Coupe du Monde 2022

Après le Costa Rica et la Croatie qui sera la surprise du Mondial ?

Le Danemark pourrait bien être la surprise de ce Mondial.

© BELGA

Historiquement, la Coupe du monde a offert beaucoup de surprises. Le Costa Rica en quarts de finale en 2014, la Croatie finaliste en 2018, les exemples sont légion. À l’approche de la nouvelle édition, tour d’horizon des potentielles bonnes surprises de la compétition.

Été 2014. Le Costa Rica se retrouve dans le groupe D avec l’Italie, l’Angleterre et l’Uruguay. Tout le monde plaint l’équipe d’Amérique centrale et se demande comment elle peut éviter le zéro pointé. À la surprise générale, les Ticos finissent premiers, sortent la Grèce ensuite et ne perdent qu’en quarts de finale contre les Pays-Bas aux tirs au but.

Cette année encore, une surprise similaire pourrait bien arriver. Pour bien cadrer notre réflexion, nous avons donc exclu les neuf principaux favoris désignés d’assez loin par les bookmakers, à savoir le Brésil, la France, l’Angleterre, l’Argentine, l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Portugal et la Belgique. Derrière eux, qui est capable d’aller loin, très loin même ? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre.

Danemark : le favori légitime parmi les outsiders

Christian Eriksen
Christian Eriksen © Tous droits réservés

Tout le monde se rappelle du 12 juillet 2021 lorsque Christian Eriksen s’est effondré durant la première journée de l’Euro. Miraculeusement, le joueur s’en est sorti, le Danemark et pu reprendre la compétition et se qualifier, in extremis, pour la suite du tournoi. Les résultats qui ont suivi ont placé l’équipe danoise parmi les grandes nations européennes. Défait en demi-finales après un penalty litigieux obtenu par l’Angleterre, le Danemark a fait date mais a surtout prouvé depuis que le retour au premier plan de l’équipe au niveau international n’avait rien à voir avec la chance ou l’histoire d’un tournoi suite à l’accident de son maître à jouer.

Après les Championnats d’Europe, les Danois ont assuré tranquillement leur place au Qatar avant de battre à deux reprises la France en Ligue des nations. Si leurs deux défaites face à la Croatie ne leur permettront pas de disputer le Final Four, l’espoir autour de la formation nordique n’a pas diminué. Avec plusieurs joueurs de premier plan (Eriksen, Höjbjerg, Christensen, Schmeichel, Dolberg etc.), l’équipe de Kasper Hjulmand a un vrai coup à jouer pour faire mieux que son meilleur résultat au niveau mondial : un quart de finale en 1998.

Pour aller loin, tout pourrait se jouer lors de la deuxième journée. Placé dans le groupe D avec la France, la Tunisie et l’Australie, le Danemark ira plus que probablement en huitièmes de finale. Après les deux rencontres de Ligue des nations à son avantage face aux Bleus, les Danois peuvent même légitimement croire à la première place de leur groupe. Un tel résultat leur offrirait une voie difficile mais abordable pour la suite de la compétition. Un huitième de finale potentiel avec le Mexique avant une revanche en quart de finale contre l’Angleterre si les Three Lions tiennent leur rang après leur déconvenue en Ligue des nations. Rien d’impossible sur papier. Imaginer le Danermark dans le dernier carré paraît donc être une hypothèse crédible. Toutefois, il faudra éviter de laisser la France devant soi en phases de groupe sans quoi le premier match à élimination directe pourrait être alors face à l’Argentine, l’un des principaux favoris à la compétition.

Croatie : le finaliste surprise veut recommencer

Luka Modric
Luka Modric © Tous droits réservés

Oui, la Croatie a déjà créé la surprise il y a quatre ans en atteignant la finale. Cela devrait placer l’équipe au damier automatiquement dans les candidats sérieux au titre mondial. Que l’on soit clair, cela n’est pas le cas. Pas dans les principaux, en tout cas. Il faut dire que les résultats qui ont suivi le Mondial russe n’ont pas forcément rassuré les supporters. Lors de la première Ligue des nations, fin 2018, les Croates n’ont pris que quatre points sur douze face à l’Espagne et l’Angleterre. Dans l’édition suivante, fin 2020, ils n’ont pris que trois points face à la France, le Portugal et la Suède. Leur élimination en huitièmes de finale de l’Euro est ensuite passée par là et replaçait, officieusement, la formation des Balkans dans le rang des équipes qui comptent, mais pas forcément pour jouer la gagne.

Sauf que, depuis, la donne a changé. Victorieuse de sa poule de qualifications avec 23 points sur 30, remportant au passage la finale pour la qualification face à la Russie, la Croatie était attendue en Ligue des nations cette année. Malgré un triste un point sur six pour démarrer, les hommes de Zlatko Dalić ont ensuite enchaîné quatre victoires de suite dont la double confrontation face au Danemark et le match au Stade de France, leur permettant ainsi de finir premiers de poule devant les Danois et les Bleus. Si l’importance à donner à la Ligue des nations reste sujette à débats, une telle performance est loin d’être anodine.

En poste depuis octobre 2017, Dalić fait l’unanimité dans son pays et possède une véritable armada qui ferait pâlir plus d’une équipe, surtout au milieu de terrain où le trio Luka Modric-Mateo Kovacic-Marcelo Brozovic a clairement sa place parmi les tout meilleurs milieux de terrain du monde.

