Ce fut le tube de l’été à Charleroi : un peu moins on fire actuellement, il continue de séduire par ses dribbles déroutants et incarne le Sporting djeun façon Edward Still. Il évoque Ronaldinho, les datas, Koni De Winter, la place du père, Manchester City, la confiance en soi et Kevin De Bruyne. Mais aussi le quotidien à l’internat, Robert Lewandowski, le derby wallon, Pep Guardiola, la virgule et Romelu Lukaku. Et bien sûr…. le sandwich mozzarella de sa maman. Anass Zaroury passe " Sur Le Gril ".
" J’avais des cheveux longs à l’époque et je voulais la balle tout le temps pour dribbler et marquer… sinon je me mettais à pleurer ! C’était au SK Heffen, un petit club de P4 près de chez nous à Malines : le coach criait sur moi car je ne donnais pas la balle aux autres ! " Anass Zaroury s’esclaffe : il raconte ses premiers pas de footballeur, à l’âge de 5 ans. 16 années plus tard (il vient de souffler ses 21 bougies), c’est un jeune homme bien dans sa peau, et sûr de son potentiel, qui s’installe pour l’interview. Vêtu d’un sweat à capuche… rouge, à quelques jours du derby face au Standard.
" Je sais que c’est un match qui vit fort chez les supporters, c’est un moment de fierté pour eux " reprend l’ailier gauche carolo : " Je vais tout donner pour eux, j’ai hâte d’être dimanche. Quand j’étais à Zulte Waregem (NDLA : il y a passé deux saisons en U17 et en Espoirs), j’ai connu quelques derbies contre Courtrai… et même pour le match des Réserves, il y avait de l’ambiance en tribune ! Le Standard est un grand club, mais Charleroi aussi ! C’est un match qui peut nous booster pour la suite du championnat : on est mieux classés qu’eux pour l’instant et on veut le montrer sur le terrain. Ce sont des matches où on a envie de tout casser (sic) et de montrer à tout le monde de quoi on est capable. Rien que de la pression… mais de la pression positive ! "
" Je suis assez sûr de moi "
Anass Zaroury est la petite perle zébrée révélée sous le Nouveau Régime d’Edward Still : auteur de 3 buts sur ses 5 premiers matches avec le Sporting, il a crevé l’écran en début de championnat, gagnant même sa sélection chez les Diablotins de Jacky Mathijssen. Sa caractéristique : le dribble et surtout l’audace, jouant sans complexe… alors qu’il est néophyte de D1A cette saison.
" Je n’ai pas peur de le dire, je suis assez sûr de moi et de mon potentiel. Ca ne fait pas de moi quelqu’un d’arrogant : je vais toujours rester calme et respectueux avec tout le monde. Mais mes parents m’ont éduqué avec beaucoup de confiance : ils m’ont souvent rappelé… que je n’étais pas un mauvais joueur ! (sic) Quoi qu’il arrive, je resterai toujours humble : attraper la grosse tête après un transfert ou un but, ce n’est pas mon genre ! Mais si j’ai des choses à dire, je le dis : sur le terrain, on est tous égaux ! Après, je suis conscient que j’ai encore bien de choses à apprendre : je travaille ma finition chaque jour à l’entraînement pour devenir plus tueur devant le but. Et cet été, je me suis bien préparé pour être prêt dès mon arrivée au Sporting. "
" A Charleroi, on forme une vraie famille "
Avec le Standard et Ostende, Charleroi affiche la moyenne d’âge la plus basse de l’élite. Le nouveau coach a voulu cette nouvelle vague, marquée aussi par le travail sur datas.
" Je suis plutôt un joueur d’instinct : sur le terrain, je me vide la tête et je suis mes intuitions. J’ai besoin de liberté… et le coach m’en laisse aussi : j’ai besoin de m’amuser et de tenter des choses, c’est mon style de jeu. En D1A, le foot va plus vite et est plus technique, j’ai aussi plus d’espaces qu’en D1B (NDLA : il vient de Lommel). Mais j’ai aussi mon travail défensif à faire : je regarde chaque semaine mes datas, et j’essaie d’améliorer mes courses à haute intensité. J’ai besoin de sentir que je progresse, je suis comme ça ! Avec quels défenseurs j’ai eu le plus de mal cette saison ? (Il réfléchit puis s’esclaffe) Euh… je ne sais pas ! Mais ce que je vis là, c’est vraiment la vie dont j’ai rêvé ! En plus, à Charleroi, on forme une vraie famille : il n’y a pas de clans et tout le monde s’entraide. La concurrence est saine ! "
" On jonglait pieds nus pour gagner des chaussures "
Grand fan du Real Madrid et de Ronaldinho (" Tout petit, je regardais ses trucs sur YouTube, là je m’entraîne pour faire ses virgules ! "), Anass Zaroury tient son bagage technique de son séjour à l’Académie Jean-Marc Guillou à Tongerlo. Un centre d’où sont aussi sortis Théo Bogonda et Jason Denayer.
