Bruxelles

Appareil à croque-monsieur, piscine, béquille : les improbables objets trouvés de la STIB

"Comment peut-on oublier ce genre de choses ?" est la question récurrente du service.

© Sébastien Cools

Si un jour vous avez la malchance de perdre ou d’oublier quelque chose dans les transports publics à Bruxelles, peut-être aurez-vous la chance de récupérer votre bien au bureau des objets trouvés de la STIB, à la station de métro Botanique. Mais quels trésors ou babioles dorment derrière ses portes ? Un peu de tout… Petite visite guidée entre les étagères du service.

La caverne d’Ali Baba et son bric-à-brac se situent au cœur de la station Botanique, à quelques pas du disque en bronze de "L’Odyssée", de Martin Guyaux. Le bureau a quitté la station Porte de Namur pour gagner en sécurité et en espace. Ici, les locaux de stockage font environ 35 m². Les objets trouvés y sont triés puis rangés dans des bacs, dans l’attente de retrouvailles éventuelles avec leurs propriétaires distraits, accueillis deux après-midi par semaine.

Le bureau se trouve au cœur de la station Botanique.
Le bureau se trouve au cœur de la station Botanique. © Sébastien Cools

N’abandonnez pas trop vite

On n’est jamais certain de récupérer un objet de valeur perdu dans la jungle urbaine, mais les chances de retrouver ses affaires personnelles existent bel et bien. D’après les chiffres transmis par une porte-parole de la STIB, avant la pandémie de coronavirus, en 2019, pas moins de 9780 objets ont été reçus, parmi lesquels 2467 ont pu être restitués, soit 25%. Pour cette année en cours, jusqu’à fin novembre, 1104 biens ont été rendus sur 5680, soit 19%. En 2020 et 2021, avec chaque fois plus de 5000 objets reçus, les taux de restitution étaient de 25 et 21%.

Pour cette année en cours, plus de mille biens ont déjà été rendus.
Pour cette année en cours, plus de mille biens ont déjà été rendus. © Sébastien Cools

Du parapluie au ventilateur

Sacs, portefeuilles et téléphones sont les objets les plus souvent reçus. Mais la liste est longue : lors de notre passage en novembre, nous avons pu voir quantité de parapluies et peluches, ainsi qu’un lot de bizarreries, tantôt indescriptibles, comme un "objet télescopique" non-identifié, tantôt étonnantes, comme une piscine gonflable, une valise léopard, un ventilateur ou un appareil à croque-monsieur.

Une valise léopard et la collection automne-hiver des parapluies.
Une valise léopard et la collection automne-hiver des parapluies. © Sébastien Cools

Toutes les nuances du romantisme

"Les objets insolites, on en a un peu moins, c’est un peu dommage", rigole Victoria Haeck, team leader Customer Care, responsable du bureau des objets trouvés et de l’équipe qui répond aux questions téléphoniques. Tout de même, les usagers oublient parfois des biens de première nécessité, volumineux, émouvants : "Par le passé, on a eu des chaises roulantes, des poussettes pour enfants (sans l’enfant, heureusement !), le shopping du samedi, des clubs de golf, …", se souvient-elle. "On a eu aussi une mallette de 'jouets pour adulte'. La personne a assumé et est venue récupérer sa valise", s’est étonnée la responsable. Jérôme et Camille, ses collègues des "O.T.", évoquent pour l’un des magazines érotiques, pour l’autre des lettres intimes des années 1950. "Chaque objet qui arrive est un morceau de vie d’une personne. Ça peut paraître un peu romantique comme je le dis, mais c’est vrai", commente cette dernière.

Le tableau accroché au mur ne fait pas vraiment partie de la décoration, mais bien des objets trouvés lui aussi.
Le tableau accroché au mur ne fait pas vraiment partie de la décoration, mais bien des objets trouvés lui aussi. © Sébastien Cools

Des larmes de bonheur

Beaucoup d’objets trouvés ont une valeur financière ou sentimentale, comme les laptops et les doudous. "Parfois, un objet qui n’a pas forcément de valeur pour nous en a peut-être plus pour quelqu’un. Souvent, au guichet, quand on annonce la bonne nouvelle, les gens sont super contents. C’est tout un soulagement. On le voit vraiment sur leur visage. Ça fait plaisir. Quand on a l’opportunité de dire à une personne qu’on a récupéré son objet, ça fait notre journée", témoigne Victoria Haeck. Il y a parfois des pleurs de joie. "C’est une belle aventure humaine", résume-t-elle.

