Vincent Macq quitte ce 1er mars le parquet de Namur, qu’il a dirigé pendant 9 ans, pour endosser la fonction de procureur du roi de Mons-Tournai. Retour sur le parcours de ce fin communicateur, qui, en 2018, avait fait fermer le Palais de Justice de Namur pour dénoncer le délabrement de l’appareil judiciaire.
Le « marginal » d’une famille de 5 enfants
Le père de Vincent Macq n’est autre que Pierre Macq, ancien recteur de l’UCL (de 1986 à 1995). C’est d’ailleurs là que Vincent Macq a fait ses études de droit de 1987 à 1992, avant d’exercer un mandat d’assistant aux Facultés universitaires Notre Dame de la Paix de Namur. Avocat au barreau de Bruxelles et de Nivelles de 1993 à 1999, il devient substitut du procureur du roi de Namur en 2000 où il prend notamment en charge les dossiers de mœurs et de jeunesse. Après un détour de 3 ans au Maroc, où il exerce la fonction de magistrat de liaison, il devient procureur du roi de Namur en 2014.
"C’est un peu le marginal de la famille, plaisante Benoît Macq. Nous sommes cinq enfants, et c’est le seul non-scientifique. Il a toujours aimé discuter, faire des phrases, argumenter."
Et c’est vrai que l’homme est un habile communicateur. Comme procureur du roi de Namur pendant 9 ans, il a appris à travailler avec les journalistes ouvrant régulièrement la porte de son bureau pour des interviews souvent très calibrées mais sans langue de bois. Sur les plateaux de télévision, toujours très courtois, il fait preuve de pugnacité face aux hommes politiques responsables, à ses yeux, du délabrement de la justice belge.
Des prises de position marquantes
L’homme est pédagogue et aime les formules qui frappent les esprits. Pour dénoncer les discours de haine qui se répandent sur les réseaux sociaux, lors de son speech de nouvel an en 2020, il lâche cette formule : " Les loups sont de retour ! Nous devons nous souvenir que cela a commencé comme ça dans les années 30'. Et on sait où cela nous a menés… "
" Il est profondément attaché aux principes démocratiques, explique Benoit Macq. Nos deux grands-pères ont été résistants. L’un est mort à Mauthausen et l’autre est revenu des camps avec juste la peau sur les os. Ce sont nos héros cachés de la famille. Mon frère est imprégné de cette histoire. "
A Namur, on ne peut cependant pas dire que Vincent Macq se soit frotté à des dossiers de grande envergure. Le plus médiatique et le plus sensible restera sans doute la condamnation obtenue pour outrages aux mœurs à l’encontre du bourgmestre socialiste de Sambreville Jean-Charles Luperto.
Son mandat a par ailleurs été marqué par deux féminicides successifs, qui ont fortement secoué l’opinion publique : l’affaire Wivinne Marion et le féminicide d’Assesse. Dans ce dernier dossier, le meurtrier, Luc Nem, était un récidiviste qui sortait de prison, ce qui avait soulevé des questions sur le fonctionnement de la justice. Face à l’orage, le procureur du roi s’était défendu et avait réclamé plus de moyens pour encadrer les victimes de violences conjugales.
On se souviendra enfin que Vincent Macq était procureur du roi pendant la crise sanitaire, incarnant alors une position ferme face au non-respect des règles de confinement.
« C’est la droite modérée »
D’ailleurs, ses amis disent de lui qu’il est ferme, même s’il est aussi capable de dialoguer. Ses adversaires, eux, le décrivent comme autoritaire. " Ne comptez pas sur lui pour mettre le bordel, résume un ancien magistrat namurois. C’est un procureur, pas un assistant social. Ce n’est pas un progressiste, mais ce n’est pas un réactionnaire non plus. C’est la droite modérée. "
Des deux syndicats de la magistrature, Vincent Macq a d’ailleurs choisi le plus conservateur des deux, l’UPM (l’Union professionnelle de la magistrature) dont il assure la présidence depuis 2017. C’est un autre trait de sa personnalité : cet ancien chef scout aime prendre des responsabilités. Il milite depuis des années pour améliorer les conditions d’exercice de la justice en Belgique à l’image de son combat pour obtenir la construction d’un nouveau Palais de justice à Namur. Délabré et dangereux, l’actuel Palais avait été fermé en partie par l’inspection du travail en 2018, suscitant cette réaction de Vincent Macq : " Ce palais est à l’image de la justice belge, le symbole d’une déroute, d’un naufrage ".
En quittant Namur, Vincent Macq jettera sans doute un coup d’œil sur le chantier du nouveau Palais, entre le chemin de fer et la Meuse, qui a démarré en 2021 et symbolise bien son approche militante de la magistrature. Une approche dont il pourrait rapidement faire bénéficier ses nouveaux confrères. "Je me battrai pour Mons et Tournai, c’est très clair", nous confiait-il récemment, en évoquant l’état des bâtiments de justice dans l’ouest du Hainaut.
