Jupiler Pro League

Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…»

Vice-champion avec l’Union et premier lauréat au classement des clean-sheets (17), il a connu le chômage et l’entraînement solitaire avant de rebondir… en D1 Amateur. Il évoque Bernardo Silva, le contrôle/passe, les tuyaux de Karim Belhocine, les soirées pizza, Michy Batshuayi, la playlist de Milan Jovanovic, son enfance dans les tribunes mauves et le maillot de Gigi Buffon. Mais aussi Felice Mazzù, ses cours de sommelier, l’assistance façon Deniz Undav, l’argent dans le foot, Dio Topmöller, le VAR, le feu chez Lucien D’Onofrio, le poker chez Tony Bloom et les stations-services luxos. Mais surtout… le vin rosé au barbecue. Anthony Moris (Union St-Gilloise) passe " Sur Le Gril ".

Surlendemain de victoire dans le derby de la capitale : Felice Mazzù a donné cinq jours de congé à ses joueurs avant de clôturer, ce dimanche face à l’Antwerp, une saison de folie. Si le Club Bruges a fait plouf à Ibiza durant trois jours, les Unionistes prennent du repos en famille.

Ce midi, je mange avec un ami, puis je prends ma fille à l’école et on va rouler à vélo : elle a 4 ans et je lui apprends à tenir sans les pieds… " sourit Anthony Moris, qui nous accueille dans ses pénates d’Awans et qui sera une deuxième fois Papa au mois de juillet. " C’est en famille que je me ressource le mieux. Jamais je ne signerai dans un club juste pour l’argent : il me faut toujours un projet sportif et surtout l’accord de mes proches : à quoi ça servirait de signer quelque part pour le contrat et imposer tout ça à ma famille… au risque de la perdre ? Hier, j’étais dans mon jardin et je réfléchissais à tout ce monde de paillettes et d’image. Il y a 4 ans j’étais au chômage, je m’étais rompu deux fois les ligaments croisés, plus personne ne s’intéressait à moi… Et aujourd’hui, parce que je passe à la télé, je devrais changer ma perception des choses et des gens ? Ce n’est pas du tout mon genre… "

Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…»
Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…» © BELGA

" Ça me laisse un goût très amer… "

D’autant que la chute est brutale : après avoir écrasé la phase classique, l’Union a tout perdu en Play-Offs face à un Bruges glacial d’efficacité…

La deuxième place en sport est clairement la pire : je pense qu'on va tous être encore traumatisés pendant un petit temps… J’ai très mal dormi depuis dimanche, même s’il faut relativiser et surtout être fier de ce qu'on a fait. Mais si on doit rejouer le titre, avec l’Union ou ailleurs, il y aura toujours cet arrière-goût amer qui reviendra… On apprendra de ce coup dur : on a marqué l’histoire, comme Zulte Waregem l’avait fait lors de cette saison 2013 dont je me souviens encore aujourd’hui. Mais je switche rapidement : quand je rentre chez moi, je suis avec ma femme et ma fille. Et je ne veux plus parler de football. "

" L’Union championne ? Ca aurait dérangé beaucoup de monde… "

Reste que l’Union a dilapidé en Play-Offs tout l’acquis forgé en phase classique, et qu’il y a de quoi enrager…

Certains ont crié au grand complot… mais je ne vois aucun grand complot. Il y a juste eu un enchaînement de circonstances. Le but de Casper Nielsen que le VAR nous annule à Bruges n’était pas valable, il faut pouvoir le reconnaître. Et la faute de Koki Machida méritait bien une 2e carte jaune. On a juste été abandonnés par la réussite : Simon Mignolet stoppe un ballon avec son dos… et pour moi, ce même ballon rebondit sur un équipier et entre dans le but ! En football, il y a des choses qu’on n’explique pas… Nos attaquants ont aussi été frappés par la fameuse panne de marquer. Mais je reste très fier… car dans ces deux matches, on a dominé Bruges. Donc non : on ne s’est pas écroulé lors des Play-Offs, car notre contenu était bien présent. Mais c’est sûr que l’Union championne, ça en aurait dérangé beaucoup… Parce que l'histoire du petit sympa qui gagne au début… et qui continue à gagner, il finit par irriter… Et même si on sentait qu’on avait un gros capital de sympathie dans le pays, les concurrents des Play-Offs, eux, ne le voyaient pas de cette manière… " (Il grimace)

Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…»
Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…» © BELGA

" Jouer pour le titre ? Felice nous l’a dit dès le premier jour ! "

Un dernier match contre l’Antwerp dimanche, et il faudra déjà tourner le bouton vers la saison prochaine… avec la garantie de 8 à 10 matches en Europe. Mais avec quelle équipe ?

