Belgique

Armes belges en Russie : "On a demandé à nos services d’intelligence et services militaires d’analyser cela", confirme Alexander De Croo

Par Théa Jacquet sur la base d'une interview de Thomas Gadisseux via

Après une chute de vélo, le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) est attendu ce 5 juin au Parlement fédéral pour expliquer l’opération Blackstone, qui a permis de libérer des prisons iraniennes quatre Européens dont Olivier Vandecasteele. Une large opération prévue dès le départ puisque la "volonté a toujours été de libérer le maximum de prisonniers innocents", avec en priorité Olivier Vandecasteele, assure l’invité de Matin Première. Pour le Premier ministre, il s’agit d’un "succès pour le Service d’intelligence et de sécurité et pour le service diplomatique".

Mais du côté de l’opposition au Parlement, on estime que la Belgique a cédé au chantage des Iraniens. Cette même opposition qui pendant un an et demi réclamait la libération d’Olivier Vandecasteele ne donnait "aucune manière de le faire", ponctue De Croo. "Pour moi, la règle est – mais ça, c’est ma règle personnelle -, que la vie d’un innocent vaut beaucoup. Et c’est une responsabilité que je prends et que j’assume", précise-t-il.

Alors que pendant des mois un accord de transfèrement, un accord entre l’Iran et la Belgique pour un échange de prisonniers a été imaginé, ce n’est finalement pas cette option-là qui a été utilisée pour libérer Olivier Vandecasteele. Comment expliquer ce revirement de situation ?

La première raison, d’après Alexander De Croo, est qu’"à la suite de la décision de la Cour constitutionnelle, il y avait tout un processus légistique après, en utilisant cet accord de transfèrement qui clairement allait mettre en péril Olivier Vandecasteele". La deuxième raison repose sur "le fait qu’on a libéré d’autres gens qui ne sont pas belges. Dans ce cas de figure, on ne pouvait pas faire rentrer cela dans cet accord de transfèrement", poursuit De Croo.

"Je voulais un débat parlementaire, un débat politique. On est clairement un des seuls pays dans le monde où on a fait ceci en toute transparence", se targue le Premier ministre. Pour autant, le fait qu’en Belgique, l’affaire Olivier Vandecasteele prenne une telle proportion, faisait de l’otage un trophée aussi pour les Iraniens.

Si la volonté de la Belgique est de continuer à libérer un maximum de gens innocents – il y a d’ailleurs plus de 20 Européens innocents toujours emprisonnés , il n’est pas prévu à ce jour d’étendre l’opération Blackstone à d’autres détenus iraniens dans des prisons européennes.

Dès son arrivée à l’aéroport militaire de Melsbroek, Olivier Vandecasteele a rapidement voulu s’entretenir avec le Premier ministre pour essayer de comprendre les coulisses de sa libération. "À ce moment-là, et ça a été difficile, j’ai fait le choix de ne pas raconter le fait qu’il y avait un 2e volet parce que le risque était trop grand pour les trois personnes qu’on savait qu’on allait libérer, mais je voulais être sûr qu’on pouvait le faire. Leur vie était plus importante", confie De Croo.

Des armes belges utilisées en territoire russe

Le Washington Post a récemment relevé que des armes belges produites par la FN et fournies à l’Ukraine par les autorités auraient été utilisées par des milices anti-Poutine sur le territoire russe. "On a demandé à nos services d’intelligence et services militaires d’analyser cela, mais je n’ai pas de confirmation. La règle est claire : c’est que naturellement nos armes qui sont fournies à l’Ukraine, c’est pour des objectifs défensifs du territoire ukrainien. Là, il y a des règles qui sont extrêmement strictes", affirme Alexander De Croo.

Outre le fait de constater la situation, quelle est alors notre marge de manœuvre ? "Essayons d’abord de bien vérifier les choses et de voir si la provenance de ces armes est en effet les dons que la Belgique a fait dans le cadre de la défense du territoire ukrainien. Après ça, je ne vais pas répondre à des questions conditionnelles, mais je peux vous dire que les règles sont extrêmement strictes par rapport à l’utilisation d’armes belges", expose l’invité de Matin Première.

Un conclave en vue pour la réforme fiscale

Alors que les Belges sont actuellement dans leurs déclarations fiscales, ils attendent une réforme fiscale annoncée depuis nombreux mois. Un conclave est annoncé pour le week-end du 17-18 juin. Il faut dire qu’en Belgique, il est souvent nécessaire d’enfermer les ministres pour que les discussions aboutissent à un accord.

"L’objectif est très clair. La différence entre travailler et ne pas travailler doit devenir plus grande, nos PME doivent pouvoir toujours avoir la capacité de créer de l’emploi. Donc notre côté de compétitivité est important. On améliore notre situation budgétaire, mais on doit continuer à améliorer notre situation budgétaire. Donc cette réforme ne peut pas avoir d’impact sur le solde budgétaire", détaille Alexander De Croo.

Pour donner plus de pouvoir d’achat aux Belges on parle de 400, 500, 600 euros supplémentaires par mois, ça dépend des partis -, il faudra trouver l’argent. Le ministre des Finances évoque une harmonisation des taux de la TVA. Ce qui veut dire que certains prix vont diminuer alors que d’autres vont augmenter pour un milliard de TVA d’augmentation net en plus.

Vers une réforme du travail également ?

Une réforme fiscale est prévue donc, mais aussi une réforme du travail. Le premier mai, Alexander De Croo a affiché une volonté de limiter les allocations de chômage en Belgique. "J’ai une volonté que le plus de gens possible puissent contribuer et vous savez, notre système social est très bon, c’est un système social qu’on utilise dans des cas de crises comme les années précédentes, mais la solidarité c’est quelque chose qui se porte par le plus d’épaules possible."

Pour De Croo donc, si l’on veut être un pays solidaire, on doit mettre au travail le plus de gens possible. "J’ai vu que certains partis ont changé de position par rapport à ça, c’est une bonne chose. Le travail n’est pas quelque chose de nocif, le travail est quelque chose de social, c’est la manière dont on fait fonctionner la solidarité dans notre pays."

Quelles règles utilise-t-on pour cela ? Tel sera tout l’enjeu du débat entre les différents partis. "Mais si on prend des mesures qui rendent le travail plus attractif d’un point de vue financier, il y a une certaine logique de donner plus d’argent aux gens qui travaillent." À l’inverse, des contraintes se mettront également en place.

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