Le 8/9

Amélie Nothomb rend hommage à son père avec son nouveau roman "Premier Sang"

Amélie Nothomb était l’invitée du 8/9 à l’occasion de son retour pour son 30e roman. Avec Premier sang, Amélie Nothomb nous parle de Patrick, son papa décédé en 2020. Sous la forme d’un conte, l’écrivaine nous raconte la vie de cet homme, qui, très tôt se voit confronté à la mort. Y sont aussi évoquées les premières relations amoureuses de son père ainsi que ses relations avec sa mère. Un magnifique hommage à son papa mais aussi à un héros de l’ombre et diplomate à la carrière hors norme.

Dans Premier sang, Amélie Nothomb utilise un style d’écriture assez particulier puisqu’elle utilise le Je et parle au nom de son père avant sa propre naissance. Décédé en mars 2020, elle a alors ressenti une connexion avec lui encore plus forte que lors de son vivant, et lui parlait comme ils ne s’étaient jamais parlé. Puisque ces conversations ne cessaient pas, elle a alors décidé en octobre 2020 de profiter de cette occasion pour écrire le livre de son père, lui faire dire tout ce qu’il n’a pas pu dire de son vivant, et en particulier sur ses émotions. En effet, l’autrice explique que son père appartenait à cette génération qui ne parlait pas ses sentiments et de ses émotions. Il n’avait pas l’habitude de dire qu’il avait eu peur ou qu’il était triste.

Retour sur son premier rendez-vous avec la mort

Elle explique donc être revenue sur le premier rendez-vous que son père avait eu avec la mort, dont il est sorti victorieux. En effet, Patrick Nothomb faisait partie des otages lors de l’opération Dragon rouge de Stanleyville en novembre 1964 dans l’ex-Congo belge, opération durant laquelle le régiment Para-Commando belge a délivré des centaines d’otages belges et étrangers retenus à Stanleyville par des rebelles congolais. Amélie Nothomb explique qu’il a publié un livre à ce sujet, intitulé Stanleyville : journal d’une prise d’otage. Un livre passionnant mais dans lequel il décrit simplement les évènements de son point de vue, sans jamais exprimer ce qu’il a pu ressentir. "Je me disais 'Mais papa, c’est pas possible, tu n’as pas pu passer devant le peloton d’exécution sans rien éprouver, forcément tu as dû ressentir quelque chose de terriblement fort'. Donc, j’ai écrit des émotions qu’il n’avait pas dites".

Le 24 novembre 1964, les paras belges sautent sur Stanleyville
Le 24 novembre 1964, les paras belges sautent sur Stanleyville © RTBF

Une écriture chargée en émotions

Premier sang est donc un roman chargé en émotions sans que la romancière parle de sa relation avec son père. Pourtant, le contexte d’écriture est bien différent. En effet, une grande partie de l’histoire de la famille Nothomb se passe dans les Ardennes belges, c’est pourquoi Amélie est allée écrire dans le château familial, là où s’est passé quelque chose de très fort : "J’étais en train de terminer d’écrire Premier sang. J’écris cette phrase, la fameuse réplique authentique de mon père suite à la question 'Allez-vous avoir un troisième enfant ?' : 'Cela dépendra de vous, Monsieur le Président'. Je me dis 'Tiens, ça serait pas mal comme dernière phrase !'. Et à ce moment-là, la lumière s’éteint… puis elle se rallume. Donc j’ai pensé 'Bon, papa je vois que tu es d’accord, donc j’arrête le livre ici''.

"Il fallait que je ressuscite mon père pour lui dire au revoir"

Amélie Nothomb explique que Premier sang a été sa manière de faire le deuil de son père. En effet, étant décédé durant le confinement, elle n’a pas pu assister à ses funérailles, ce qui a été une souffrance supplémentaire. "Quand je suis arrivée sur sa tombe, c’était fin juillet, ce qui est vraiment très tard. Et je voyais bien que mon deuil ne prenait pas fin, il n’avait tout simplement pas lieu, j’ai passé mon été 2020 sur la tombe de mon père. Il fallait que je ressuscite mon père pour lui dire au revoir, et l’écriture de ce livre m’a vraiment permis d’avancer, c’était plus fort que tout".

Amélie Nothomb
Amélie Nothomb © Yumeto Yamazaki / CINÉTÉVÉ

Amélie Nothomb fait partie de ces auteurs et autrices qui sont continuellement en train d’écrire, mais qui ne publient pas toujours leurs productions. Pour Premier sang, par contre, elle n’a pas hésité une seconde : "Je n’ai pas hésité à sortir ce livre car je sais que ça aurait fait très plaisir à mon père car il adorait que je parle de lui. Il se doutait que si je parlais de lui, ça serait forcément en bien. Donc je sais que là où il est, ce livre lui fait très plaisir".

Du lundi au vendredi, retrouvez l’invité du jour dans Le 8/9 à suivre sur VivaCité et en télé sur La Une. Pour connaître le programme de la semaine, c’est par ici.

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