Nous avons rencontré Ambre Ciselet, l'autrice du podcast Après les murs. Elle évoque la genèse de ce projet
Comment as-tu rencontré Serge ?
J’ai rencontré Serge via un ami proche. Cet ami a commis des délits et il a failli aller en prison. J’ai eu très peur pour lui parce que je me disais que s’il allait en prison, il ne sortirait plus de l’univers de la délinquance. Heureusement, il n’a pas été condamné à une peine d’emprisonnement. Et un jour, il a rencontré Serge Thiry. Serge est président d’une association qui sensibilise à la délinquance. C’est en partie grâce à lui qu’aujourd’hui cet ami a trouvé sa place dans la société.
A mes yeux, le message de Serge est essentiel. La plupart des gens qui sont en prison se sont d’une manière ou d’une autre senti exclus de la société. Ils ont besoin qu'on leur donne une vraie place. Au lieu de cela, on les enferme et on les exclut encore un peu plus. C’est absurde. On gâche des vies entières. La prison devrait être utilisée en dernier recours.
Dans mon travail, j’ai toujours cherché à raconter des histoires qui vont impacter positivement le monde. Avec ce podcast, Après les murs, mon but c’est de remettre en question notre vision de la justice.
Pourquoi avoir choisi le podcast pour raconter son histoire ?
Le podcast c’est le média de la proximité et de l’émotion. Quand on écoute une histoire, on se crée des images mentales. Chaque parcours et chaque cerveau est unique donc chacun se crée ses propres images. Déjà, de base, ce concept est passionnant mais en plus il y a un avantage considérable : ces images personnelles sont beaucoup plus fortes que n’importe quelle image extérieure. Le podcast c’est aussi une belle manière de parler en douceur de sujets très durs. Dans Après les murs on touche à des sujets très sensibles, parfois franchement difficiles. Avec le son, on peut aller en profondeur dans ces sujets-là sans tomber dans le pathos.
Quelle différence entre justice punitive et restauratrice ? Où en est-on avec la justice réparatrice en Belgique ?
La justice restauratrice met l’accent sur le fait de recréer du lien entre l’individu et la société. Elle prend en compte le contexte social dans lequel s’inscrit le délit.
Ça rejoint un peu l’idée dont on parlait juste avant : l’exclusion mène à la délinquance. Il ne faut pas oublier que la délinquance c’est un fait de société. D’ailleurs, la grande majorité des personnes qui sont incarcérées vivent sous le seuil de pauvreté. Ce n’est pas lié à la personnalité d’un individu, il faut prendre en compte plus de facteurs.
En fait, pour moi la justice restauratrice regarde plus loin que la justice punitive, elle ne se contente pas de regarder le délit, elle essaie de comprendre le contexte et de réparer les liens qui ne fonctionnent pas.