On n’a pas fait de pacte entre joueurs, chacun fera ses choix. Certains joueurs ont montré leurs qualités et méritent d’aller voir plus haut. On forme un vrai groupe, très fort mentalement : c’est vrai que certains d’entre nous ont été livreurs, bouchers ou même moi chômeur… mais avant toute chose, on a de bons pieds ! Avant j’étais un nobody, mais c’est juste une question de perception… J’ai travaillé, j’ai progressé, j’ai gagné en maturité mais je ne suis pas pour autant quatre fois plus fort qu’avant : j’ai quand même 14 ans de formation au Standard ! Le joueur le plus important de l’Union ? (Il réfléchit) Moi ? (Il éclate de rire) Je ne sais pas, on est tous importants : Nielsen, Teddy Teuma, Denis Undav, et j’en passe. Mais j’ai toute confiance en notre direction, qui trouvera des remplaçants aussi bons, sportivement mais aussi humainement. (Il marque une pause) En fait, la personne la plus importante, c’était Felice Mazzù : il a aussi connu la galère, il avait soif de revanche… mais surtout il nous a, dès le premier jour, convaincu de nos qualités. Même lors des matches de préparation, il nous disait de jouer pour la gagne et on s’est nourris de cette rage de vaincre. Je peux vous révéler une exclu : dès le début, il nous a dit de viser le titre de champion ! ‘Si vous jouez pour le maintien, vous allez descendre’ nous disait-il, ‘et si vous visez les Play-Offs 1, vous irez en Play-Offs 2… Donc il faut viser le plus haut possible ! Et il tapait sur le clou, encore et encore : ‘Mettez-vous dans la tête que vous êtes une grosse équipe, vous n'avez rien à envier aux autres : mettez votre cœur sur le terrain, battez-vous avec vos armes !’ Voilà notre vrai secret… "

Anthony Moris et Felice Mazzù
Anthony Moris et Felice Mazzù © BELGA

" L’Union me collera à la peau toute la vie… "

Et à l’arrivée, il y avait donc cette équipe-commando… et ses étonnants supporters, toujours tournés vers le plaisir d’être ensemble.

Quoi qu’il arrive pour la suite de ma carrière, ce club me collera à la peau pour la vie. Vous savez, le premier jour où je suis arrivé à l’Union pour négocier mon transfert, le directeur sportif Chris O’Loughlin m’a demandé quel était notre recette à Virton, le club d’où je venais. Malgré des conditions difficiles, on avait dominé le championnat de bout en bout, en loupant juste le gain des tranches. Je lui ai dit que c’était l’esprit de famille et la solidarité, et qu’en football, c’était capital pour faire des résultats. Avec Virton, on avait plein de mises au vert et c’est là qu’on on a appris à se connaître. Avec l’Union aussi, quand on a connu un creux la saison passée en D1B, on a commandé des bières et des pizzas… et on a tous passé la nuit ensemble. On venait de pays différents, on s’est ouverts les uns aux autres… et ça s’est traduit sur le terrain. Quand on connaît mieux l’autre, on est plus tolérant avec lui, et lui avec nous, et on se bat l’un pour l’autre. "

" Dans nos petits matches, j'en domine certains… "

Leader au classement des clean-sheets (17, pour 16 à Mignolet), Anthony Moris a aussi crevé l’écran cette saison par la qualité de son jeu au pied. Un atout décisif dans le foot moderne, car les coaches conçoivent leur gardien comme un 11e joueur de champ...

