L'organisation des études supérieures va subir quelques modifications. Le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles (FWB) s'est mis d'accord sur la réforme du décret Paysage, voulue par la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Glatigny (MR). Selon les grandes lignes de la réforme - déjà partagées - il ne sera plus question de généraliser des crédits de première année pendant cinq ans, comme ça se passe parfois aujourd'hui. Fini les étudiants qui embarquent des cours ratés en première année jusqu'à la fin de leurs études. La première année devra être réussie en maximum deux ans, ce qui implique l'obtention des 60 crédits nécessaires durant ces deux années.
Valérie Glatigny avait déjà annoncé qu'elle désirait réformer le décret Paysage mis en place en 2014 par Jean-Claude Marcourt. Le but de ce décret Paysage était de permettre aux étudiants d’accumuler des crédits pour obtenir leur diplôme. Pour passer de la première année à la deuxième, l'étudiant devait avoir obtenu minimum 45 crédits sur 60. Dans ce cas, l’étudiant reportait ces 15 crédits à l'année suivante et avait jusqu'à la fin de son cursus pour les valider.
Pour Valérie Glatigny, cela avait des effets pervers, comme celui d’allonger la longueur des études. Chiffres à l’appui, elle expliquait en septembre dernier : "Sur les étudiants qui ont réussi (avec au moins 45 crédits sur 60) seulement un sur cinq va terminer dans les temps, ce qui a un impact négatif, en particulier pour les étudiants précarisés ou boursiers. Avant le décret paysage, 18% terminaient leur bachelier dans les temps, c’est seulement 11% depuis le décret paysage."
Elle avait expliqué par ailleurs: "Cela ne veut pas dire qu’un étudiant qui a réussi avec 55 crédits ne pourra pas passer, parce qu’il y aura un rôle important attribué au jury, puisqu’on peut avoir des circonstances particulières. Cela ne veut pas dire non plus qu’on ne peut anticiper des cours de l’année suivante, cela restera possible. Il convenait de passer le message qu’une réussite c’est 60 crédits. Il faut éviter que des étudiants reportent trop de crédits d’une année à l’autre sans bien mesurer les conséquences de leur choix, et se retrouvent avec un sac à dos de crédits non validés. Et qu’à un moment ils se retrouvent bloqués en termes de finançabilité, et que toutes les portes de l’enseignement supérieur se referment devant eux".
Les principales modifications du décret
Le décret paysage ainsi adapté prévoit plusieurs dispositions, dont l'augmentation des moyens mis en place pour l'aide à la réussite des étudiants, une meilleure structuration des parcours en étude supérieures afin de garantir une meilleur réussite et un apprentissage graduel mais aussi de meilleures règles de financement des études.
Parmi les principaux changements, les conditions de réussite qui seront durcies afin de ne plus accumuler des crédits "reportés". Ainsi, les étudiants en première année d'études supérieures pourront faire face à différents scénarios que la ministre Glatigny détaille dans le communiqué de presse qui officialise les changements :
- 60 crédits réussis : l’étudiant réussit son bloc 1 et passe en poursuite d’étude.
- De 45 à 59 crédits réussis : l’étudiant reste inscrit en bloc 1, mais il pourra anticiper des crédits de la poursuite d’étude. Il devra obligatoirement inscrire à son programme annuel les crédits non acquis du bloc 1, et pourra y ajouter des crédits de la poursuite d’étude pour lesquels il a les prérequis, pour atteindre un programme de maximum 60 crédits au total.
- De 30 à 44 crédits réussis : l’étudiant reste inscrit en bloc 1. Il devra obligatoirement inscrire à son programme annuel les crédits non acquis du bloc 1. Sur accord du jury, il pourra y ajouter des crédits de la poursuite d’études pour lesquels il a les prérequis, sans que son programme ne dépasse 60 crédits.
- Moins de 30 crédits réussis : l’étudiant devra obligatoirement inscrire à son programme annuel les crédits non acquis du bloc 1 et devra obligatoirement compléter son programme par des activités de remédiations.
- L’étudiant qui n’aura acquis aucun crédit du bloc 1 devra se réorienter. L’étudiant qui se sera réorienté bénéficiera, au cours du cycle, d’une année supplémentaire sur le plan de la finançabilité, ce qui portera son total d’années pour réussir un bachelier à 6 ans maximum.
Avant d'être définitivement avalisé, le texte sera soumis à la consultation de différents acteurs de l'enseignement supérieur.