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Attentat de New York en 2017 : la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pour le terroriste, les victimes belges satisfaites

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Par Jean-François Herbecq avec A. Debatis et AFP

A New York, Sayfullo Saipov vient d’être condamné à la perpétuité pour terrorisme pour avoir volontairement fauché des piétons et des cyclistes en 2017. Bilan : 8 morts et 11 blessés parmi lesquels deux Belges. Sayfullo Habibullahevic Saipov, un Ouzbek de 35 ans qui se réclame du groupe Etat islamique (EI), échappe ainsi à la peine de mort que réclamait le ministère de la Justice.

Le bilan le plus lourd d’un attentat terroriste depuis 2001 à New York

Après plusieurs jours de délibérations, le jury de douze personnes n’est pas parvenu à une décision unanime sur la peine de mort, comme l’exige la loi. L’accusé écope donc de la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, ce qui était la seule autre option pour le jury. Une condamnation à mort n’aurait pas pu être appliquée à l’heure actuelle, vu le moratoire sur les exécutions fédérales depuis 2021.

Sayfullo Habibullahevic Saipov
Sayfullo Habibullahevic Saipov © AFP – ST. CHARLES COUNTY DEPT. OF CORRECTIONS

Le 31 octobre 2017, jour de la fête d’Halloween, Sayfullo Saipov, installé aux Etats-Unis depuis 2010, avait foncé à bord d’un pick-up sur des passants sur une piste cyclable des bords du fleuve Hudson à Manhattan.

L’attaque avait fait huit morts, dont cinq Argentins et une Belge, ainsi que de nombreux blessés, soit le bilan le plus lourd pour un attentat dans la ville depuis les attaques du 11 septembre 2001. Au total, Saipov, qui a déclaré avoir commis l’attaque au nom du groupe terroriste État islamique, a été inculpé de 22 chefs d’accusation : assassinat, tentative d’assassinat et appartenance à une organisation terroriste.

Sur les lieux de l’attaque terroriste à New York
Sur les lieux de l’attaque terroriste à New York © Jewel SAMAD / AFP

L’homme avait revendiqué son acte au nom de l’EI, un an après l’attaque menée par un Tunisien à bord d’un camion à Nice, qui avait fait 86 morts et plus de 400 blessés le 14 juillet.

Le 26 janvier dernier, Sayfullo Saipov a été reconnu coupable de meurtres aggravés et de "soutien à un groupe terroriste" par une cour fédérale de Manhattan. Le même jury de douze personnes s’est réuni à partir du 13 février pour un second procès sur la peine.

Une peine en adéquation avec les faits, pour les victimes

Durant les audiences, des proches des victimes décédées ou des blessés qui ont gardé des séquelles de l’attaque s’étaient succédé pour livrer des témoignages souvent émouvants et éprouvants.

Parmi ces victimes qui sont venues témoigner, Marion Van Reeth et Aristide Melissas. En octobre 2017, ils visitaient le sud de Manhattan à vélo. Marion a été touchée aux jambes. Aristide a été victime d’un traumatisme cérébral. Pour le couple, le procès a fait partie de la guérison.

La peine à l’égard de Sayfullo Saipov est-elle en relation avec la douleur des victimes ? Oui pour Aristide Melissas : "La peine de mort est encore applicable […] mais quand il y a des faits aussi lourds, il me semble qu’il est plus juste d’appliquer des peines qui sont à la hauteur des blessures apportées pour le restant des jours, et qui peuvent aussi servir au niveau sociétal aux Etats-Unis."

Le condamné sera placé dans une prison dont il ne sortira jamais, avec entre 22 et 23 heures par jour en cellule, et moins d’une demi-heure de visite par mois. "Il est peut-être temps de réimplémenter des peines qui pourraient amener enfin certains auteurs à réfléchir aux conséquences de leurs actes", commente Aristide Melissas.

Aristide Melissas : "Des peines qui pourraient amener certains auteurs à réfléchir"

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Aristide Melissas souligne la solidarité qui a régné entre victimes et leurs proches durant le procès. Il assistera en personne au prononcé du verdict à New York dans quelques semaines. Ses pensées vont aux familles des disparus. Il le redira à l’occasion du prononcé, un moment qui pour lui fait partie du processus de guérison.

Aristide Melissas tient à s’adresser à Sayfullo Saipov pour lui faire comprendre personnellement son ressenti de victime : "C’est très grave ce qui s’est passé. Savoir pourquoi ces actes se passent. Quels sont les moments où les humains sont capables de laisser leurs êtres chers, parents, amis, enfants. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai désiré le rencontrer. Sans espoir de réponse […]. Si ça peut nous aider à mieux comprendre. Surtout à aider certains auteurs à réfléchir et ne pas commettre ces actes qui détruisent bien plus qu’ils ne pensent."

Aristide Melissas : "J'ai désiré le rencontrer l'auteur de l'attentat"

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