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Après Molenbeek, trois autres communes bruxelloises interdisent la venue de Filip Dewinter et de Geert Wilders

Catherine Moureaux, Filip Dewinter et Geert Wilders

© BELGA

Par RTBF Info et Belga

La bourgmestre de Molenbeek, Catherine Moureaux (PS) a fait publier jeudi en fin de journée une ordonnance de police visant à interdire la visite des leaders belge et néerlandais d'extrême droite Filip Dewinter et Geert Wilders annoncée par ceux-ci pour vendredi.

"L'événement et le rassemblement prévus ce 13 mai par Messieurs Filip Dewinter et Geert Wilders est interdit sur le territoire de Molenbeek-Saint-Jean. Tout rassemblement de personnes dans le cadre de cette démarche, participants, organisateurs ou opposants est interdit sur le territoire de la commune", indique cette ordonnance. 

Catherine Moureaux y justifie cette décision notamment par le résultat de l'analyse de risque transmise par l'Organe de Coordination pour l'analyse de la Menace (OCAM), par le risque de "trouble grave à l'ordre public" sur le territoire de la commune, et par le fait que "l'organisation de l'événement risque de porter gravement atteinte à la paix publique par son caractère ostensiblement provocateur, injurieux et discriminatoire envers les habitants de la commune de Molenbeek-Saint-Jean".

Selon l'ordonnance de police, l'OCAM estime qu'"une menace terroriste et extrémiste grave pèse sur la personne très controversée de Geert Wilders et qu'il serait particulièrement déconseillé de l'exposer dans le contexte d'un événement ouvertement provocant et largement annoncé publiquement", et qu'en ce qui concerne Filip Dewinter, tout comme pour l'événement, la menace est évaluée au niveau 2 (moyenne).

Porter gravement atteinte à la paix publique par son caractère ostensiblement provocateur, injurieux et discriminatoire envers les habitants de la commune de Molenbeek

L'ordonnance précise aussi que dans un courrier adressé jeudi à la police de la zone, Filip Dewinter a annoncé un changement d'itinéraire et un passage par des voiries très fréquentées dont la chaussée de Gand et qu'il est impossible, compte tenu du niveau de la menace de l'événement, de mettre en place un dispositif permettant de prévenir ou maîtriser les éventuels débordements.

Anderlecht, Saint-Josse et Schaerbeek embraient

Après Molenbeek jeudi, la commune d'Anderlecht a décidé ce vendredi matin d'interdire préventivement toute venue potentielle des deux leaders d'extrême droite sur son territoire.

"Face à cette menace grave pour l'ordre public, j'ai signé à la première heure une ordonnance de police interdisant toute forme de rassemblement en lien avec ce projet nauséabond sur le territoire d'Anderlecht", indique le maïeur anderlechtois, Fabrice Cumps (PS).  

"Jamais nous ne céderons aux provocations de l'extrême-droite qui visent uniquement à détruire toute la dynamique positive et inclusive que nous tissons au jour le jour avec tous les Anderlechtois(es) quelles que soient leurs origines", ajoute-t-il dans un communiqué.  

En fin de matinée, Saint-Josse et Schaerbeek ont pris la même décision.

Geert Wilders et Filip Dewinter avaient annoncé jeudi leur intention de "se promener" dans les rues de Molenbeek. Interdits de présence par la bourgmestre Catherine Moureaux, les deux hommes ont laissé entendre qu'ils se rendraient dès lors dans une autre commune bruxelloise.   Ils ont prévu une conférence de presse ce vendredi en fin de matinée, vraisemblablement pour annoncer leur nouvelle destination de "promenade".

Reportage JT du 26 avril :

"Parcelle de califat"

Le document évoque, pour justifier l'argument de la provocation, certains termes utilisés par Filip Dewinter sur les réseaux sociaux pour annoncer l'événement ("un safari de l'islam"') et l'existence de deux vidéos dans lesquelles Geert Wilders qualifie Molenbeek de "parcelle de califat" et de "symbole de toutes les communes qui sont complètement aliénées et islamisées et que nous devons reconquérir".

Sur le plan politique, Catherine Moureaux a dit ne pouvoir accepter, en tant que bourgmestre, que sa commune subisse "une véritable provocation de l'extrême droite".

Elle ne se dit pas surprise de "cette démarche de l'extrême droite dont le fonds de commerce est de toujours d'opposer les gens, qui attise la haine des autres et stigmatise toute une population à des fins purement électoralistes".

"Molenbeek est fatiguée du bashing permanent à son encontre. Elle mérite le respect, en particulier, sa jeunesse, et mieux que les caricatures des bien-pensants. Malgré nos difficultés dues au contexte économique et à l'après-pandémie, nous nous efforçons jour après jour de renforcer nos services publics, d'améliorer la qualité de notre enseignement, de financer notre CPAS, de valoriser notre jeunesse?", a encore dit Catherine Moureaux.

Molenbeek est fatiguée du bashing permanent à son encontre

À ses yeux, cette commune de l'ouest de Bruxelles est une commune universelle. "C'est peut-être ça qui dérange fondamentalement. Nous sommes une grande commune dans une des régions d'Europe comptant une population des plus jeunes, une commune multiculturelle et ouverte sur la diversité. Nous représentons tout ce que l'extrême droite déteste et pourtant, l'avenir de Bruxelles, de la Belgique, voire de l'Europe se construira à l'image de ce que nous sommes: ouverts à l'autre et chérissant la différence comme atout et non comme obstacle", a-t-elle encore commenté.

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