Bruxelles

Après Uccle, Bruxelles-ville s’engage aussi dans la riothermie pour climatiser son futur centre administratif

Sous la rue des Halles, des tuyaux de polyéthylène capteront la fraîcheur des eaux d’égouts pour rafraîchir les bâtiments de Brucity.

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Par Véronique Fievet

Quatre mètres sous le trottoir, l’eau des égouts est brunâtre et l’odeur assez écœurante mais cela n’enlève rien à son atout principal. Avec douze degrés en moyenne (seulement quelques pointes à 18 en été et à 6 en hiver), sa température est quasi constante ! Et cette stabilité est devenue une aubaine à l’heure des économies d’énergie. L’entreprise Vivaqua y a vu un réel potentiel et a récemment convaincu la Ville de Bruxelles d’avoir recours à la riothermie pour réguler la température de son futur centre administratif.

Un bâtiment entièrement vitré qui menaçait d’être invivable en été

Devant la façade vitrée de Brucity, l’échevin du Climat, l’Ecolo, Benoit Hellings en est convaincu ! "3000 personnes vont travailler ici avec beaucoup d’ordinateurs. Il fallait trouver une solution écologique pour le refroidir, surtout en été lorsque la chaleur risque de monter derrière les triples vitrages. Avec Vivaqua, nous avons donc opté pour un système innovant et bon marché (coût estimé entre 150.000 et 200.000 euros) . Il consiste à rafraîchir le bâtiment par des plafonds refroidis grâce à l’eau des égouts et non grâce à des climatiseurs très gourmands en énergie."

Les 37.000 mètres carrés de la nouvelle cité administrative bruxelloise auraient vite pu devenir invivables en été.
Les 37.000 mètres carrés de la nouvelle cité administrative bruxelloise auraient vite pu devenir invivables en été. © Tous droits réservés

Le fond de l’égout a été tapissé de tuyaux de polyéthylène

Alors, comment ça marche ? Pour le comprendre, nous rejoignons en sous-sol, Olivier Broers, responsable des études et des investissements chez Vivaqua. "La base de tout : c’est placer des échangeurs dans l’eau des égouts. Ce bâtiment de 37.000 mètres carrés est comparable à un énorme frigo. Et plutôt que d’avoir de la dissipation de chaleur derrière le frigo par un maillage d’échangeurs, nous avons décidé de placer ces échangeurs dans le réseau d’égouts dont la température est beaucoup plus appropriée pour dissiper cette chaleur-là". Selon les premières estimations, 87% des besoins de refroidissement du complexe devraient être remplis par ce système.

A Uccle aussi on a misé sur la riothermie pour climatiser le nouveau centre administratif

En 2020, la rénovation du futur centre administratif fut aussi l’occasion de tester cette nouvelle technologie. A la différence de Brucity, il s’agissait, non seulement de refroidir le bâtiment en été mais aussi de le chauffer en hiver, en partie, grâce à la riothermie.

Deux ans plus tard, il est encore un peu tôt pour en dresser le bilan (le bâtiment n’est occupé que depuis quelques semaines) mais les premiers résultats sont encourageants, selon le bourgmestre Boris Dilliès. Pour Laurence Bovy, directrice générale de Vivaqua, la technologie tient ses promesses :"Nous prévoyions de fournir grâce à la riothermie un quart des calories nécessaires pour chauffer ce bâtiment en hiver ou le refroidir en été. Avec quelques mois de recul, cela semble être le cas."

Avec près de 2000 kilomètres d’égouts à rénover, cette technologie semble ouvrir de réelles perspectives. Pour être efficace, la riothermie a toutefois besoin d’égouts de grande taille et avec un débit important. Reste donc à convaincre d’autres partenaires, privés ou publics, de cette ressource souvent méconnue, cachée plusieurs mètres sous terre.

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