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Ambiance chahutée à l'école internationale du Verseau à Bierges

© Ecole internationale Le Verseau

Par Véronique Fouya

Que se passe-t-il à l'école du Verseau à Bierges? Les professeurs ont observé vendredi matin un arrêt de travail, en réaction au licenciement de 8 collègues. C'est le financement de l'école qui pose problème car pour assurer son type d'enseignement particulier, elle compte sur le soutien des parents. Or aujourd'hui, certains d'entre eux ne peuvent ou ne veulent plus mettre la main au portefeuille.  

 

Une ASBL pour financer le modèle pédagogique

Depuis sa création, il y a 50 ans, l'école du Verseau, à Bierges , se présente comme une école internationale, avec une attention particulière portée à la connaissance de l'anglais. 40% des élèves sont d'ailleurs des étrangers.

L'école est subsidiée par la Fédération Wallonie Bruxelles mais ce financement n'est pas suffisant pour mettre en place le projet pédagogique spécifique de l'établissement. Une ASBL a donc été créée et après l'inscription de leurs enfants, les parents sont invités à adhérer aux " Amis du Verseau" et à verser une cotisation. L'objectif est clair : dégager des fonds pour subsidier certaines activités - comme la participation au Model United Nations, sorte de réplique de l'ONU à hauteur de jeunes- et surtout engager des professeurs de langue et l'un ou l'autre encadrant supplémentaire. Le montant du don est de l'ordre de 5000 euros par enfant. Par an, les sommes récoltées s'élèvent ainsi à 3,3 millions d'euros pour l'enseignement fondamental et le secondaire.  

"Les bons et les mauvais parents" ?

La machine a commencé à se gripper pendant la période du Covid, explique Everard van der Straten, le président du pouvoir organisateur du secondaire et fils des fondateurs de l'école:

" Avec la crise Covid et les difficultés qui s'ensuivent, nous nous trouvons dans une situation où il est plus difficile de recevoir des dons et des cotisations. Le résultat, c'est que le modèle de l'école n'est pas garanti à long terme."

Cette incertitude s'est rapidement traduite dans les faits : 8 professeurs ont donc reçu leur préavis. Les principaux concernés, on s'en doute, apprécient moyennement mais la mesure divise aussi les parents et le climat est franchement devenu délétère entre les "bons et les mauvais payeurs". Les premiers reprochant aux seconds de constituer une menace pour la survie de l'école qu'ils ont choisie pour leurs enfants. A tel point que ceux qui ne s'acquittent pas de leur versement à l' ASBL préfèrent aujourd'hui témoigner de manière anonyme.

J'ai été contactée par un parent qui m'a traité de profiteuse et m'a dit que si le système ne me convenait pas, je n'avais qu'à mettre mes enfants ailleurs ." témoigne cette maman qui se demande toujours comment on a eu son numéro de téléphone et comment on a su qu'elle n'avait pas versé de don à l'ASBL. Elle regrette aussi que cette situation ait été évoquée en classe par des professeurs, stigmatisant ainsi certains élèves. La directrice de l'école secondaire, Helen Brown, réfute cette version des faits :

" Je reçois, en tant que responsable de l'école, des dons venant d'une ASBL mais je ne connais pas l'identité des membres. Je ne sais pas qui paie ou pas. Les professeurs ont évoqué la situation avec des élèves mais sans en stigmatiser ou pointer un cas particulier car, comme moi, ils ne savent pas qui est membre ou ne l'est pas. "

Des lendemains incertains

Pour garantir le financement de l'école, des discussions sont en cours, notamment au niveau de l'ASBL. Certaines suggestions émises lors d'une réunion qui s'est tenue récemment en distanciel interrogent des parents :

" Nous avons décidé de distribuer prochainement à chaque membre - dès que ce dernier aura totalement acquitté sa cotisation annuelle - un autocollant pour les pare-brises : Les amis du Verseau."  

Le président du P.O n'y voit pas une mesure discriminatoire, il s'agit simplement, dit-il, d'afficher son soutien. Il est d'ailleurs bien conscient que l'année prochaine marquera probablement un tournant :

" Nous espérons toujours que le service accordé aux élèves soit suffisamment attractif pour soutenir notre projet; dans le cas contraire, soit nous devrons en réduire la taille, soit l'abandonner."  

900 enfants sont scolarisés dans cet établissement.  

Verseau : le pouvoir organisateur réagit

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