"Le discours des terroristes reste très très dur à entendre, poursuit-il, mais dans le box du procès de Paris, il y avait des endurcis mais aussi des petites mains, dont des gens qui ne savaient rien du projet d’attaque. Ce n’est pas parce que les faits sont horribles que tous les gens qui sont renvoyés ont commis eux-mêmes des choses horribles. Si je suis plus serein aujourd’hui, je pense que c’est parce que j’ai pu me dire que tout n’était pas noir."
Si je suis plus serein aujourd’hui, je pense que c’est parce que j’ai pu me dire que tout n’était pas noir.
Au procès de Paris, le jury était composé de magistrats professionnels. En Belgique, il s’agira d’un jury populaire. "Je souhaite beaucoup de courage aux jurés !" L’avis d’Arthur Dénouveaux sur cette question a évolué. "Je suis arrivé à ce procès en pensant qu’un jury populaire aurait été mieux et j’en suis ressorti avec l’avis tout à fait inverse. On est soumis à un tel jeu de pressions durant ce type de procès que je vois mal comment des jurés populaires pourraient réussir à faire aussi bien des magistrats professionnels."
Je suis arrivé à ce procès en pensant qu’un jury populaire aurait été mieux et j’en suis ressorti avec l’avis tout à fait inverse.
Pour lui, le défi qui attend les jurés belges et les magistrats qui les accompagnent est énorme. Il souligne par ailleurs, que le fait d’avoir un jury professionnel a permis d’avoir une forme de garantie que ce qui se disait était fait dans les règles, qu’il y avait des garde-fous.
Arthur Dénouveaux se souvient avoir eu peur que le procès dérape. Il veut à ce propos rendre hommage aux avocats de la défense : leur mission est difficile à comprendre pour l’opinion publique, mais ils ont réussi, au procès parisien, à expliquer aux terroristes en quoi consistait la justice, et ce qu’ils avaient à y gagner. "Je pense que c’est ça qui va limiter le risque de dérapage. Mais, sur un procès de 10 mois, on n’est à l’abri de rien."
À propos de la justice belge, qui a été au cœur des discussions lors du procès à Paris, Arthur Dénouveaux a quelques regrets. Il a eu l’impression que certains juges et enquêteurs belges ne voulaient pas participer au procès du 13 novembre, et pour lui c’est un manque de respect envers les victimes. "On comprend tous que pour en arriver à des attentats d’une telle ampleur, à Paris ou à Bruxelles, il y a des trous dans la raquette. Mais ce qu’on peut moins comprendre, c’est que les gens ne fassent pas preuve d’honnêteté par rapport à ça, et qu’ils ne soient pas là pour expliquer."