" On ne faisait que des entraînements : on n’a disputé nos premiers matches qu’à partir de 16 ans. Tout était centré sur la technique : on devait jongler 45 minutes avant chaque entraînement, avec les pieds, les genoux, les épaules, la tête. Quel bazar c’était ! (sic) Celui qui franchissait toutes les étapes gagnait le droit de mettre des chaussures ! Car sinon, on jouait pieds nus, pour développer notre toucher de balle. Mais en hiver, on avait les pieds… gelés : on avait juste le droit de jouer avec des chaussettes ! Mais c’était une école formidable : j’ai tout appris là-bas ! Combien de jongles j’arrive à enchaîner ? Euh, je ne sais pas, je n’ai jamais compté. Disons… jusqu’à ce que je me fatigue ! (sic) Des tours du monde, j’en fais aussi : je ne vais pas en aligner douze ou quinze, mais disons que je gère assez bien. (clin d’œil) Il ne faut pas non plus exagérer avec ces trucs : il faut que ces gestes servent à quelque chose au collectif en match. Les freestylers qui jonglent dans n’importe quelle position, c’est pour le show : tu les mets sur un terrain, ils n’apportent rien… " (sic)
" Mon père a toujours été là pour moi "
Celui qui marqua un jour… 21 buts en un seul match (" J’avais 8 ou 9 ans, on avait gagné 27-0 : je n’avais pas reçu de passes au début, alors j’étais un peu énervé ; j’ai pris la balle du gardien et je suis allé dribbler tout le monde, j’étais égoïste à l’époque " dit-il en rigolant) a donc quitté la maison familiale dès ses 11 ans pour intégrer l’internat de l’Académie JMG. Une expérience adulte en miniature.
" Quitter sa famille n’est pas facile, mais c’est surtout pour mes parents que c’était chaud ! (sic) Moi, j’ai toujours eu ce rêve de faire ma vie dans le foot. Vous apprenez à vivre avec d’autres jeunes venus d’autres milieux, vous vous retrouvez parfois seul le soir : tout ça vous fait grandir plus vite… Mais mon père était là pour tous mes matches, depuis le tout premier. J’ai eu un père… pas comme les autres : il ne m’a jamais mis la pression et m’a toujours rappelé que le foot devait rester un plaisir, jamais une obligation ou une pression. Mon n°70 sur mon maillot, c’est pour lui, c’est son année de naissance : toute ma carrière, je veux jouer avec ce numéro ! Et je n’oublie pas ma mère… et ses sandwiches mozzarella qu’elle me préparait avant de partir au match. Trop bons ! " (rire)
" Koni De Winter peut devenir plus fort que Vincent Kompany "
Passé par Waregem, Zaroury y a côtoyé Koni de Winter, la nouvelle pépite belge… de la Juventus. Celui que certains décrivent déjà comme le nouveau Vincent Kompany…
" Il sera même peut-être plus fort que Kompany ! " coupe Zaroury. " Koni, c’est mon frérot (sic), un vrai bon gars : on s’est retrouvé chez les Diablotins et il m’a parlé de son quotidien à la Juventus, les entraînements avec Cristiano Ronaldo, le professionnalisme à l’italienne. Ce sont des expériences qu’on partage pour ouvrir les yeux ! (sic) Moi aussi, j’aurais fait le saut à 16 ans si un club pareil m’avait approché ! Je n’ai pas peur de tout lâcher si je peux progresser : si des clubs viennent te chercher, c’est qu’ils savent de quoi tu es capable ! "
Sa première expérience du professionnalisme, l’ailier carolo l’a vécue à Lommel (D1B) où, après 18 mois, Charleroi est venu le pêcher pour la saison en cours.
" Lors de ma 2e saison, le club a été repris par Manchester City, et tout de suite on a vu un bond en qualité : City nous a fournis des joueurs et le coach qui est arrivé, Liam Manning, m’a donné beaucoup de confiance. Mais non, je n’ai pas reçu de maillots de City, ni de petits messages de Kevin De Bruyne ou de Pep Guardiola ! (Il rigole) Mais jouer un jour pour Manchester City, ou même juste… contre City, je veux bien ! " (clin d’œil)
" Belgique ou Maroc ? C’est difficile… "
Né au sein d’une famille marocaine, Anass Zaroury sera donc, tôt ou tard, confronté au choix cornélien : évoluer pour la Belgique ou le Maroc ? A l’évidence, la question le met mal à l’aise…
" C’est difficile de répondre car on n’a encore rien décidé, avec ma famille et mon agent : il y a beaucoup de paramètres, le cœur, le plan de carrière, etc. Jusqu’à présent, j’ai été repris dans les sélections belges et cela a toujours été une fierté. Lors du stage d’octobre avec les Espoirs, on a croisé Romelu Lukaku, qui revenait de la Nations League. Ca fait toujours du bien de voir des joueurs pareils… mais après, ça reste des humains comme les autres, hein ! " (clin d’œil)
LE QUESTIONNAIRE "OUI/NON" D’ANASS ZAROURY
Charleroi finira dans le Top 4 en fin de saison : OUI
Anass Zaroury atteindra les 10 buts cette saison : OUI
L’Union St-Gilloise sera championne de Belgique : NON
Anass Zaroury jouera un jour à Anderlecht : NON
Anass Zaroury jouera un jour au Real Madrid : OUI
Robert Lewandowski méritait le Ballon d’Or : OUI
La Belgique sera Championne du Monde au Qatar : OUI
Anass Zaroury portera un jour le maillot des Diables Rouges : JOKER