Le Collège formé par le jury et la Cour d'assises du Hainaut a prononcé ce vendredi, de lourdes peines de réclusion criminelle contre les trois Roumains, coupables d’un vol avec violence commis à Goutroux (Charleroi), le 25 avril 2017.
Gheorghita Balan est condamné à une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Il a été reconnu coupable d’un vol avec violence et de plusieurs circonstances aggravantes, dont celle des meurtres de Michel Masuy et de Nicole Paternoster. La Cour n’a retenu aucune circonstance atténuante.
Marin Filimon est également condamné à une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Il a été reconnu coupable d’un vol avec violence et de plusieurs circonstances aggravantes dont celle des meurtres de Michel Masuy et de Nicole Paternoster. Il est également coupable d’une tentative de vol, le 30 janvier 2017, à Gozée, et de détention de munitions. La Cour n’a, ici non plus, retenu aucune circonstance atténuante.
Aurel Nichiforean est quant à lui condamné à une peine de vingt années de réclusion criminelle. Il a été reconnu coupable d’un vol avec violence, mais acquitté du double meurtre. Il est aussi coupable d’avoir utilisé une fausse identité et une fausse carte d’identité.
Les faits
Le 25 avril 2017, en milieu d’après-midi, c’est l’horreur dans la maison occupée par Nicole Paternoster et Michel Masuy, un couple de retraité paisible de la rue des Pêchers à Goutroux. Deux hommes entrent dans la maison et frappent le couple. Quand le grand-père est roué de coups, par Gheorghita Balan, un voleur originaire de Roumanie, cela se passe sous les yeux de leur petite-fille âgée de trois ans.
Les deux septuagénaires sont KO, les voleurs en profitent pour fouiller la maison. Ils sont à la recherche de bijoux. Ils repartent avec les montres à gousset collectionnées par Michel Masuy et montent dans une Peugeot grise, conduite par Aurel Nichiforean.
L’enquête est rapide, notamment grâce au fils des victimes qui lance une alerte sur les réseaux sociaux. Une Peugeot grise, immatriculée en Bulgarie, a été aperçue dans le quartier résidentiel de la banlieue de Charleroi. Trois hommes sont arrêtés rue Turenne à Charleroi, où la voiture suspecte a été repérée. Les policiers retrouvent deux montres à gousset appartenant à Michel Masuy, lors de la perquisition.
Quelques mois après les faits, le 5 août 2017, Nicole Paternoster décédait, suivi de son mari, le 18 octobre 2018. Selon les légistes, l’agression dont ils furent victimes est la cause de la mort.
"C’est lui, pas nous !"
Plus de cinq ans après ces faits, les trois hommes ont été jugés par la Cour d’Assises du Hainaut, après avoir multiplié les mensonges lors de la procédure. Au début du procès, les choses étaient claires pour eux : c’est Balan qui a tout fait, les autres étant restés chez eux à la rue Turenne à Charleroi.
Après quatre jours de débats et huit heures de délibération, le jury a suivi, en partie, la thèse exposée par le ministère public. Les trois ont effectué du repérage la veille des faits, ils ont essayé d’entrer dans la maison durant la nuit mais le chien des voisins les mis en fuite. Le 25, vers 16h30, Balan et Filimon sont entrés dans la maison, alors que Nichiforean les attendait dehors. Les trois sont coauteurs d’un vol avec violence, mais Nichiforean ne pouvait pas se douter que la violence exercée par les deux autres allait provoquer la mort des victimes, quelques mois plus tard.
Vendredi, les juges n’ont reconnu aucune circonstance atténuante en faveur de Balan et de Filimon, lesquels ont usé d’une grande violence, dans un but de lucre, au sein du domicile des victimes, sous les yeux d’une enfant. Ils ont par contre estimé qu’Aurel Nichiforean devait bénéficier de circonstances atténuantes car il travaille et suit des formations en prison. Selon son avocat, il serait même la personne de confiance du directeur.
"Mais pourquoi eux ?"
Pour les parties civiles, c’est le soulagement après cinq ans de malheur. Michel et Nicole ne sont pas partis seuls, un de leur fils est mort de maladie. Les deux autres enfants ont assisté aux débats. Les jurés leur ont apporté une décision judiciaire alors que, jusqu’au bout, Nichiforean et Filimon ont essayé de faire croire qu’ils n’avaient pas participé à ces actes. Mais Gheorghita Balan a décidé de faire des aveux, corroborés par les éléments objectifs du dossier. Ces faits, ils étaient trois pour les commettre.
Lors de son audition devant la Cour, le fils des victimes avait souhaité obtenir la vérité, expliquée par les accusés. "Je n’ai pas compris pourquoi eux, et pourquoi aussi violemment?". Le 25 avril 2017, ses parents ignoraient que, depuis vingt-quatre heures, ils étaient surveillés, par trois hommes en quête d’argent facile.