Guerre en Ukraine

Anciens du KGB et amis d’enfance : qui sont les membres du cercle rapproché qui conseille Vladimir Poutine ?

Poutine face à son conseil de sécurité : une certaine distance

© Présidence russe

Figure solitaire, Vladimir Poutine est-il vraiment le seul à décider au Kremlin ? Même isolé comme on le voit sur les récentes images du président russe, il est entouré par un cercle restreint qui l’influence. Une trentaine de personnes, essentiellement des hommes de son âge qui ont souvent un parcours similaire depuis leur passage aux services secrets et avec qui il lui arrive de partager des loisirs. Un entourage qui ne tranche pas toujours, mais qui influe sur les décisions du maître du Kremlin. Petit tour d’horizon des hommes du président.

Sergei Shoigu

Poutine à bonne distance de son ministre de la Défense Sergei Shoigu
Poutine à bonne distance de son ministre de la Défense Sergei Shoigu © Reuters

Ministre de la Défense : Sergei Shoigu est la personne-clé de ces dernières semaines à Moscou. C’est un homme politique compétent et populaire en Russie. Une longévité exceptionnelle. A comparer à celle de Poutine uniquement. Ministre des situations d’urgence en 1999, et à la Défense depuis 2012, il a signé l’annexion de la Crimée en 2014, il a dirigé les opérations militaires russes en Syrie, son nom apparaît dans de nombreux dossiers comme celui des empoisonnements de Salisbury en 2018 et de l’opposant Navalny en 2020, ou du vol MH17, cet avion civil de Malaysia Airlines abattu au-dessus de l’est de l’Ukraine.

Surnommé "le dernier des patriotes", il apparaît souvent en uniforme militaire. Depuis son arrivée à la Défense, il a réussi à faire augmenter le budget des armées de plus de 30%.

Confident de longue date de Vladimir Poutine, Sergei Shoigu participe aux parties de chasse et de pêche du président en Sibérie. On parle de lui comme candidat successeur de Poutine. Il a l’oreille de Poutine quand il évoque la menace militaire de l’Occident. Le concept de la démilitarisation de l’Ukraine, c’est lui.

Mais la photo ci-dessus fait émerger des doutes. Prise trois jours après le début de l’invasion de l’Ukraine, elle trahit pour le moins une distance. La campagne se déroule-t-elle comme prévu ? Pas sûr. En tout cas, Poutine a mis la distance avec son plus proche conseiller militaire. Et la photo ci-dessous, aux côtés de Valery Gerasimov, laisse encore une pire impression.

 

Valery Gerasimov

Le chef d’État-major des armées russes Valery Gerasimov (à gauche) et le ministre de la défense Sergei Shoigu (à droite)
Le chef d’État-major des armées russes Valery Gerasimov (à gauche) et le ministre de la défense Sergei Shoigu (à droite) © Kremlin

Le chef d’État-major des armées russes, le général Gerasimov, a un palmarès militaire des plus satisfaisants : Tchétchénie 1999, Crimée 2014… Il dirigeait les "manœuvres" russes en Biélorussie le mois dernier. Mais le début de l’invasion de l’Ukraine semble aussi mis sur la touche.

Nikolai Patrushev

Le secrétaire du conseil de sécurité de la Russie, Nikolai Patrushev, à Moscou, Russie, jeudi 24 juin 2021
Le secrétaire du conseil de sécurité de la Russie, Nikolai Patrushev, à Moscou, Russie, jeudi 24 juin 2021 © AFP – ALEXANDER ZEMLIANICHENKO

Secrétaire du conseil de sécurité de la Russie, une fonction clé, Nikolai Patrushev, est un ami proche de Vladimir Poutine. Fidèle d’entre les fidèles, c’est un faucon. Imprégné de la crainte d’un complot occidental : en 2015, il déclare au journal russe Kommersant que "les États-Unis préféreraient que la Russie n’existe pas du tout en tant que pays".

