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Appel à rapatrier tous les enfants des camps du nord-est de la Syrie avec leurs parents

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Par Catherine Tonero avec Sandro Faes-Parisi

Le délégué général francophone aux droits de l'enfant, Bernard De Vos, a lancé vendredi un appel à rapatrier d'urgence tous les enfants des camps du nord-est de la Syrie avec leurs parents.

Au lendemain de la chute de Baghouz, le 23 mars 2019, et de l'anniversaire de la résolution du Parlement européen qui invite les Etats membres à rapatrier tous les enfants européens, "il est urgent que ces mêmes Etats ne se rendent plus complices de la détention arbitraire et illégale de leurs enfants", souligne-t-il dans un communiqué. 

Sachant désormais que la seule voie possible pour protéger ces enfants est leur rapatriement dans leur pays d'origine, "nous appelons tous les pays européens à agir en ce sens et à faire appel à ceux qui ont déjà rapatrié pour obtenir aide, conseil et soutien dans un effort de coordination. Nous enjoignons aussi les pays européens à être solidaires en se mettant au service de tous les autres pays concernés et à joindre leurs efforts pour porter secours à tous les enfants", poursuit-il. 

Il rappelle que le 20 janvier dernier, le groupe djihadiste Etat Islamique (EI) tentait par la force de regarnir ses rangs depuis la chute de son califat en 2019. "Son assaut sur Ghwayran, ancienne école reconvertie en pénitencier, la plus peuplée de cette région du nord-est de la Syrie, a montré la fragilité des FDS (Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes) à tenir sous contrôle ses milliers de détenus, hommes, femmes et enfants". 

© AFP

Pour M. De Vos, cette attaque a rappelé à la communauté internationale que des milliers d'enfants, européens et non-européens, croupissent dans des camps de détention dans le "Kurdistan syrien".  "Qu'ils sont toutes et tous détenus de manière illégale et arbitraire depuis de trop nombreuses années".

Il y a déjà plus de 5 ans que de nombreux observateurs onusiens, défenseurs des droits de l'homme et des droits des enfants et des responsables d'ONG humanitaires se sont indignés des conditions de vie des camps administrés par les Kurdes, souligne M. De Vos. 

Pour lui, ces conditions ne sont pas seulement déplorables, elles sont totalement inhumaines, au point de faire de ces camps une "prison à ciel ouvert, désormais nommée le Guantanamo européen". 

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Près de 40 000 enfants sont détenus, avec leurs mères s'ils ne sont pas orphelins, au sein d'Al-Hol, de Roj et des autres camps proches de la frontière irakienne dans le nord-est syrien. Près de la moitié d'entre eux sont irakiens et 7.800 enfants viennent d'environ 60 pays. La plupart sont âgés de moins de 12 ans. Ces enfants, majoritairement nés sur place, ne connaissent depuis leur naissance que la guerre du temps de l'EI ou la détention depuis la chute de Daech. Pas un seul de leurs droits n'est respecté. "Sur les 517 personnes enregistrées comme décédées dans le camp d'Al-Hol en 2019, 371 étaient des enfants" déplore M. De Vos.

Selon lui, l'assaut de la prison à Hassaké en janvier dernier a augmenté le climat de violence dans la région et par effet ricochet, également dans les camps. 

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Le Comité des droits de l'enfant des Nations unies a rendu le 23 février un rapport faisant suite aux plaintes déposées par des mères françaises et leurs familles. Celui-ci met en évidence la responsabilité de l'Etat quant au fait de se rendre coupable de violation de leur droit à la vie, ainsi que de leur droit à ne pas subir de traitements inhumains et dégradants. Il indique aussi explicitement que la seule protection contre ce danger imminent de mort est le rapatriement.

"La situation actuelle nécessite une action d'extrême urgence. Le 16 juillet 2021, dix enfants belges avec leurs mères ont été rapatriés du camp de Roj. Malgré les réticences à rapatrier les femmes 'djihadistes', c'est bien l'intérêt supérieur des enfants qui a été considéré", souligne enfin le délégué général. 

Selon lui, la Belgique n'est pas la seule à avoir réalisé une telle opération, d'autres pays européens tels que la Finlande, l'Allemagne, la Suède ou le Danemark et d'autres pays non-européens ont déjà rapatrié des enfants et des mères.

© AFP

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