Dans l’atelier des muses aujourd’hui : un trésor du nouveau monde : la compositrice américaine Amy Beach. Nous avions découvert il y a quelques semaines que Florence Price fut la première compositrice afro-américaine dont la musique a été interprétée par un grand orchestre symphonique. Amy Beach, elle, sera la première américaine à faire publier une symphonie.
Née à la fin du XIXe siècle, elle va montrer, comme c’est souvent le cas, dès la plus tendre enfance un talent certain pour la musique. C’est sa mère, chanteuse qui l’initie au piano. Et déjà des petites pièces naissent sous ses doigts. La légende raconte qu’Amy était capable de chanter plus de quarante chansons de mémoire à l’âge d’un an et qu’à l’âge de cinq ans, elle composait déjà des hymnes, des valses et de petites œuvres symphoniques.
Elle poursuit sa formation durant l’adolescence à Boston, avec Ernst Perabo (mais elle fut surtout autodidacte), et entame dès l’âge de 16 ans et contre l’avis de sa famille, une carrière professionnelle de pianiste. Amy estime qu’elle n’a pas de temps à perdre. Deux ans plus tard, elle épouse à 18 ans, le docteur Henry Beach, un médecin célèbre de vingt-quatre ans son aîné, qui préférait que sa femme reste à la maison. Elle obéit et réduit considérablement ses tournées de concert qui ne reprendront à la mort de son mari.
En revanche, puisqu’elle est à la maison, elle augmente son activité de compositrice, en signant les œuvres sous son nom d’épouse.
Amy Beach était essentiellement autodidacte, et a développé progressivement sa technique de composition, apprenant l’orchestration par elle-même, ce qui est un véritable exploit. Elle est la première compositrice américaine à publier une symphonie. Sa Symphonie Gaélique sera applaudie pour la première fois devant une audience à Boston. La jeune compositrice américaine fut aussi probablement inspirée par les écrits d’Antonín Dvořák, qui était cette époque directeur du Conservatoire de New York, et qui, comme on le sait, était favorable à la diversité des cultures populaires dans la musique américaine.
Amy Beach s’inspire, quant à elle, de vieilles musiques anglaises, écossaises ou irlandaises qui font écho à ses origines. Au fil des années, elle deviendra, comme Dvorak, de plus en plus ouverte à la culture amérindienne et afro-américaine, et elle choisira d’insérer certains chants traditionnels dans ses partitions.
Amy Beach a écrit plus de 300 œuvres, dont presque toutes ont été publiées et jouées de son vivant, ce qui est aussi un exploit remarquable encore aujourd’hui. Elle a composé pour des genres aussi variés que la musique de chambre, le concerto, la sonate, la symphonie ou encore l’opéra. On lui doit également de nombreuses mélodies pour voix et piano dans le style romantique.
Nous découvrons aujourd’hui, dans son intégralité, son Concerto pour piano en do dièse mineur composé à l’âge de 31 ans, et qu’elle avait elle-même interprété à Boston, en avril 1900. Cette composition est dédiée à la musicienne Teresa Carreño autre compositrice virtuose dont nous avons déjà parlé dans l’atelier des muses. C’est le premier concerto pour piano d’une compositrice américaine