche fait-elle des progrès pour les soigner ?

Explications avec le Professeur Olivier Michel, chef du service Allergologie au CHU Brugman et professeur à l’ULB.

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L’allergie, une maladie de pays riches

La saison des allergies aux pollens a débuté fin janvier et bat son plein depuis quelques semaines avec les bouleaux.

L’allergie serait une maladie de pays riches. Les allergies sont en effet clairement en expansion dans notre pays et de manière générale, dans les pays occidentaux. On appelle cette augmentation rapide une épidémie.

"On pense que cette augmentation rapide est liée au mode de vie occidental : aux conditions alimentaires, aux conditions d’hygiène parfois extrêmes. Trop d’hygiène favorise finalement l’émergence d’allergies, pour une raison qu’on peut expliquer assez simplement : le système immunitaire prend une direction particulière en l’absence de stimulations infectieuses ou microbiennes. Et cette direction est celle de l’allergie."

Le système immunitaire a besoin d’être stimulé, de construire une réponse. Cette réponse existe depuis des millénaires et est liée à l’exposition à des infections, à des microbes mais aussi à des parasites.

Dans tous les pays en développement, il y a beaucoup moins d’allergies. Et on constate que la croissance économique rapide dans ces pays est alors associée à l’explosion de maladies allergiques.
 

Alors serons-nous tous allergiques un jour ?

L’épidémie, cette augmentation rapide que l’on observe ces dernières années est due à des facteurs de pollution, à des facteurs alimentaires dont l’importante diversification, mais également au contrôle extrême des maladies infectieuses.

"Ce qui est très bien, car cela nous permet de ne plus avoir - sauf la pandémie actuelle - d’épidémie de choléra, de dysenterie ou de tuberculose. On dit que finalement, les maladies allergiques sont peut-être le prix à payer pour le bien-être social et sanitaire d’une population. Mais ce prix devient de plus en plus lourd, vu son extension dans la population", souligne le Professeur Olivier Michel.

Il y a des formes graves d’allergie, avec des décès chaque année. Les formes graves augmentent parallèlement à l’augmentation du nombre de malades allergiques. Elles concerneraient plutôt les personnes socio-économiquement défavorisées.

Autant les maladies allergiques concernent les pays riches, autant leurs formes graves concernent plutôt les personnes défavorisées au sein des pays riches.
 

Comment avance la recherche ?

Depuis 4-5 ans, les outils diagnostiques sont devenus extrêmement performants. C’est l’approche moléculaire de l’allergologie, qui consiste à faire des prises de sang et à détecter ainsi certains facteurs pronostiques, qui informent du traitement le plus adéquat pour le patient.

L’autre versant, ce sont les traitements : les biothérapies, basées sur la biologie moléculaire. Elles sont en pleine explosion aujourd’hui. Il s’agit de 4 ou 5 molécules, des anticorps monoclonaux, qui permettent de traiter des patients allergiques très sévères, en bloquant la réaction inflammatoire.

Le coût à payer est malheureusement énorme pour la société, car les traitements peuvent atteindre 15 à 20 000 € par an et par patient. Ils sont donc réservés aux patients les plus sévères, les critères de remboursement sont extrêmement stricts.

Mais le professeur est optimiste : "Les biothérapies vont nous apporter dans l’avenir des outils thérapeutiques fantastiques qui permettront de traiter tous les patients."
 

Pour agir à la source, le 3e versant : la désensibilisation

Lorsque les traitements classiques médicamenteux ne permettent plus de contrôler la maladie, ou lorsque leurs effets secondaires sont intolérables, on va alors avoir recours à la désensibilisation, quel que soit l’âge. On peut commencer au-delà de 6 ans chez les enfants et il n’y a pas de limite pour la personne âgée.

La désensibilisation permet d’avoir un espoir de guérison du patient. La guérison signifie que lorsqu’on arrête le traitement, le patient reste en rémission.

Elle fait des progrès petit à petit et permet d’obtenir des bons résultats, en particulier dans les allergies aux pollens, les pollinoses, avec des réponses significatives quasiment à 90%.

 

Que penser des anti-histaminiques ?

Il n’y a plus réellement de progrès majeurs dans ce domaine, les progrès datent des années 80 et 90, explique le Professeur Olivier Michel.

On dispose aujourd’hui d’anti-histaminiques avec très peu d’effets secondaires. Cela permet de soulager la maladie, mais certainement pas d’interférer avec le processus à la base de la maladie elle-même. Ce sont des traitements purement symptomatiques mais qui soulagent fortement le patient.

L’allergie ne peut pas être provoquée par des problèmes psychologiques, mais le stress, l’anxiété, la dépression, peuvent moduler les symptômes et des symptômes qui seraient perçus normalement comme mineurs, vont être perçus comme très désagréables, voire très inquiétants par une personne en période d’anxiété.

 

La séquence avec le Professeur Olivier Michel est à suivre ici

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