Un paraplégique qui retrouve le contrôle de la marche par la pensée grâce à un implant dans son cerveau et dans sa moelle épinière ; Elon Musk (ou plutôt son entreprise Neuralink) qui, après avoir testé ses implants sur des cochons, s’apprête à les implanter dans la tête d’un humain. Le secteur des interfaces cerveau-machine est en plein bouillonnement.
“C’est formidable", réagit Steven Laureys, neurologue à l’ULiège. "Tout le domaine de la rééducation neurologique est en train vraiment de changer.”
Gert-Jan, le paraplégique, était atteint d’une lésion de la moelle épinière suite à un accident de vélo, il y a une dizaine d’années. Des électrodes ont été implantées au-dessus de la région de son cerveau qui est responsable des mouvements des jambes, pour décoder les signaux électriques générés par le cerveau lorsqu’il pense à marcher. Parallèlement, un neurostimulateur a été positionné sur la région de la moelle épinière qui contrôle le mouvement des jambes. Le contact entre les deux était coupé, le voilà rétabli grâce à ce pont digital. Les données sont transmises via un système portatif placé sur un déambulateur ou dans un petit sac à dos.
Jusqu’à présent, l’installation d’un seul implant stimulant électroniquement la moelle épinière avait permis à des patients paraplégiques de remarcher. Mais le contrôle de cette marche n’était pas naturel. C’est donc une première.
“On voit qu’il est possible d’avoir vraiment un impact significatif", se réjouit le neurologue, "même des années après l’accident. Ce genre de techniques pourraient aussi être utilisées après un AVC, un infarctus cérébral, ou d’autres lésions du système nerveux central. Je pense que c’est très important de donner ce message d’espoir.”
Steven Laureys précise qu’une grande motivation, un mental fort, est nécessaire au patient pour arriver à dépasser ses limites. Et il ajoute tout de suite : "Je ne veux pas non plus donner de faux espoirs. Tout le défi maintenant c’est d’offrir cette technologie de pointe, qui devient de plus en plus performante et de plus en plus simple à utiliser, au plus grand nombre."