A l’entraînement, je me mêle parfois aux petits matches… et je m’en sors parfois mieux que certains joueurs de champ (clin d’œil). C’est Aleksandr Jankovic, mon coach à Malines, qui, le premier, a décelé cela chez moi : il était adepte de la défense à trois, comme Hein Vanhaezebrouck, et voulait un portier qui participe au jeu de l’arrière. Pareil avec Dino Topmöller, mon coach à Virton, aujourd’hui T2 de Julian Nagelsmann au Bayern. Mon geste technique préféré ? Rien de spécial : avec mes genoux opérés, pas question de dribbler ou de faire des virgules ! Je suis plutôt adepte du contrôle/passe, la vraie base du foot : j’adore faire une longue passe qui casse les lignes. Des regrets de ne pas avoir été joueur de champ ? Non, j’adore mon poste : déjà petit, je voulais toujours me rouler dans la boue… et je n’aimais pas non plus courir. (clin d’œil) Avec le temps, j’ai aussi dompté mon côté kamikaze : ce n’est pas que j’ai peur, car les attaquants sont très respectueux de l’intégrité physique des gardiens. Mais quand vous voyez ce qui est arrivé à Hervé Koffi à la CAN ou Petr Cech et Sammy Bossut qui jouent avec un casque, ça fait quand même réfléchir…

Anthony Moris, un as du jeu au pied
Anthony Moris, un as du jeu au pied © BELGA

LES PETITS PAPIERS

Le moment venu des petits papiers : parmi une quinzaine de papiers-mystères, il en choisit 5 au hasard. Et commente.

PREMIER PAPIER : CHÔMAGE. " J’ai pointé 5 mois au chômage, fin 2014. J’avais cassé mon contrat au Standard, où il me restait 3 ans, car je sentais que mon avenir était bouché là-bas. Cette nuit-là, je dors très mal, j’ai un mauvais pressentiment : je téléphone au team-manager rouche et de fait, il me dit que les papiers ont été envoyés trop tard à la Fédération… et que je ne peux plus signer ailleurs avant janvier. Là, je peux vous dire que vous en voulez à la Terre entière… Je me suis acheté des plots et des haies et je suis allé m’entraîner tout seul durant des mois, dans le petit club voisin, au milieu des herbes hautes, en plongeant sur des balles que je frappais moi-même contre le mur. Quand j'explique ça aux gens, ils croient que j’invente… Mais je n’ai jamais lâché car je crois au destin… et je savais que le train repasserait. C’est pour ça que le vieux Moris, il dit parfois aux jeunes : ‘Ne vous emballez pas, ne faites pas de folies avec votre argent, car la vie, ça peut tourner très vite…’ C’est Malines qui m’a relancé, avec un contrat de 1.000 euros… brut. Ça me faisait 650 euros en poche… sauf qu’avec mon appartement à payer, mes trajets en voiture et mon essence, je commençais le mois avec -1500 euros sur mon compte ! Mais je suis un têtu, un vrai Ardennais et je n’ai jamais baissé les bras : je ne voulais pas que ces sacrifices de tant d’années n’aient servi à rien. C’est l’Equipe Nationale du Luxembourg qui m’a sauvé : ils ont continué à me sélectionner et quand on jouait contre l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas ou la France, il y avait une croix ‘SANS CLUB’ marquée à côté de mon nom sur la compo. Aujourd'hui, quand je vois ou je suis, j’en rigole… Et c’est sûr qu’être désiré et reconnu aujourd’hui, c’est plus sympa que de passer ses journées à appeler des clubs pour postuler, et qui te disent ‘non, on ne veut pas de toi…’ "

Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…»
Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…» © BELGA

DEUXIEME PAPIER : EXCELSIOR VIRTON. " Au départ, c’était un pari avec mon pote Guillaume François. On était tous les deux sans club et Virton nous voulait absolument : on est originaires de la Région et on s’est promis que si l’un signait, l’autre signait aussi. Un jour, Guillaume m’appelle et me dit qu’il va signer… et que donc moi aussi ! Je venais de basculer en D1B avec Malines et j’hésitais à me retrouver en D1 Amateur. On a fait la route, on s’est arrêté à Arlon chez mes parents pour un barbecue… puis, un verre de rosé à la main, on s’est reposé la question : ‘Alors, on retourne dans quel sens ? Vers Bruxelles ou vers Virton ?’ On est allés vers Virton… Et non, on n’était pas bourrés : pour ça, il nous en faut beaucoup ! (rire) Ça a été deux années extraordinaires : des matches à Châtelet sous des lampes oranges comme sur les autoroutes, des terrains sans herbe avec un train qui passait et nous empêchait de nous entendre, un vent violent qui faisaient que mes dégagements n’atteignaient même pas la ligne médiane ! (Il s’esclaffe) Aujourd’hui encore, je pense à ces matches sans lesquels je ne serais pas là aujourd’hui... Avec des supporters le long des mains courantes, tous mélangés, puis faisant la fête à la buvette. Le vrai foot, quoi ! "

