La Cour d’Assises du Hainaut a condamné, mercredi, Salvatore Marasco à une peine de 23 années de réclusion criminelle pour l’assassinat d’Isabelle Rectem, commis le 5 juillet 2019 lors de la Fête des voisins à Chapelle-lez-Herlaimont. La cour et le jury ont qualifié les faits de "véritable exécution publique".
Les faits
Le 5 juillet 2019, une fête des voisins est organisée par la société de logements sociaux, la Ruche Chapelloise, à la rue des Bleuets. Isabelle Rectem s’y rend vers 17h45. Quelques minutes plus tard, elle croise son ancien compagnon, Rino Marasco, dont elle est séparée depuis le mois de mai.
Isabelle est mal à l’aise. Depuis le mois de mai, Rino l’intimide, la provoque et la menace de mort. Il est persuadé qu’Isabelle a un nouvel amoureux, l’échevin Luigi Chianta.
Rino ne la lâche pas du regard. Selon des témoins, il a un regard noir, rempli de haine. A un moment de la soirée, il renverse de l’eau sur Isabelle, qui ne réagit pas.
Il est 22h15, Rino est attablé avec Luigi Chianta et le conseiller communal Alain Jacobeus. Il se précipite vers Isabelle, assise à une table. Il sort une arme et l’oblige à le suivre. A la sortie du chapiteau, il tire à deux reprises dans la tête d’Isabelle qui s’écroule. Le deuxième tir traverse le tronc cérébral, il est fatal.
Une balle termine sa course dans l’épaule du conseiller communal, Alain Jacobeus. L’homme est blessé, il en a gardé des séquelles physiques.
L’enquête
Le suspect a été interpellé sur les lieux par des témoins, l’arme est retrouvée près d’un arbre, et les témoins sont nombreux. Toutefois, le suspect déclare que les coups de feu sont accidentels. Il a tiré sous la pression de la foule.
Dix jours plus tard, lors de la reconstitution, il avoue qu’il a tiré volontairement sur son ex-compagne car, en plus de l’avoir trompé, elle ne lui a pas rendu l’argent qu’il avait placé sur son compte afin d’échapper aux créanciers de son café, le Postillon, qu’il avait repris avec son fils. Rino Marasco est inculpé d’un assassinat et privé de liberté.
Le procès
Après un report en janvier, en raison de la pandémie, le procès démarre à la fin du mois de juin. Rino Marasco, détenu sous surveillance électronique, ne conteste pas le meurtre. Cependant, son avocat conteste la circonstance aggravante de préméditation, estimant que s’il avait voulu assassiner Isabelle Rectem, il n’aurait pas attendu le 5 juillet à 22h15. De plus, il aurait organisé sa fuite.
Le jury a été convaincu par les avocats des parties civiles et par l’avocat général, lesquels ont exposé que le crime était préparé depuis le 10 mai. Après avoir vu son ex-compagne en galante compagnie avec un échevin, Rino Marasco a multiplié les provocations et il s’est armé. Une fois armé, il a déclaré à plusieurs personnes qu’il voulait tuer Isabelle. Le matin du crime, il a d’ailleurs montré une balle à la fille de la victime, déclarant qu’elle était destinée à sa maman.
Le verdict
Mercredi, il y a eu débat sur la peine. L’avocat général n’a retenu qu’une seule circonstance atténuante en faveur de l’assassin. Me Mayence, avocat de la défense, par contre, en avait relevé plusieurs. Le collège formé par la cour et le jury ont retenu deux circonstances atténuantes : l’absence d’antécédents judiciaires et le parcours de vie honorable de Salvatore Marasco, père de trois enfants et ouvrier irréprochable chez Caterpillar durant plus de quarante ans.
Les juges ont également retenu l’extrême gravité des faits, les qualifiant de "véritable exécution publique" d’une femme appréciée de tous. Ils ont retenu l’aveuglement et l’incapacité de l’intéressé de gérer la séparation, les souffrances infligées à la famille de la victime et surtout à sa fille, dont Isabelle Rectem était très proche, le trouble à l’ordre public, l’émoi et le traumatisme causé par son acte, la légèreté avec laquelle il a acheté une arme et son caractère réactif.
Ils ont aussi retenu qu’Alain Jacobeus avait échappé de peu à la mort.