Anderlecht a connu une année 2021 chargée. Dans le doute il y a un an, les Mauves ont accroché in extremis leur qualification pour les playoffs 1, sans réussir à y briller. L’élimination en barrage de la Conference League a porté un gros coup au projet de Vincent Kompany, qui a vacillé avant de trouver la bonne formule. Le discours a changé : fini les jeunes à tout prix, seuls comptent les résultats. Et ceux-ci sont là, les Mauves sont armés pour la course aux playoffs 1.
Une ruée vers les PO1… Puis rien
Depuis son arrivée comme joueur/entraîneur, Vincent Kompany n’a qu’une seule obsession : remonter sur le trône le plus rapidement possible. En 2021, les Mauves atteignent la première étape sur leur chemin vers un retour au sommet : les playoffs 1. Longtemps impensables vu leur manque de régularité, ils obtiennent leur qualification à la suite d’un sprint final haletant. Ils clôturent la phase classique avec un 12 sur 12 au détriment, notamment, de l’Antwerp et du FC Bruges.
Problème : une fois arrivés dans ces PO1, les Mauves ne réussissent pas à poursuivre sur leur lancée. Incapables de gagner le moindre match (deux partages face à Bruges, un nul et une défaite contre l’Antwerp et Genk), les Bruxellois terminent la saison sur un goût d’inachevé, avec déjà des interrogations. Qui pour remplacer Lukas Nmecha, l’homme par qui Anderlecht est resté à flot dans la tempête ? Qui pour suppléer Sambi Lokonga, si indispensable au milieu ?
Une qualification européenne gâchée
Le mercato estival mauve suscite quelques interrogations, les uns craignant que Joshua Zirkzee ne soit qu’une énième prêt éphémère à la pointe de l’attaque, les autres que Lior Refaelov débarque au Parc Astrid pour un défi de trop. Et force est de constater que le début de saison ne rassure personne : le nouveau système tactique (le 4-2-2-2) ne prend pas directement auprès du groupe et, par-dessus le marché, les Mauves ratent une qualification en Conference League en s’inclinant contre le voisin de Vitesse Arnhem en barrage. Un camouflet, car la direction mauve comptait sur cette participation à la petite nouveauté de l’UEFA pour redorer son blason. "C’est l’un des événements marquants de l’année mauve. Anderlecht a perdu tout le bénéfice de sa fin de saison précédente en perdant face cette confrontation face à Vitesse", commente Thomas Chatelle. "D’un coup, les problèmes sont réapparus. Anderlecht aurait pu effectuer un grand pas en avant dans son projet en retrouvant des poules européennes, mais au lieu de ça, on a eu un sentiment de retour en arrière."
Dans les heures qui suivent la défaite aux Pays-Bas, Vincent Kompany est secoué. Sa position d’entraîneur n’est plus aussi intouchable que par le passé. La direction a procédé à une vaste recapitalisation du club, officialisée fin décembre, et le président Wouter Vandenhaute est clair : "nous devons retrouver les sommets", que ce soit avec ou sans Kompany. Vince The Coach a la force de rebondir et trouve un nouvel équilibre dans son effectif, quitte à ranger au placard les préceptes du process. Face à Courtrai, en novembre, il aligne une équipe sans le moindre joueur formé à Neerpede. Une première anderlechtoise depuis dix ans.
Les Tops | 1) Sergio Gomez, considéré un temps comme espoir mondial du football au poste de milieu de terrain, aujourd’hui back gauche dans une équipe en reconstruction. Avec une classe d’écart. 2) Lior Refaelov, le Soulier d’or 2020, encore affamé à 35 ans. |
Les Flops | 1) L’élimination en barrage de la Conference League. 2) Lisandro Magallan, supposé apporter l’expérience à la défense, mais pas au niveau. 3) La gestion du cas Adrien Trebel, plus gros salaire du club, toujours aux oubliettes. |
Neerpede n’a plus ses places garanties dans le onze d’Anderlecht
Ses choix sont forts, car il sait que pour sa troisième saison à la tête des Mauves, le résultat primera sur la manière. Les Aït El Hadj, Sardella, Kana ou Amuzu passent désormais au second plan. Les Zeno Debast, Mario Stroeykens ou Lucas Lissens restent dans la salle d’attente. Même Yari Verschaeren, chouchou avéré du public bruxellois, n’est plus une certitude du onze de base. Dont acte. "Je m’interroge par rapport au cas de Marco Kana", dit Chatelle. "Anderlecht ne déborde pas d’options au milieu de terrain. Cullen et Olsson jouent énormément et, selon moi, Ashimeru n’a pas la carrure d’un titulaire chez les Mauves. Dans cette optique-là, on se demande vraiment ce que Kana a bien pu faire pour être régulièrement celui qui saute du groupe de 18. Cette saison, il ne lui a donné qu’une rencontre, à Seraing en Coupe, pour s’exprimer. C’est vraiment peu…".
C’est à travers ses transferts estivaux qu’Anderlecht va trouver le chemin du haut du tableau : Benito Raman s’avère être un lieutenant utile, Joshua Zirkzee confirme qu’il n’est pas que le nonchalant attaquant dépeint en Allemagne et Lior Refaelov s’avère très précieux. "L'Israélien a bien digéré ses passages sur le banc. Depuis le match contre Charleroi, où il a été bon, Kompany ne l’a plus bougé de son onze de base. Il est irréprochable du point de vue de la mentalité et il est devenu le leader technique de cette équipe, là où Verschaeren coince un petit peu," constate Chatelle. Mais la meilleure pioche anderlechtoise provient d’Espagne. "Pour moi, Sergio Gomez, c’est le meilleur jeune de l’année en Pro League. Si l’on considère que Charles De Ketelaere va plutôt prendre des points au référendum du Soulier d’or, je verrais bien l’Espagnol s’imposer pour le trophée de l’espoir de l’année", pronostique Chatelle.
Les playoffs 1 au minimum… et puis ?
Une constante, hautement symbolique, persiste sur l’ensemble de l’année : Anderlecht ne perd plus contre le FC Bruges. Il y a deux ans, les Espoirs anderlechtois se rendaient au Jan Breydel en craignant la fessée. Désormais, les voilà sur cinq matchs sans défaite face à l’ogre du pays. "C’est peut-être parce qu’Anderlecht s’est rendu au FC Bruges au bon moment au mois de décembre, mais n’empêche : le fossé n’était plus si apparent entre les deux équipes. Bruges a même été décevant dans sa gestion de la rencontre."
Alors que les Mauves sont désormais accrochés au top 4, il est l’heure de se projeter en fin de saison. Quel bilan serait satisfaisant pour la bande à Kompany ? "Une demi-finale en Coupe et une place dans le top 4 me paraît être le minimum pour les Mauves", juge l’ancien de la maison mauve, qui pointe la difficulté d’y parvenir cette saison vu le nombre de prétendants. "Je n’ai pas l’impression que les Mauves vont réaliser un énorme mercato cet hiver. Certes, la paire Hoedt-Magallan est perfectible, mais il ne faut pas oublier que Hannes Delcroix revient dans le parcours après sa blessure. Il a tout d’un titulaire en puissance. Au milieu, Kompany a des options : Kana et… Adrien Trebel, dont le T1 a fait une affaire personnelle en l’écartant du groupe."
Les Mauves doivent profiter de cet élan de la fin d’année 2021 pour déferler sur 2022. Mais la concurrence fera rage.