Œuvres d'art aspergées de soupe, compétitions sportives interrompues, routes bloquées: par des actions chocs innovantes, les nouveaux partisans de la désobéissance civile ont installé à la une le débat sur l'inaction climatique, assumant le risque de braquer une partie de l'opinion.
Ces collectifs militants se nomment Just Stop Oil au Royaume-Uni, Ultima Generazione en Italie, ou Dernière rénovation en France. Membres du Réseau A22, présent dans onze pays occidentaux et financés par le Climate Emergency Fund, ils multiplient les actions.
Samedi à Paris, une dizaine de militants de Dernière Rénovation ont ainsi bloqué la circulation à proximité du ministère français de l'Economie, tandis qu'à Toulouse d'autres militants du collectif ont interrompu pendant une dizaine de minutes un match du championnat français de rugby entre le Stade toulousain et le Stade français en s'attachant aux poteaux.
Contrairement au militantisme habituel, les cibles n'ont pas nécessairement de lien direct avec le message. Là où L214 s'en prend aux abattoirs pour défendre les animaux et où Greenpeace bloque des convois de déchets nucléaires, ces jeunes collectifs changent de terrain, interrompant un opéra à Paris ou aspergeant de purée la vitre devant un tableau de Monet à Postdam.
"Nous allons au devant du plus grand épisode de souffrance et d’injustice dans l'histoire humaine et notre fenêtre d'action est sur le point de se refermer", se justifie "Dernière Rénovation" dans un manifeste.
Ces actions sont loin de faire l'unanimité, y compris dans le camp écologiste. "Le climat mérite mieux que cette caricature imbécile", a réagi l'ex-candidat vert à la présidentielle française Yannick Jadot après une attaque à la soupe contre les Tournesols de Van Gogh.
Désespoir
"Il y a tellement de gens qui cherchent à décrédibiliser la lutte contre le changement climatique, pourquoi voulez-vous leur donner des munitions supplémentaires?", interroge aussi le politologue François Gemenne.
L'universitaire, qui contribue aux rapports scientifiques de l'ONU (Giec), appelle à faire le tri dans les actions, jugeant "catastrophique" de s'attaquer à l'art tout en approuvant le "symbole" de la mise en berne du drapeau français sur le Panthéon, réalisée lundi par Dernière Rénovation.