"Assassinat", "mise à mort" : les réactions virulentes du monde culturel suite au Codeco

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Par Jean-Christophe Willems

"Une grande incompréhension et une grande colère devant le traitement qui a été donné à la culture hier au Codeco." Ce sont les propos tenus par Françoise Havelange, la secrétaire générale de la Fédération des Employeurs des Arts de la Scène.

Quelques mots qui résument l’état de pensée des acteurs culturels au lendemain de la décision gouvernementale de fermer purement et simplement les cinémas et salles de spectacles. Pourtant, le secteur s’était plié aux normes strictes qui lui étaient imposées pour continuer à fonctionner. Détecteurs de CO2, extracteurs et purificateurs d’air, jauge limitée de spectateurs et masques obligatoires n’auront pas suffi. A l’encontre même de l’avis des experts, le rideau tombe à nouveau pour une durée indéterminée.

Cinémas : à bout de souffle

La période était cruciale pour les cinémas puisque de nombreux blockbusters étaient programmés pendant cette période de congés scolaires.

"Si on est fermé pendant les 15 jours où on fait le plus d’entrées de l’année, c’est comme si on nous fermait plus de trois mois en période normale. C’est vraiment une catastrophe et on ne l’avait pas vu venir", explique Mathieu Bakolas, directeur du Quai10 de Charleroi. Et son collègue Vivian Audag du Cameo de Tamines d’ajouter : "On ne peut pas garantir la viabilité et les frais fixes du cinéma pour les prochains mois."

La décision est tellement soudaine que certains entrent en résistance. Ainsi, les cinémas du groupe des Grignoux (Liège et Namur) ont décidé tout simplement de rester ouvert, à l’encontre de la décision du Codeco.

Et il semble qu’ils soient imités par d’autres cinémas d’art et d’essai bruxellois comme le Vendôme, le Palace, le Kinograph et les Galeries.

Coup de grâce

Véritable institution à Liège, la revue du Trocadero doit être annulée et le directeur des lieux, Michel Depas, ne mâche pas ses mots : "C’est un assassinat, et je ne vous cacherai pas que le Trocadero, là maintenant, clairement, risque vraiment de disparaître."

Vincent Taloche, humoriste et producteur de spectacle trouve cette décision "humiliante: "Je suis abasourdi. Je constate que depuis hier, il y a des réactions de plus en plus haineuses. Il n’y a pas de cohérence. On était un des milieux les plus sûrs."

Un lieu sécurisé, c’est aussi comme cela qu’Alexandre Bouglione définit son chapiteau de cirque fraîchement installé place Flagey. "C’est une mise à mort ! On est au bord du gouffre. Si on ne peut pas travailler, s’il n’y a pas de prolongation, on va aller, comme d’autres sociétés, vers le dépôt de bilan. On ne pourra pas faire autrement."

Le coup est dur et le sentiment d’injustice prévaut car la culture est un des seuls secteurs impactés. On attend d’éventuelles aides de la Fédération Wallonie-Bruxelles, même si la décision de fermeture émane du fédéral.

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