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Atomic Heart : face à la polémique sur l'aspect pro-russe, les créateurs du jeu tentent de s’expliquer

© Mundfish

Par Anthony Mirelli via

Atomic Heart, le FPS russe aux allures de Bioshock, ne fait pas parler de lui pour les bonnes raisons. Pointé du doigt pour son racisme, sa misogynie et ses rapports troubles avec la Russie, le jeu du studio Mundfish est au cœur des débats.

Des liens étroits avec la Russie ?

Dans ce jeu visuellement très réussi, qui vous plonge dans une version alternative de l’Union Soviétique en 1955, vous incarnez un vétéran de la seconde guerre mondiale, qui va devoir lutter contre une rébellion menée par des robots suite à une expérience qui a mal tourné.

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Un concept comme un autre, mais qui a très vite soulevé quelques questions. Notamment sur les liens entre les développeurs et la Russie. En effet, bien que Mundfish soit installé à Chypre depuis quelques années (tout en gardant quelques locaux à Moscou), le studio est accusé d’avoir reçu des fonds d’investissement provenant directement du gouvernement russe, ou de puissants proches (dont des dirigeants de Gazprom, qui finance la guerre en Ukraine). Avec pour but de récolter des informations auprès des joueurs.

Une information que le studio a démentie sur Twitter : "Les gars, nous avons pris note des questions concernant notre position, chez Mundfish. Nous tenons à vous assurer que Mundfish est un développeur et un studio doté d’une équipe mondiale axée sur un jeu innovant et qu’il est indéniablement une organisation pro-paix contre la violence envers les personnes. Nous ne faisons aucun commentaire sur la politique ou la religion. Rassurez-vous, nous sommes une équipe internationale qui s’efforce de mettre Atomic Heart entre les mains des joueurs du monde entier."

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Un jeu qui ne plaît pas à l’Ukraine

Mais malgré ces explications, le jeu, qui met en avant une Russie puissante, ne passe pas auprès du gouvernement Ukrainien. Au point qu’un appel au boycott a été lancé. L’Ukraine a en effet demandé à Sony, Microsoft et Valve (qui possède la boutique Steam) de retirer le jeu de leur boutique.

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(Ci-dessus, une image a priori anodine d’un drone transportant des géraniums dans Atomic Heart. Mais il s’agit d’un détail qui ne passe pas, car la Russie utilise des drones baptisés Geranium-2 dans sa guerre contre l’Ukraine.)

"Nous appelons à limiter la distribution de ce jeu dans d’autres pays en raison de sa toxicité, de la collecte potentielle d’informations sur les données des utilisateurs et de la possibilité de leur transfert à des tiers en Russie. Ainsi que de l’utilisation potentielle de l’argent provenant des achats de jeux à faire la guerre à l’Ukraine”, a déclaré Oleksandr Bornyakov, le Vice-Ministre ukrainien de la Transformation Numérique. "Par conséquent, nous exhortons tous les utilisateurs à ignorer ce jeu. Nous voulons également souligner pour le public occidental que les développeurs du jeu n’ont pas fait de déclaration publique condamnant le régime de Poutine et la guerre sanglante que la Russie a déclenchée contre l’Ukraine."

L’appel au boycott n’a, pour l’instant, pas été entendu. Atomic Heart est toujours disponible à la vente, et même présent dans l’abonnement Game Pass de la Xbox.

Atomic Heart frôle les limites du bon goût

Mais ce n’est pas tout. Au-delà de l’aspect politique, ce qui a surtout frappé les joueurs, c’est le manque de finesse du jeu. Le héros, très bavard, n’hésite pas à balancer des blagues beaufs à longueur de temps, ce qui en soit n’est pas très grave (juste très, très lourd). Mais quand on y ajoute du racisme et de la misogynie, ça prend une tout autre envergure.

Dans les salles de repos, qui permettent au joueur de sauvegarder leur partie, Atomic Heart n’hésite pas à diffuser sur des écrans un vieux dessin animé russe, intitulé Rabbit & The Wolf. Un ersatz local de Tex Avery, mais qui n’a plus sa place en 2023. Notamment à cause de la présence d’un indigène couleur charbon, véritable stéréotype raciste, qu’on peut apercevoir ci-dessous.

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Enfin, l’aspect misogyne est présent via le distributeur NORA, qui permet au héros d’améliorer son équipement. NORA est une sorte de frigo doté d’une IA, à qui les développeurs ont attribué sans raison particulière une personnalité obsédée par le sexe. Bon, ça aurait pu s’arrêter là, sauf que le jeu sexualise également les automates féminins, qui se cambrent souvent pour que le héros (ou le joueur ?) se rince l’œil.

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Bref, vous l’aurez compris, Atomic Heart n’est pas très fin (certains diront qu’il est carrément de mauvais goût). Concernant le dessin animé raciste, Mundfish a confirmé qu’il allait disparaître : "L’équipe de Mundfish remercie les contributeurs d’avoir souligné et rapporté ce manque de sensibilité à notre attention. Nous nous excusons si l’utilisation du dessin animé ou de la musique d’époque a pu blesser ou insulter. Nous allons modifier les parties en question."

Mais en attendant, les robots hyper-sexualisés seront toujours présents. Tout comme le discours politique trouble.

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