Le vrai problème de la Croatie pour réaliser un nouvel exploit est que le tirage ne lui a pas forcément été favorable. Positionnée dans le groupe de la Belgique, la première place ne sera pas facile à aller chercher même si elle est jouable. Son vrai souci réside dans les potentiels adversaires en huitièmes de finale. À moins d’un exploit du Japon ou du Costa Rica, le huitième de finale, en cas de qualification, sera face à l’Espagne ou l’Allemagne. Difficile de faire pire. Pourtant, si l’équipe joue comme en Russie, tout semble possible. Pour rappel, la Croatie avait battu sèchement l’Argentine en poules (3-0), avant de s’en sortir de justesse face au Danemark, la Russie et l’Angleterre pour atteindre la finale. Sans doute sous-estimée, la Croatie a de vraies chances de faire mal à tout le monde. De là à dire qu’ils pourront faire aussi bien qu’il y a quatre ans, c’est un pas encore très (trop ?) grand à franchir.

Sénégal : les lions sont affamés

Edouard Mendy sous le maillot de Chelsea.
Edouard Mendy sous le maillot de Chelsea. © Tous droits réservés

Il fallait bien citer une équipe africaine qui pourrait faire vibrer tout le continent. Dans ce cas, qui de mieux que le vainqueur de la dernière CAN ? Vainqueur de son groupe de qualifications assez facilement (16 points sur 18) en 2021, le Sénégal a ensuite enchaîné avec son premier titre de champion d’Afrique remporté en janvier dernier en battant l’Égypte aux tirs au but. Seulement deux mois après, les Lions de la Teranga ont retrouvé l’Égypte pour un barrage épique qui s’est soldé sur le même résultat qu’à la CAN : une victoire aux tirs au but. Meilleure formation africaine au classement FIFA (18e) et champion du continent, le Sénégal est le fer de lance de toute l’Afrique qui attend désespérément de voir l’une de ses équipes en demi-finales.

Très bien géré par Aliou Cissé, le Sénégal est en pleine progression. En trois éditions de la CAN, il est passé de quarts de finale à la finale puis à la victoire. Pour parvenir à de tels résultats, plusieurs joueurs cadres portent cette équipe à un haut niveau. Le trio Edouard Mendy-Kalidou Koulibaly-Sadio Mané (finalement forfait) serait titulaire dans la grande majorité des équipes favorites au titre suprême.

Le problème du Sénégal pourrait résider dans le manque d’habitude à affronter des adversaires de haut niveau. Depuis octobre 2019 et un partage face au Brésil (1-1), le Sénégal n’a affronté aucune équipe du top 10 mondial. Lors de leur premier match au Qatar face aux Pays-Bas, cela pourrait se ressentir. Malgré cela, le pays peut nourrir de grandes ambitions. Avec l’Équateur et le pays hôte comme autres adversaires, une élimination au premier tour serait vécue comme un véritable échec. Et avec le groupe B au menu en huitièmes de finale, avec une Angleterre en plein doute comme prétendant numéro 1, faire partie des huit dernières équipes ne ressemble pas à un rêve inatteignable.

Suisse : enfin dans le dernier carré ?

Granit Xhaka
Granit Xhaka © AFP or licensors

Qualifiée pour la cinquième fois consécutive, la Nati est une habituée de la scène mondiale mais court toujours après une compétition de référence. En onze participations, la Suisse a échoué trois fois en quarts de finale et attend désespérément d’atteindre le dernier carré. Sur la scène continentale, les quarts de finale (atteints en 2021) représentent également un plafond de verre que tout le pays cherche à briser. Elle n’en était d’ailleurs pas très loin il y a un peu plus d’un an, s’inclinant aux tirs au but face à l’Espagne aux portes des demi-finales.

Depuis, sans faire de bruit, la Suisse a tout de même réalisé certaines performances, se qualifiant notamment pour le Qatar en devançant les champions d’Europe italiens. En Ligue des nations, la Nati a obtenu neuf points dans un groupe composé de l’Espagne, du Portugal et de la République tchèque. Plus intéressant encore, ces neuf points ont été pris sur les trois dernières rencontres dont une victoire à Genève face au Portugal et sur le terrain de la Roja.

Emmenée par un Granit Xhaka dans la forme de sa vie, la Suisse pourrait bien marquer l’histoire de son pays cet hiver. Placée dans le groupe G avec le Brésil, la Serbie et le Cameroun, la Suisse a de vraies chances de terminer deuxième derrière la Seleção même s’il faudra se méfier fortement de l’armada serbe. Ensuite, un huitième de finale face au Portugal ou l’Uruguay serait au programme. Si elle ne partirait pas favorite, la Suisse a prouvé récemment qu’elle pouvait sortir victorieuse d’une rencontre face à ce genre d’équipes ne faisant pas partie des principaux favoris à la couronne mondiale. Plus que jamais, l’espoir est permis.

Qui d’autre ?

En dehors des quatre équipes précitées, d’autres équipes pourraient tout de même créer la surprise et aller loin. En affrontant une équipe anglaise en plein doute, les États-Unis et le pays de Galles ne peuvent pas s’interdire de rêver à la première place du groupe qui pourrait leur offrir un tableau plus ouvert vers les quarts de finale. Le Canada sera également à suivre de très près même si ses chances de qualification pour les huitièmes de finale ne sont pas énormes avec la Belgique et la Croatie dans son groupe. Toujours dans l’ombre, l’Uruguay aussi une grosse carte à jouer même si une place dans le dernier carré ne serait pas forcément une sensation pour une équipe demi-finaliste en 2010 et quart de finaliste en Russie. Enfin, la Serbie a également la tête d’un client surprise si elle parvient à devancer la Suisse et le Cameroun lors des phases de poules.

Comme chaque année, il suffit d’une ou deux surprises pour s’offrir un tableau "ouvert". Demandez à la Croatie en 2018. Il faut donc s’attendre à ce que cela arrive encore pour cette édition, surtout dans des conditions particulières avec une préparation tronquée. Tout peut arriver, rien ne semble totalement impossible. Et c’est ça, la beauté du foot.

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