Mode

Après l’overdose de baskets, le mocassin séduit les hommes

Après l’overdose de baskets, le mocassin séduit les hommes.

© Philippe LOPEZ/AFP

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Par RTBF avec ETX

En quête d’une nouvelle élégance, des hommes qui ont grandi en baskets enfilent des mocassins, qu’ils soient mode ou classiques, mais portés de façon décalée.

Les hommes veulent une chaussure plus "habillée"

Pierre Hardy, créateur de chaussures chez Hermès et pour sa propre marque, note "une hausse perceptible" de la demande pour les deux maisons, "depuis cette saison et dans les achats pour l’été". Après les confinements, "il y a eu une lassitude du cosy à tout prix. On a la permission de sortir et on veut des choses plus élégantes, plus chic".

"Il y a de moins en moins de sneakers sur les podiums" et "on observe clairement un passage des sneakers à la mode à des chaussures plus formelles chez les clients", commente Thom Scherdel, acheteur pour le magasin Browns à Londres.

"On est arrivé à une surenchère de sneakers", relève Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po, citant le couturier Paul Poiret : "Tout excès en termes de mode est signe de la fin".

Le mocassin, valeur refuge

"A chaque mode, il y a un effet boomerang", souligne Olivier Saillard, historien de la mode et directeur artistique de J.M. Weston, fabriquant français de mocassins de luxe. Les baskets, "qui étaient de toutes les situations, de tous les âges, ont mis dans l’ombre des chaussures qui donnaient du socle à l’homme".

Le styliste star trentenaire Jacquemus a ainsi porté des mocassins noirs, de même que ses mannequins hommes, lors d’un défilé en décembre, malgré sa collaboration très remarquée  avec Nike pour des sneakers.

Pour Olivier Saillard, les jeunes qui achètent des Weston recherchent aussi une "valeur" : la maison est l’une des rares à continuer à tout produire en France, dans sa manufacture à Limoges, qui s’engage à les restaurer à vie.

Tout est dans le décalage !

Il a fait introduire chez Weston un mocassin triple semelle "plus rock" ou un modèle 4/4 d’inspiration "workwear". Mais c’est le mocassin classique datant de 1946 et baptisé "180", du nombre des prises en main pour le réaliser, qui se vend le mieux. En noir.

"Pour être à la mode avec un mocassin classique, il faut le porter avec un pantalon un peu plus large, un jean, un bleu de travail.

Autre astuce pour faire grimper le quotient mode : des chaussettes qui "n’ont rien à voir", blanches avec des mocassins noirs ou grosses et texturées… Ou un jogging pour les plus audacieux.

Un brin réac ?

Malgré tout, les avis restent mitigés, certains trouvant que cette chaussure traîne encore une image conservatrice.

Ravi du retour de la chaussure de son adolescence qui évoque pour lui "hype", "new wave", voire la rébellion symbolisée par les Beatles ou Michael Jackson, Pierre Hardy concède lui aussi que ce n’est pas le soulier le plus sexy. "Il n’y a jamais de mocassins à un défilé Hermès", où il travaille depuis plus de 30 ans aux côtés de la styliste Véronique Nichanian pour la silhouette d’un homme "séduisant".

A un moment, "c’était vraiment la chaussure BCBG, de droite, réac", qui renvoie inconsciemment à l’image du "dandy coincé", contrairement à la basket, qui "porte un message corporel : un mec qui bouge, qui fait du sport, qui n’a pas peur de porter du blanc en hiver".

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