Environnement

Antonio Guterres (ONU) s’énerve à Davos : "Des géants pétroliers ont colporté le grand mensonge" sur la crise climatique

Antonio Guterres à l’ONU le 19 décembre 2022

© AFP

"Certains géants pétroliers ont colporté le grand mensonge" sur le réchauffement climatique, a dénoncé mercredi à Davos le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, quelques jours après la publication d’une étude sur ce que savait la major américaine ExxonMobil de ce risque il y a quarante ans.

 

L’augmentation de production, une "insanité"

"Certains producteurs d’énergies fossiles étaient parfaitement conscients dans les années 1970 que leur produit phare allait faire brûler la planète. Mais comme l’industrie du tabac, ils ont fait peu de cas de leur propre science. Certains géants pétroliers ont colporté le grand mensonge", a affirmé le dirigeant présent au Forum de Davos, estimant que "les responsables doivent être poursuivis" comme les cigarettiers l’ont été.

Une référence aux 246 milliards de dollars que les géants du tabac aux Etats-Unis avaient accepté de payer en 1998 à 46 Etats sur une période de 25 ans, afin de couvrir les coûts engagés pour soigner d’anciens fumeurs.

De même, l’augmentation de la production actuelle est "une insanité", s’est énervé Antonio Guterres.

Les responsables doivent être poursuivis

À cette situation s’ajoute un autre facteur, la guerre en Ukraine et ses effets sur les prix énergétiques et alimentaires. Le chef de l’Onu a appelé à nouveau à éviter une nouvelle guerre froide entre Occidentaux et Chinois qui détériorerait encore la situation.

Neutralité carbone

Autre problème, les tensions entre pays riches et en développement augmentent. Il faut œuvrer pour mettre un terme à la "colère" des seconds sur la pandémie, le climat ou les questions financières, a dit Antonio Guterres. Le secrétaire général de l’Onu a dénoncé également certains engagements "douteux" d’entreprises pour la neutralité carbone. De même, le secteur privé doit collaborer pour maintenir les exportations de céréales et d’engrais depuis l’Ukraine et la Russie, a-t-il également ajouté. Et garantir des prix bas, a-t-il encore affirmé.

Il faut que le pétrole reste en terre

Contre le "greenwashing"

Jeudi dernier, l’Organisation météorologique mondiale a confirmé que les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées.

"Il faut que le pétrole reste en terre", a exhorté de son côté la militante équatorienne d’Amazonie de 20 ans, Helena Gualinga, dans un entretien à l’AFP en marge de la réunion du Forum économique mondial. Avec Greta Thunberg et d’autres jeunes militants, elle est l’un des nouveaux visages de la mobilisation contre le changement climatique.

Cette folie relève de la science-fiction

Mais ce n’est pas la direction que prend l’industrie pétrolière, se désole Antonio Guterres : "aujourd’hui, les producteurs de combustibles fossiles et ceux qui les soutiennent continuent de se battre pour accroître la production, tout en sachant pertinemment que leur modèle économique est incompatible avec la survie de l’humanité". "Cette folie relève de la science-fiction", a-t-il martelé.

Plus largement, le secrétaire général de l’ONU a fustigé les engagements climatiques "douteux" ou "obscurs" de nombreuses entreprises sur un objectif de zéro émission de carbone : cela "induit en erreur les consommateurs, les investisseurs et les régulateurs avec de faux récits", et ouvre la porte au "greenwashing".

"Nos engagements climatiques nécessitent l’engagement complet du secteur privé", a-t-il insisté, estimant que "la bataille pour tenir l’objectif de 1,5 degré (de réchauffement climatique) sera gagnée ou perdue au cours de cette décennie".

Sur le même sujet :

Antonio Guterres (ONU) s’énerve à Davos sur la crise climatique (Reuters 18/01/2023)

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