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"Anonymous Club" : on a vu en exclu le documentaire intime et touchant sur Courtney Barnett

Image issue du documentaire "Anonymous Club" réalisé par Danny Cohen.

© Danny Cohen

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Par Renaud Verstraete

Avec sa coupe mulet et son jeu de guitare atypique, Courtney Barnett est sans doute celle qui incarne le mieux la coolitude de l’indie des 2010’s. Aux antipodes d’une biographie rock, "Anonymous Club" dresse un portrait brut et intime de la chanteuse australienne, disséquant ses pensées quotidiennes, de la scène à sa chambre d’hôtel, de la page blanche au succès de son dernier album. Un documentaire émouvant de sincérité.

Courtney Barnett n’est pas du genre à se la raconter, ni à jouer les rockstars devant les caméras. Timide et introvertie, elle n’est pas douée pour les interviews et n’aurait probablement jamais accepté de figurer dans un documentaire si ce n’était pour son ami réalisateur Danny Cohen.

Finalement, "Anonymous Club", c’est un petit peu comme si l’on faisait un documentaire sur quelqu’un qui a tout sauf envie d’en faire partie. On aura pourtant rarement eu l’occasion d’approcher d’aussi près la complexité d’un artiste en l’espace de 90 minutes.

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À cœur ouvert

En 2018, alors que Courtney Barnett s’apprête à partir en tournée pour promouvoir son deuxième album, "Tell Me How You Really Feel", son ami Danny Cohen a la bonne idée de lui confier un dictaphone. Pour l’occuper, sans doute, mais aussi pour l’aider à extérioriser les pensées qui hantent son esprit lors des temps morts de la tournée. Sa seule consigne ? "Tell Me How YOU Really Feel".

Pendant 3 ans, Courtney se force donc à tenir ce journal intime audio qu’elle emmène de Tokyo à Berlin, du tourbus à la chambre qu’elle s’est aménagée dans l’entrepôt de son label à Melbourne. Au cœur de la nuit, ce petit enregistreur devient son confident. Elle y consigne ses états d’âme au fil des jours, passant de l’exaltation des concerts à la solitude de la route et contemplant parfois un ennui infini.

Courtney Barnett, en peignoir dans sa chambre d’hôtel. Image tirée du documentaire "Anonymous Club"
Courtney Barnett, en peignoir dans sa chambre d’hôtel. Image tirée du documentaire "Anonymous Club" © Danny Cohen

Sans filtre, l’artiste aborde sa relation avec ces sentiments contradictoires et se confie sur sa dépression avec une sincérité presque brutale : "Les gens pensent que les tournées me rendent triste mais j’ai déjà le souvenir d’être triste lorsque j’avais 10 ans" chuchote-t-elle, s’adressant à son dictaphone.

Tout au long du documentaire, Courtney Barnett narre seule cette quête de sens dans une vie d’artiste aussi bouleversante que bouleversée. "Le voyage consiste à comprendre quel est le but, suppose-t-elle. Je pense que tout le monde se bat pour ce voyage". Dans l’intimité de son quotidien et presque sans le vouloir, la chanteuse énonce ainsi des banalités qui se transforment en véritables leçons de vie.

Je garde espoir pour le jour suivant, celui qui vient réparer ce qui n’allait pas la veille.

A la première personne

Pendant 90 minutes, Danny Cohen nous plonge au cœur des trois dernières années de la vie de l’artiste australienne. On embarque avec elle dans le tour bus, on découvre des chambres d’hôtel impersonnelles, on ressent l’adrénaline des concerts et on assiste à la naissance de nouveaux morceaux. On côtoie ainsi l’artiste dans des phases de création intenses, griffonnant ses carnets pour lutter contre le syndrome de la page blanche. "My heart is empty, my brain is empty, my page is empty" confie l’artiste avec ironie.

© Anonymous Club

Les images de Danny Cohen, capturées dans la confidence ponctuent, avec une réelle poésie, les déclarations de la chanteuse donnant à "Anonymous Club" une esthétique presque solennelle par moments.

Au-delà du simple biopic musical, "Anonymous Club" opère comme une réelle thérapie de groupe. Si le documentaire se concentre sur les pensées très personnelles de Courtney Barnett, les questionnements qu’elle rencontre en chemin résonneront sans doute en chacun. Comment transformer le quotidien et donner sens à sa vie à travers des rires, des pleurs et des moments d’illumination ?

En cela, "Anonymous Club" est probablement un des documentaires les plus inspirants que vous verrez en cette fin d’année. Si vous n’êtes pas fan de Courtney Barnett au moment de lancer le documentaire, vous pourriez bien l’être à la fin de la séance. Dans tous les cas, vous vous sentirez probablement soulagés.

L’affiche du documentaire "Anonymous Club" réalisé par Danny Cohen
L’affiche du documentaire "Anonymous Club" réalisé par Danny Cohen © Danny Cohen

Courtney Barnett sera en concert le lundi 7 novembre à De Roma à Anvers.

Dans ce cadre, le documentaire "Anonymous Club" sera projeté au De Studio & De Cinema à Anvers les mercredis 9 et 23 novembre.

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