C’est un des hommes du KGB de l’époque communiste à Leningrad, c’est un homme qui a accompagné la carrière du président avec l’actuel chef des services de sécurité FSB, Alexander Bortnikov, et le chef des services de renseignement extérieur SVR, Sergei Naryshkin, un trio surnommé les "siloviki", les exécuteurs…

Responsable de la lutte anti fraude et anti corruption au KGB, Nikolai Patrushev avait pu éviter une condamnation à Vladimir Poutine du temps où il régnait sur la mairie de Saint-Pétersbourg. Retour d’ascenseur, quand Poutine arrive à la tête du FSB, le service qui a pris la succession du KGB, la carrière de Patrushev fait un bond en avant. En 1999, il devient même directeur adjoint du FSB avant de remplacer Poutine sur le départ.

Dmitri Medvedev

L’ancien président et Premier ministre russe Dmitri Medvedev un proche de Poutine
L’ancien président et Premier ministre russe Dmitri Medvedev un proche de Poutine © Yulia ZYRYANOVA / SPUTNIK / AFP

Poutine et Medvedev, le duo interchangeable ? En tout cas, un bon remplaçant pour tenir la place de Vladimir Vladimirovitch au chaud lorsqu’il arrive au maximum prévu de ses mandats à la présidence en 2008. Un mandat pour Medvedev, Poutine devient Premier ministre pendant son terme, avant d’échanger de place en 2012…

Poutine et Medvedev se connaissent aussi depuis leurs années de service à la mairie de Saint-Pétersbourg. Une carrière express grâce à leur relation qui lui ouvre les portes du Kremlin et de Gazprom. 2020 marque cependant la fin de cette ascension, avec une réorganisation du pouvoir dont il semble faire les frais mais il reste dans les parages comme vice-président du Conseil de sécurité, si jamais on a besoin de lui.

 

Alexander Bortnikov

Alexandre Vassilievitch Bortnikov
Alexandre Vassilievitch Bortnikov © Alexey NIKOLSKY / SPUTNIK / AFP

Egalement né à l’aube des années 50, Alexander Vassilievitch Bortnikov est un général d’armée, diplômé de l’École supérieure du KGB. Fidèle de Poutine, il devient le directeur du FSB en 2008. C’est le vrai patron des services secrets russes, sous le coup de sanctions européennes et américaines pour son implication présumée dans l’empoisonnement d’Alexei Navalny.

Sergei Lavrov

© SERGEI ILNITSKY / POOL / AFP

A la tête de la diplomatie russe depuis 18 ans, Sergueï Lavrov, 71 ans, est une autre figure du passé de Vladimir Poutine toujours sur le devant de la scène. Un autre produit de l’ère soviétique dont il assiste au déclin et dont il reste nostalgique. Son parcours passe par le prestigieux institut des relations internationales de Moscou, pépinière pour le KGB. Depuis 1972 au ministère des Affaires étrangères.

Sur l’Ukraine, il se distingue sans doute de tous les noms qui précèdent par une attitude plus… diplomatique, ouverte à la poursuite des discussions, une voie qui n’a plus cours depuis deux semaines au Kremlin.

Igor Sechin

Igor Sechin
Igor Sechin © Alexei Druzhinin / Sputnik / AFP

Surnommé l’homme le plus puissant de Russie, Igor Sechin serait à la tête de la faction des "siloviki". Il est considéré comme le conseiller le plus conservateur de Poutine.

Une carrière au KGB lui permet de croiser dès les années 1980 le chemin de Poutine puis de figurer dans ses gouvernements. Sa spécialité, c’est l’énergie : PDG, président et président du conseil d’administration de Rosneft, la société pétrolière et gazière de l’État, c’est également l’un des principaux oligarques de Russie.

Arkady Rotenberg

Arkady Rotenberg
Arkady Rotenberg © AFP

Arkady Rotenberg est l’un des plus anciens compagnons de Poutine. Des amis d’enfance qui pratiquent le judo ensemble. Avec son frère, Boris Rotenberg, il entre dans le géant gazier russe Gazprom, puis le duo fonde à la fin des années 2000, SMG Group et Mostotrest, deux des plus grandes entreprises de construction du pays. Des contrats monstres, comme pour les Jeux olympiques d’hiver de 2014, une nouvelle autoroute à 2 milliards de dollars, puis la construction du pont de Crimée de 17 kilomètres, qui relie la péninsule au continent russe.

Cité dans les Panama Papers, Arkady Rotenberg est accusé d’avoir fait fortune grâce à des contrats obtenus illégalement.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous