Tout juste auréolée de son Magritte d’honneur et bientôt à l’affiche d’un film belge Le cours de la vie de Frédéric Sojcher, l'actrice et réalisatrice Agnès Jaoui a accepté d'embarquer dans Hep Taxi! ce dimanche 26 mars à 22h25 sur La Trois ! Cette nouvelle récompense rejoindra très probablement les six Césars, le Molière et la Victoire de la musique dans la catégorie "Musique du monde" dont l'actrice s'est déjà vue récompensée et qui en font une des comédiennes les plus primées du cinéma français !
Faut-il encore présenter Agnès Jaoui ? Depuis près de 40 ans, sa clairvoyance et son franc-parler se jouent du snobisme social, des apparences et de la complexité des rapports humains. Avec son complice, Jean-Pierre Bacri disparu il y a deux ans, elle a écrit et joué dans pas moins de huit films dont Le goût des autres, son premier film en tant que réalisatrice et deux pièces de théâtre qui ont rassemblé près de treize millions de spectateurs.
Tout commence quand à quatorze ans, Agnès Jaoui intègre le Cours Florent. Ses parents originaires de Tunisie sont arrivés peu de temps avant sa naissance en France. Ils sont fous de culture française et ont tiré la jeune Agnès et son frère dans tous les musées au hasard de leur chemin. Alors pourquoi pas le théâtre ? D'autant que Monsieur Jaoui travaille dans le marketing avec le frère de Francis Huster.
Quelques années et cours plus tard, la jeune comédienne intègre la troupe des Amandiers de Patrice Chéreau. Fin des années 80, le metteur en scène est adulé mais le courant passe mal et la jeune actrice n'apprécie pas trop le sectarisme du maître des lieux. A la même époque, Agnès Jaoui fait ses premiers pas devant la caméra de son frère Laurent, alors étudiant à l’Insas.
Une actrice qui écrit
Mais c'est en 1987 lorsqu'elle joue dans L’anniversaire d’Harold Pinter qu'elle rencontre Jean-Pierre Bacri. Couple à la scène comme dans la vie, ils partagent les mêmes colères et indignations, un sens aigu de l’observation qu'ils mettent à profit pour interroger les mœurs de l'époque.
Des couples de cinéma ou théâtre, tout le monde en connait mais rares cependant sont ceux qui écrivent ensemble. Plus rares encore sont ceux où la femme filme l'homme comme elle le fera dans Le goût des autres, César du Meilleur film en 2001.
Deux pièces les font connaitre Cuisine et dépendances en 1991 couronnée de quatre Molières et Un air de famille en 1994, une pièce qui s'inspire de la famille de Bacri et qui reçoit le Molière du meilleur spectacle comique et celui de la comédienne dans un second rôle pour Catherine Frot.
Alain Resnais les repère et leur confie l'écriture de Smoking, No smoking qui obtiendra le César du Meilleur scénario en 1993. A partir de là, ils deviennent les Jacri, des incontournables dans le milieu cinématographique en France.
Le féminisme pour s'affranchir du regard des hommes
Agnès Jaoui, c'est aussi un combat féministe. En 2020, elle fait un discours poignant dans le cadre du collectif 50/50 dont elle est membre, où elle évoque son parcours de femme, passé par les étapes presque " banales " de la fillette abusée à 5 ans puis à 11 ans, l'obsession des régimes, l'obligation de plaire pour obtenir un rôle, l'absence de modèle d'identification pour les femmes et l'"effacement" des actrices passé le cap de la cinquantaine.
De son père profondément anticonformiste, Agnès Jaoui a hérité le sentiment d’être toujours un peu en marge. Ceci explique probablement le fait qu'elle aime présenter des schémas différents de ce qu’on voit habituellement au cinéma ou à la télévision, convaincue qu'elle est par le pouvoir de l'image.
Quand les choses ne sont pas représentées, on ne sait pas qu'elles existent"
Alors oui, il y a des alternatives aux modèles de perfection que l'on impose aux femmes. On se sent moins seul quand on vous montre qu'il y a d'autres amours, d'autres parcours possibles.
J'ai l'impression qu'à mon tour, je peux consoler, épauler, redonner force et courage comme Jane Austen et Barbara l'ont fait pour moi à une certaine époque. J'ai de la tendresse pour ceux qui n'ont pas confiance en eux, qui se sentent minoritaires dans leur école, dans leur corps, dans leur façon de penser. L'idée de leur faire du bien m'émeut beaucoup. Ça a été et ça reste très moteur pour écrire.
Envie d'en savoir plus sur cette personnalité aussi inspirante qu'attachante, alors rendez-vous ce dimanche dans Hep Taxi ! à 22h25 sur La Trois !