" Les propos de Bart Verhaeghe ? Ridicules et déplacés… "

TROISIEME PAPIER : TONY BLOOM (NDLA : l’un des deux propriétaires de l’Union, également patron de Brighton). " Je n’ai vu Monsieur Bloom qu’une fois cette année, il est très discret… mais chapeau pour sa réussite personnelle (NDLA : il a fait fortune au poker) et ses choix d’investissement. Sa grande force, c’est d’avoir avec Alex Muzio respecté le patrimoine et la culture de l’Union, sans vouloir tout changer. Quand on parle avec Alex Muzio, il connaît toute l’Histoire du club par cœur ! Ils n’ont pas juste formé un satellite de Brighton en y stockant leurs joueurs. On sent qu’ils aiment profondément l’Union et respectent les traditions locales. C’est vrai que beaucoup de clubs belges passent sous contrôle étranger, mais ça augmente le niveau global : regardez Westerlo avec ses investisseurs turcs. Après, c’est vrai que les jeunes Belges ont moins de débouchés. Mais à l’Union, avec Sébastien Pocognoli qui s’occupe de l’équipe U23, il y a un vrai projet d’avenir : il faut d’abord installer une structure pour attirer les meilleurs jeunes de Belgique. Mais je suis sûr qu’à court ou moyen terme, il y aura des pépites formées à l'Union en Equipe Première. Les déclarations de Bart Verhaeghe sur l’Union qui ne serait qu’un Brighton-bis ? Ces propos sont vraiment ridicules et déplacés : je n’ai jamais mis les pieds à Brighton et à l’Union, on n’a pas des salaires à 6 chiffres comme à Bruges… Pour Verhaeghe, c’était juste une manière de valoriser davantage le titre de son Club Bruges. "

Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…»
Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…» © BELGA

" Mon maillot pour le jardinier de Buffon… "

QUATRIEME PAPIER : GIGI BUFFON.Une vraie légende… et mon meilleur souvenir foot ! C’était en juin 2014, ma 2e sélection avec le Luxembourg (NDLA : il en compte 44 aujourd’hui). C’était la grande équipe italienne, avec Pirlo, Bonucci, Balotelli, Thiago Motta ou encore Verratti : oui, je connais encore la compo par cœur, je me repasse régulièrement la vidéo du match sur mon téléphone ! Avant le match, toutes ces stars passent au vestiaire nous saluer un par un… Nous, les petits Luxos ! Et après le match, je demande à Buffon son maillot… puis lui court après moi pour avoir le mien ! Je n’en croyais pas mes yeux : je me disais que c’était pour le donner à son jardinier pour tondre sa pelouse ! (sic) Ce sont des stars, mais ils ont du vrai respect… Je connais bien Jean-François Gillet et chaque année, Buffon lui envoie une vidéo pour son anniversaire ! Les joueurs se font la guerre sur le terrain, mais en-dehors il y a ce sentiment d’appartenir à une grande famille car on fait tous le même métier. Prenez Undav par exemple : sur un terrain, Deniz donne l’impression d’être irritant… mais appelez-le à l’aide du bout du monde à 3 heures du matin, il vient illico ! Même si c’est vrai, la pression et l'envie de gagner peuvent parfois te faire faire des choses qui dépassent ta pensée... "

CINQUIEME PAPIER : KBLUX (NDLA : allusion à l’image traditionnelle des banques et des stations-services au Grand-Duché). " Nous, les Luxembourgeois, on est des grands bosseurs : ma mère est gardienne d’enfants de 7h à 19h, les gens lui déposent leurs gosses pour aller travailler car la réussite professionnelle est importante au Grand-Duché. J’ai eu un peu de mal avec ça au début, car les Luxembourgeois voient les footballeurs comme des gens qui gagnent beaucoup… sans faire grand-chose. Eux bossent énormément, avec cette rigueur un peu allemande. Avec le Luxembourg, je suis sûr qu’on participera bientôt à un grand tournoi : la Nations League nous oppose à des équipes de notre niveau et on n’a rien à envier à un pays comme la Macédoine du Nord qui a réussi à se qualifier et qu’on a battu récemment. Nos joueurs jouent maintenant à l’étranger et c’est fini de prendre des tôles (sic) face aux grandes équipes ! "

