Angélique Ionatos est née à Athènes en 1954. Son père est marin. Un marin au long cours que sa mère, à l’image de Pénélope guettant Ulysse, attendait inlassablement. Un père marin qui découvrit sa fille au retour d’un voyage de deux ans. En l’absence de l’un, elle grandit avec l’autre, dans une maison qui trempait ses pieds dans l’eau des bateaux. Sa mère patientait en chantant sans arrêt, des berceuses, des chansons d’avant-guerre, et elle lui lisait les poèmes qui ont conservé, en Grèce, l’audience populaire qu’ils ont perdue chez nous.
Angélique Ionatos est bercée par le son de la radio omniprésente à la maison. La télévision n’existait pas pour elle à l’époque.
Elle développe une passion pour les mots et, avec son frère Photis, grâce à son oncle, elle apprend trois accords de guitare à 11 ans, avant de bricoler une technique autodidacte en repiquant les tubes des Beatles…
Un bonheur d’enfance balayé par le coup d’État de 1967 : les colonels, au premier rang desquels Papadópoulos, instaurent une dictature et persécutent les opposants, dont le compositeur Mikis Theodorakis. La famille Ionatos s’empresse de brûler ses livres communistes puis saute dans un train !
Nous sommes alors en 1969, Angélique a 14 ans. La famille pose dans un premier temps ses valises en Belgique, avant de s’installer en France. Angélique Ionatos y apprendra "La langue de l’exil"…
"En quittant mon pays, j’étais une adolescente qui se réjouissait à l’idée de connaître des horizons nouveaux" écrit Angélique Ionatos. "La Grèce était sous la dictature des colonels et c’est dans cet exil que j’ai appris ce que "les Ithaques signifient". Ma langue est devenue ma patrie. La seule qu’on ne pouvait pas m’enlever. Il m’était devenu vital de l’aimer, la cultiver et la défendre. Paradoxalement c’est en apprenant le français que j’ai pu redécouvrir la beauté de ma langue maternelle. La distance (géographique et culturelle) m’a permis de réentendre sa musique. Et quelle musique ! J’ai pris conscience que la nostalgie était faite de douleur, mais qu’il y avait une si belle "terre sur mes racines" que les fleurs pouvaient enfin pousser. Voilà pourquoi je me suis mise à chanter et à composer sur les mots de mes poètes. J’avais grandi avec eux et grâce à eux ! Cette patrie personne ne pouvait me la confisquer."