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"Astérix et Obélix : l’empire du milieu" ou comment rendre Asterix antipathique

© D.R.

Comme beaucoup, on n’a pas été super emballé après avoir été voir le nouveau blockbuster à la française : "Astérix et Obélix : l’empire du milieu". Et honnêtement, ça a été difficile d’échapper à toutes les critiques de presse qui ont taclé le film. Mais on y est parvenu, on voulait se faire notre propre avis.

De notre point de vue, tout n’est pas à jeter. Mais la première chose qui interpelle quand on sort de la séance c’est : "mais, Astérix était particulièrement énervant, non ?" Oui, il l’était.

Canet : l’Astérix qui agace

Alors vient la question, mais comment peut-on réussir à rendre Astérix si agaçant ? Le premier point pour réussir cet exploit (ironie) c’est peut-être qu’il soit interprété par Guillaume Canet. L’idée n’est pas de remettre en cause les qualités d’acteur de Guillaume Canet, mais dans ce rôle il est loin d’exceller. Rarement juste et souvent surjoué, dans l’exagération des mimiques, on dirait souvent qu’il cherche à ressembler davantage à la BD de Goscinny et Uderzo qu’à un Astérix de cinéma. Alors, on comprend que ce soit difficile de marcher sur les pas de Christian Clavier (Astérix dans, entre autres, Astérix et Obélix : mission Cléopatre). Mais à trop grimacer, on tombe dans la caricature.

Et puis, si on n’a rien contre les considérations woke, le costume d’Astérix sur Guillaume Canet finit rapidement par ressembler au costume d’un bobo vegan un peu prise de tête et pas franchement fun. Entre sa bataille pour rendre Obélix végétarien, son caractère de coloc' maniaque et obsessionnel, et son côté pleurnichard de petit homme fragile blessé dans son ego parce qu’il ne peut pas avoir une force surhumaine sans potion… et bien tout ça en fait un cocktail particulièrement antipathique.

A plusieurs reprises, le film tente d’aborder des thèmes comme le féminisme, la masculinité toxique ou encore l’environnement, mais malheureusement les ficelles sont trop grosses et on finit par se dire que c’est un peu trop forcé.

Pourtant, il semble que c’est parce que le producteur de Pathé, Jérôme Seydoux a insisté pour que Guillaume Canet endosse le rôle d’Asterix. Et Canet s’est laissé convaincre.

On sait que Guillaume Canet était à la fois à la réalisation du film, mais aussi dans les chaussures du premier rôle. Et c’est peut-être ça le problème. A vouloir tout faire, on risque de faire le tout à moitié.

Son binôme et ami de longue date, Gilles Lellouche, qui revêt le costume d’Obélix, ne s’en sort pas si mal. Il parvient à doser le jeu entre les deux comédiens et à alléger, au moins un peu, le côté caricatural de Guillaume Canet.

Un casting : vraie fausse bonne idée ?

Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Zlatan Ibrahimovic, Vincent Cassel, Bun Hay Mean, BigFlo et Oli, McFly et Carlito, Angèle, Orelsan, Laura Felpin, Jonathan Cohen, Franck Gastambide, José Garcia, Philippe Katerine, Ramzy Bedia, M, Jérôme Commandeur, Issa Doumbia, Manu Payet, Audrey Lamy…

Que des gros noms. D’énormes têtes d’affiche. Tellement, qu’on ne peut évidemment pas tous et toutes les citer. Même si l’envie nous a traversé l’esprit.

Alors, est-ce que cela crée un attrait pour le film ou non ? A en croire les premiers chiffres de sorties de salle, oui. En effet, le film réalise le meilleur démarrage d’un film français depuis 15 ans avec plus de 466.000 entrées la semaine de sa sortie. C’est le 7e meilleur démarrage pour un film français. Ce chiffre prend également en compte les avant-premières qui ont donc, comme son nom l’indique, eu lieu avant la sortie en salle officielle. Et un peu plus de la moitié des entrées ont été faites pendant ces avant-premières (275.658, pour être exact).

Mais au-delà de la promo bien assurée par le casting, est-ce qu’un tel regroupement de personnes est une bonne chose pour le film ?

Et bien oui et non. Il ne s’agit pas d’analyser le jeu d’acteurs de toutes ces personnalités, d’ailleurs pour certaines non seulement ce n’est pas le métier et beaucoup ne s’en sortent pas si mal.

Mais est-ce que ça apporte quelque chose ? Pas forcément. Si ce n’est qu’on finit rapidement par jouer à une sorte de "Où est Charlie ?", en cherchant qui est qui, qui joue qui et qu’au fur et à mesure du film on a quelques fois des surprises plutôt bienvenues, on est même assez contents de découvrir telle ou telle personnalité. Après, est-ce vraiment le but ? Jugera qui voudra.

Mention spéciale tout de même à Orelsan dans la peau d’un Jack Sparrow made in Gaule et aussi à Antivirus joué par Zlatan Ibrahimovic dont la venue qui ne vient jamais en fait un running gag qu’on prend volontiers.

Mais toute cette ribambelle de grosses figures du cinéma, de rappeurs et de Youtubeurs français, nous amène nécessairement à poser la question du coût astronomique de ce film.

Le film a en effet coûté plus de 65 millions d’euros. C’est le 9e film le plus cher de l’histoire du cinéma français. En d’autres mots : c’est pensé pour être un blockbuster. Et c’est d’ailleurs bien la stratégie des producteurs comme Pathé et Warner Bros qui comptent décidément sur ce type de superproduction pour relancer la fréquentation des salles de cinémas qui peinent à se remettre de la période du Covid-19.

Le film en vaut-il le prix ?

Ce n’est pas que le scénario soit franchement génial ou finement écrit, ni même particulièrement drôle. En réalité, on sourit beaucoup, on rit peu. Mais disons qu’on comprend que tout le budget ne soit pas passé dans le scénario. Et c’est peut-être le risque d’un casting de cette ampleur : s’il faut laisser un peu de place à tout le monde, ça laisse la possibilité d’un scénario qui se doit de privilégier la punchline pour la punchline, au détriment du texte qui aboutit finalement souvent à des blagues pas complètement dingues et qui tombent souvent à plat.

En revanche, la qualité de l’image est vraiment au rendez-vous. On sent les jeux sur les effets spéciaux, les prises de potion magique ressemblent au monde psychédélique d’une prise d’ecstasy et on soulignera que les décors sont incroyables. C’est beau à voir, fantasmagorique et ce n’est pas pour déplaire.

Mais est ce que c’est suffisant ? En sortant de ce blockbuster, malheureusement on reste sur notre faim, et encore plus quand on prend connaissance de tous les efforts déployés. In fine "Asterix et Obélix : l’empire du milieu" reste une comédie populaire qui n’est pas désagréable, mais qui ne mérite probablement tout le tapage qu’il y a autour.

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