Epoque Standard avec Eiji Kawashima et Sinan Bolat
Epoque Standard avec Eiji Kawashima et Sinan Bolat © BELGA

" Jovanovic me déposait à l’école… "

Au départ fan d’Anderlecht (" J’allais au stade avec mon grand frère, qui lui est un vrai supporter d’Anderlecht… mais à 4-5 ans, on n’est pas trop dans ses trucs-là "), Anthony Moris a rejoint le Standard dès ses 10 ans. Et le vice-champion 2021-22… aura été sacré lors de ses années rouches : il faisait partie du noyau de Michel Preud’homme, puis de Laszlo Bölöni, lors des titres de 2008 et 2009.

C’était un vestiaire de feu.. et du feu, il y en avait à tous les étages : Lucien D’Onofrio, Michel, et que des joueurs de caractère. Le plus fou, c’était Milan Jovanovic : capable de se battre sur le terrain avec Dieumerci Mbokani… et le plus gentil de tous en dehors. Je n’avais pas mon permis de conduire, il me déposait chaque jour à l’école en mettant à fond sa musique serbe dans la voiture : sur le siège passager, je n’osais pas bouger… Quel personnage ! "

Les tops d’Anthony Moris

Le meilleur adversaire affronté. (Il réfléchit) " Pas facile, car j’ai joué contre Xavi, Iniesta, Ronaldo et tous les Italiens dont j’ai parlé. Mais je vais dire Bernardo Silva pour le respect qu’il nous a montré : il a un gros calendrier à Manchester City, il aurait pu lever le pied mais il a couru ses 13 km contre nous. Il voulait nous faire mal et son implication valait un sacré coup de chapeau. " 

Le meilleur équipier côtoyé. Sans hésiter Karim Belhocine ! Il avait un rôle ingrat au Standard : il ne jouait jamais… et pourtant, il n’a jamais cessé d’être positif, de nous motiver et de nous tuyauter. Au vestiaire, il était d’une importance capitale : il avait toujours le mot juste, il était rassembleur, il remobilisait quand ça allait mal et il nous gardait les pieds au sol quand ça allait bien. Il m’a beaucoup appris sur la gestion des moments. "

Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…»
Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…» © BELGA

Le plus grand talent croisé. (Sa réponse fuse) " Michy Batshuayi ! Un talent phénoménal, il faisait ce qu’il voulait avec ses pieds. Je l’ai connu à l’Académie et on est monté en Première ensemble. Après, il n’a peut-être pas exploité tout son potentiel mais il y a des choses qu’on ne maîtrise pas toujours. Lui seul connaît la réponse. Mais quand on voit les clubs où il est passé, c’est qu’ils avaient confiance en ses qualités. "

Le top 3 des gardiens de Pro-League.Avec ou sans moi dedans ? (clin d’œil) Je m’y mets car, sans me pousser du col, je pense avoir une bonne saison. Simon Mignolet aussi évidemment, qui a montré durant les Play-Offs son vrai niveau alors qu’il avait été décrié en phase classique : il respire la confiance et la sérénité et il savait mieux que quiconque que la vérité se jouait dans les Play-Offs. Et puis Jean Butez, sans qui l’Antwerp n’aurait pas été dans le top 4. "

L’avenir est au vin…

À 32 ans, Anthony Moris ne sait pas encore quel sera le visage de l’Union la saison prochaine… mais il se projette déjà dans son après-carrière.

Les plans sont déjà fixés : dans 10 ans, j’achète un petit domaine en Provence et je me lance dans la viticulture. Durant ma saison à Malines, j’avais du temps et j’ai suivi des cours du soir de sommelier. Ma femme et moi, on aime ouvrir une bonne bouteille de temps en temps : elle apprécie surtout les vins italiens et moi plutôt les français… mais j’ai aussi découvert d’excellents crus argentins, grecs ou chiliens. Entraîneur ? Surtout pas ! J’ai tellement sacrifié de choses durant ma carrière de joueur qu’une fois retraité, je vais tout lâcher et profiter à fond. Cesser de me priver, sauter les siestes obligatoires quand il fait 28° comme aujourd'hui dehors, aller chercher ma fille à la danse quand je veux : quel pied… "

Santé !

La muraille de l'Union
La muraille de l'Union © Anthony Moris (Union) sur le Gril : «Cette deuxième place nous traumatisera encore longtemps…»

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