Scrat, d’Ice Age ("L’Âge de glace"), attend son petit propriétaire au bureau des objets trouvés de la STIB.
Scrat, d’Ice Age ("L’Âge de glace"), attend son petit propriétaire au bureau des objets trouvés de la STIB. © Sébastien Cools

Tu as un smartphone et tu n’as pas de code PIN ? Non mais allô, quoi !

Tous les objets reçus ne sont pas encodés dans le système : une mention telle que "clés en métal" ou "écharpe bordeaux" ne serait pas très révélatrice. Dans ce genre de cas, la personne peut se rendre directement sur place et une boîte spécifique lui est présentée. Les restitutions se font toujours sur base des déclarations de perte. Des petits malins tentent parfois leur chance en clamant avoir perdu telle ou telle marque de smartphone. "On a des gens qui essaient, mais on connaît les trucs et astuces. C’est souvent pour les GSM que ça arrive, vraiment des objets qui sont difficilement identifiables", explique Mme Haeck. Les malhonnêtes sont déboutés quand ils échouent à donner leur code PIN ou leur opérateur de téléphonie mobile. "On ne rend jamais un objet si on n’est pas sûr et certain d’avoir affaire à son propriétaire", assure la responsable. Le service de sécurité est parfois dépêché pour évaluer la situation, et appelle la police si nécessaire. "On a des réguliers qui essaient de venir chercher des choses qui ne leur appartiennent pas, mais pas des clients qui sont régulièrement tête en l’air. Heureusement pour eux, d’ailleurs", nous a répondu la team leader.

Les sacs font partie du top 3 sur la table de tri.
Les sacs font partie du top 3 sur la table de tri. © Sébastien Cools

Après trois mois, une seconde vie

Les objets trouvés sont étiquetés, classés par date et conservés pendant trois mois au maximum après leur arrivée. Dans certaines circonstances exceptionnelles, le délai peut éventuellement être étendu, si le propriétaire habite à l’étranger, par exemple. Au-delà des trois mois, les objets sont transmis à des œuvres caritatives, comme Oxfam ou CF2D, qui leur donnent une deuxième vie. La nourriture est par contre jetée directement. La boîte à tartines égarée il y a deux semaines et son sandwich poilu -comme le sac de piscine trempé et moisi, par ailleurs- risquent bien d’être perdus à jamais. Les objets cassés ne sont pas gardés non plus. La gestion du stock est journalière et l’enlèvement des objets par les organisations s’opère en fonction du nombre de boîtes.

Les objets trouvés sont étiquetés, classés par date et conservés pendant trois mois, avant d’être donnés à des œuvres caritatives s’ils ne sont pas réclamés.
Les objets trouvés sont étiquetés, classés par date et conservés pendant trois mois, avant d’être donnés à des œuvres caritatives s’ils ne sont pas réclamés. © Sébastien Cools

De l’organisation et de l’empathie

Le service tourne avec une équipe polyvalente de cinq personnes qui se relaient pour appels, tri et accueil. Les qualités nécessaires pour la fonction vont de la bonne organisation au contact facile, en passant par l’empathie et la gestion du stress. Actuellement, outre les deux après-midi d’ouverture, trois jours par semaine sont consacrés à l’encodage, aux vérifications et au rangement. Ce sont les objets qui viennent à l’équipe et pas l’inverse : ses membres ne vont pas sur le terrain en quête d’objets perdus, le champ de recherche étant trop vaste sur le parcours d’un voyageur.

Deux personnes peuvent être servies en même temps.
Deux personnes peuvent être servies en même temps. © Sébastien Cools

Que faire si je perds un objet ?

Lorsqu’on pense avoir perdu quelque chose sur le réseau de la STIB, il est possible de contacter la société soit par téléphone (au 070 23 2000) soit via son site internet. Les informations concernant l’objet (date et heure de la perte, ligne et direction, couleur, marque, contenu ou autres particularités) seront précisées sur un formulaire pour l’identifier. Une vérification sera faite sur base des objets reçus et encodés. Si une description correspond, la personne est recontactée et l’objet lui sera rendu au guichet, à condition de présenter une pièce d’identité et moyennant le paiement de 5 euros de frais administratifs. Le bureau est ouvert le lundi et le mercredi, de 12 à 18 heures.

35 m² de tranches de vie.
35 m² de tranches de vie. © Sébastien Cools

Que faire si je trouve un objet ?

Lorsqu’un voyageur trouve un objet, le plus efficace est de le donner à un membre du personnel de la STIB, qui fera le nécessaire pour qu’il soit acheminé jusqu’au bureau des objets trouvés. Une procédure spécifique existe pour les objets suspects, impliquant alors la sécurité, voire la police.

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