Tennis

ATP Anvers : Les juges de lignes ont disparu, ou presque…

Les juges de lignes, reconvertis en "assistants matches", au tournoi de tennis d’Anvers

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Par Christine Hanquet

Si vous suivez l’European Open, le tournoi de tennis d’Anvers, cette semaine à la télévision, vous avez sans doute remarqué qu’il y a moins de monde qu’avant sur le court. Il y a bien sûr les joueurs, les ramasseurs de balles, l’arbitre sur sa chaise, mais il n’y a plus de juges de lignes. C’est le cas dans de plus en plus de tournois. Pourtant, certains sont toujours là, reconvertis en "assistants matches".

La pandémie, pendant laquelle il fallait absolument éviter les contacts et les regroupements de personnes, a accéléré un processus qui était déjà en route. Ce sont maintenant des machines (des caméras et des ordinateurs) qui jugent la validité des coups, frappés par les joueurs. C’est le système du "Hawk-Eye Live". Quand retentissent les "out" ou les "fault", vous entendez des voix enregistrées. Pour la petite histoire, ces voix (un homme, une femme) sont fournies par la société "Hawk Eye", mais chaque tournoi a la liberté d’en utiliser d’autres. Pourquoi ne pas envisager que l’European Open organise un concours l’année prochaine, et permette aux vainqueurs de devenir les voix du tournoi ?

Aucun juge de lignes n'est présent sur le court, à Anvers

Auparavant, 32 juges de lignes officiaient au tournoi d’Anvers. Depuis l’année dernière, ils ont en quelque sorte perdu leur job (même si bien sûr ce n’était pas leur métier, mais leur mission de la semaine).

Cette disparition, cette révolution, est inéluctable, mais pose quelques problèmes pour le futur.  Cédric Hamiet est le représentant arbitrage à l'AFT (l'Association Francophone de Tennis).  "Pour le tournoi, et pour les joueurs, pas de problèmes, c'est une bonne chose.  On passe à 100% de réussite dans les jugements, et c'est rassurant pour eux.  En revanche, on peut se poser des questions, à propos de l'avenir de l'arbitrage.  Tous ceux qui sont sur les chaises maintenant, y compris les meilleurs arbitres du monde, ont commencé par être juges de lignes.  Ils n'auront plus ce vécu, on perd un échelon dans l'apprentissage de la fonction.  On peut dire que si on a de très bons arbitres en Belgique, c'est en partie grâce à l'expérience qu'ils avaient acquise lors du Challenger de Mons, il y a quelques années.  Au moins, on en retrouvera sans doute dans quelques mois, lors du nouveau Challenger de Louvain-la-Neuve.  Mais il est clair que désormais, beaucoup moins de jeunes ont envie de s'engager dans l'arbitrage, sachant qu'ils n'auront pratiquement plus aucune chance d'être juges de lignes.  On constate ce phénomène partout dans le monde". 

Cela dit, ils sont toujours cinq, à Anvers, que l’on n’appelle plus "juges de lignes", mais "assistants matches". Jan Van Dender est l’un d'eux, et est le responsable de l’équipe. "Nous ne sommes plus juges de lignes, et c’est dommage, mais nous l’avons été il y a quelques années, dans cette épreuve. Moi, je suis là depuis la première édition, en 2016.  J'ai été juge de lignes, puis assistant-responsable des juges de lignes, avant ma fonction actuelle".

En quoi consiste le travail de ces cinq assistants ? "Ils s’occupent des changements de balles pendant les rencontres, de gérer les "toilet breaks" (les joueurs ne peuvent pas quitter le court seuls), ils répondent aux demandes de l’arbitre de chaise. Après les matches, ils nettoient le court, débarrassent tout ce qui traîne sur le banc des joueurs, apportent de nouvelles balles et de nouvelles serviettes. Il y a du travail". Un travail qu’ils effectuaient déjà en partie avant, tout en étant juges de lignes.

Merci, internet

Jan Van Dender

Et puis, on ne sait jamais, ces assistants peuvent redevenir juges de lignes à tout moment. "Chacun est prêt à monter sur le terrain si le Hawk-Eye Live tombe en panne. A cinq, on peut tout faire, l’un au service, deux sur la ligne de fond, et deux sur la longueur. Mais il y a très peu de tournois qui ont eu des problèmes avec le système. Si on a une bonne connexion pour internet, il n’y a aucun souci".

La connexion a été parfaite cette semaine à Anvers, et il n’y a pratiquement jamais eu de pannes dans le monde. Mais il faut tout envisager, pour assurer la continuité des matches.

Le travail de juge de lignes n’a pas totalement disparu, puisqu’il y a bien sûr d’autres tournois, beaucoup moins importants que celui-ci, pour amateurs et professionnels, dans lesquels les cinq d’Anvers (et les autres) travaillent. Mais il n'y a pas souvent des juges de lignes, surtout sur terre battue.  Ils sont la plupart du temps arbitres de chaises. Mais heureusement qu'ils ont encore la chance de pouvoir officier, de temps en temps. "Etre juge de lignes ou arbitre de chaise, c’est une passion, pour beaucoup d’entre nous".

"On ne voit plus les lignes"

Et le tennis, c’est aussi une passion, bien sûr, pour eux. On pourrait croire que ces hommes peuvent mieux profiter des rencontres qu’avant, et sont maintenant des spectateurs privilégiés, moins pris par leur mission d’autrefois. Mais pas vraiment… "On regarde un peu les matches, mais on doit toujours être attentifs, en observation, au cas où quelque chose se passerait. On est placés derrière l’arbitre de chaise, pour rester à son contact, et répondre le plus vite possible à ses sollicitations. On est assis un peu bas, et on ne voit pas tellement bien les lignes, parce que notre vue est un peu bouchée par les panneaux publicitaires. Mais cela va, on arrive quand même à suivre le jeu".

Avouez que c’est paradoxal : ceux dont le job était auparavant de fixer les lignes, sont maintenant ceux qui les voient le moins bien...

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