Tendances Première

Apprenez à rêver, ça rend créatif

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Par Christian Rousseau

Aurélie Russanowska se penche sur l'importance de rêver. Révasser nous rendrait plus créatif.

Elle a été inspirée par la dernière campagne de la SNCB que l’on a pu découvrir sur nos écrans il y a quelques semaines déjà. 

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Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, la SNCB a réalisé 3 mini histoires de voyageurs qui regardent par la fenêtre. Quelque chose attire leur regard et les emmène brièvement dans leurs pensées. Ici le personnage, Noah, observe des ingénieurs de chantier en grande discussion et se met à songer à son propre avenir. On le voit flotter dans les airs avant d’être interrompu par le contrôleur qui lui demande son billet. La voix de la chanteuse d’opéra Netania Davrath nous berce et nous donne envie à nous aussi, de nous évader en pensées. 

C'est un message étonnant dans la société actuelle. Le rythme est lent, la musique est douce. On est loin de la tendance des memes, des gifs, des effets de voix, des images saccadées par ce que cela fait plus moderne.

D'où la question d'Aurélie Russanowka :
 

"Combien de gens aujourd’hui rêvassent lorsqu’ils voyagent en train, en métro ou en tram. N’est-on pas plus absorbé par notre téléphone qui contient tous les contenus possibles et imaginables ?

On peut passer d’un article à une vidéo, à nos messages, aux achats en ligne sans jamais devoir lever la tête et regarder par la fenêtre. Or rêvasser est une porte vers la créativité et on passe sans doute à côté, de plus en plus.
 "

 

Rêver c'est quoi ?

Une rêverie c’est véritablement lorsque soudainement notre esprit vagabonde, s’évade et pense à tout à fait autre chose que ce qui l’entoure. Elle dure en moyenne 14 secondes. Une rêverie n’est pas non plus une rumination.

C’est une pensée généralement plus positive. Plusieurs études convergent toutes dans le sens que rêvasser est utile pour notre cerveau et active nos capacités cérébrales créatives. Cela lui permet de se restructurer, de se réorganiser, de faire de la place pour de nouvelles idées et des nouveaux projets. En d’autres termes, de faire preuve de créativité.

Plus on rêvasse, plus on sera créatif. Pour l’étudier, des scientifiques doivent d’abord créer un contexte propice pour se mettre à rêvasser. Ils demandent à un échantillon de participants d’effectuer une tâche répétitive comme cliquer sur une flèche une fois à gauche, une fois à droite, ou de garder un point fixe pendant 5 minutes.

Après un moment, l’activité cérébrale dévoile que le cerveau est en train d’imaginer. En interrompant les participants à ce moment-là, on découvre qu’ils sont en train de penser, d’inventer un scénario, de trouver une solution à un projet.  

Est-ce que l’on s’ennuie suffisamment? 

Pour rêver, il faudrait s'ennuyer? Et, il est fort probable que l’on ne s’ennuie plus assez. Pour être capable de rêvasser, il est nécessaire de s’ennuyer ou d’effectuer une tâche répétitive qui n’implique pas de réfléchir: lorsqu’on marche, lorsqu’on est sous la douche, lorsqu’on épluche des pommes de terre.

Or l’ennui a toujours été quelque chose que l’on souhaite éviter, on s’est inventé des passe-temps comme des jeux, le théâtre pour éviter l’ennui. La distraction est elle aussi nécessaire car elle permet aussi d’échapper à la réalité.

Mais notre addiction aux écrans et surtout à notre téléphone rend la possibilité de s’ennuyer, et donc de se mettre à rêvasser, quasi impossible. Notre téléphone nous accompagne partout, même aux toilettes, même à la machine à café du bureau, même lorsqu’on marche. Il y a tellement de contenus disponibles partout et tout le temps qu’on ne sait plus où donner de la tête.

Et pire que le contenu, il y a les contacts sociaux en permanence. On n’est jamais seuls.  

 

On peut s’inquiéter de la capacité des plus jeunes à rêvasser et donc à organiser ses idées et à créer. Les jeux vidéos ne seraient pas qu’un divertissement. Ils seraient peut-être aussi le dernier endroit où les enfants peuvent se concentrer, seuls et donc se sentir libres.

Car les enfants d’aujourd’hui ont peu de temps de libre ou peu de liberté tout simplement. On parle beaucoup d’overparenting - c’est-à-dire de cette tendance qu’ont les parents modernes d’en faire trop: trop d’activités pour éviter l’ennui qu’on a du mal à gérer, mais aussi trop de présence, trop de protection : pas tout seul dans la rue, pas tout seul dans le parc.

Sans oublier les caméras de surveillance dans les chambres des plus petits ou les applications de géolocalisation. On les nomme les parents hélicoptères. Une attitude parentale tue-rêverie. Et par conséquent sans doute tue-créativité.  

 

Rêvasser serait donc une manière d’avoir encore un peu d’intimité dans un monde qui voit et qui sait tout. 

Exactement. Rêvasser c’est cultiver son jardin secret. Dans une étude réalisée par l’Université du Minnesota aux USA, 80% des participants ont déclaré qu’elles ne souhaitaient pas révéler leurs rêveries. Elles préfèrent même avouer quelque chose d'embarrassant, leurs rêveries étant de l’ordre de la sphère privée.

Rêvasser est peut-être pour les enfants et pour les adultes le dernier refuge où l’intimité est possible. Loin des Big data, loin des “contacts sociaux”. Mais pour accéder à ce paradis encore vierge, si proche mais de plus en plus difficile d’accès, il faut se forcer à laisser son téléphone en poche lorsqu’on marche, ne pas obliger quelqu’un à discuter.

Accepter les silences. Être libres et laissez les autres en paix tout simplement. 

Tendances Première : Les Tendanceurs

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