Nombreux sont les supporters qui ont été marqués par l’arbitrage pratiqué durant la Coupe du monde 2022. Deux révolutions majeures de l’homme en noir y ont été induites. L’élargissement du temps additionnel a d’abord marqué les esprits, puis c’est la permissivité des arbitres qui a interpellé. Trop flagrant pour être fortuit, ce laisser-aller du corps arbitral au Qatar va-t-il faire des émules dans notre Pro League ?
Le pour : "cela fluidifie le jeu"
Comme en 2018, quatre cartons rouges ont été distribués sur l’ensemble du Mondial : un pour Wayne Henessey, gardien coupable d’une sortie kamikaze, un pour Vincent Aboubakar pour avoir enlevé son maillot, un autre pour Walid Cheddira au bout de deux jaunes et un dernier pour Denzel Dumfries, après le coup de sifflet final. Aucun bristol rouge pour une semelle crapuleuse, pour un coup direct, pour une provocation. Pourtant, les candidats ne manquaient pas. La volonté de la FIFA était de "fluidifier le jeu". En limitant le nombre de fautes sanctionnées, l’instance du foot mondial espérait rendre le spectacle plus vivant. Pierluigi Collina est parti du principe qu’une exclusion au cours d’un match ôtait de facto une partie du spectacle, puisque l’équipe sanctionnée se contenterait alors de défendre. Les chiffres sont clairs : il y a eu un carton toutes les 1500 minutes à la Coupe du monde 2022, il y en a toutes les 255 minutes en Pro League ! C’est six fois plus. Seule la Liga (210 minutes) et la Ligue 1 (250) sont plus répressives que nos arbitres belges. Avec 57 cartons rouges et 644 jaunes brandis, la Belgique fait partie des pays d’Europe les plus intransigeants. Une application du nouveau seuil de tolérance de la FIFA pourrait avoir un changement drastique sur nos matchs.
Il y a eu un carton toutes les 1500 minutes à la Coupe du monde 2022, il y en a toutes les 255 minutes en Pro League !
Le contre : gare à l’excès
Un match du Mondial aura particulièrement dérogé à la règle : celui opposant l’Argentine aux Pays-Bas. Avec un total de 16 cartons jaunes (+2 pour le staff argentin après la fin du match) ainsi qu’un carton rouge (lui aussi après le coup de sifflet final), cette rencontre a marqué une rupture avec le reste du mondial. La faute à Antonio Mateu Lahoz, un arbitre espagnol pourtant réputé qui n’a pas trouvé la clé pour rendre le match correct. L’oubli de carton pour Lionel Messi sur une faute de main explicite a provoqué soit un sentiment d’impunité soit d’injustice, en fonction de la couleur du maillot. Or les deux associés font rarement bon ménage. La rencontre s’est terminée dans un pugilat incontrôlable qui a accouché d’un record de cartons. Pas franchement une bonne publicité pour la FIFA et l’un de ses meilleurs arbitres, congédié dans la foulée.
De manière générale, cette permissivité revue à la hausse n’a-t-elle pas favorisé les équipes au tempérament défensif, qui ont proposé plus d’impact et de rugosité, au détriment des formations plus flamboyantes ? A-t-elle contribué à rendre le spectacle plus agréable pour le spectateur lambda ? On ne saurait l’affirmer.