Au début de l’année 1785, Mozart et surchargé de travail. Il y a des concerts privés, les concerts par souscription et d’autres encore. Mozart a déjà un répertoire important mais il est dans une fièvre créatrice et veut offrir du nouveau public qui le réclame. Il écrit de nouveaux concertos pour piano notamment le concerto en ré mineur K 466 qui s’achève le 10 février. Ou encore le concerto en ut K 467 qui se termine le 9 mars. C’est l’apogée de sa réputation de compositeurs pour le piano le virtuose.
La fierté paternelle
Mozart reçoit la visite de son père. Il vient avec un élève, un excellent violoniste, Heinrich Marchand. Ils arrivent le jeudi 10 février 1785, au moment où Mozart termine son concerto en ré mineur. Léopold se réjouit du succès de son fils de la reconnaissance de son talent, des hommages qu’il reçoit. Il prend la plume pour écrire à sa fille Nannerl : "Que ton frère ait un beau logis avec tout l’ameublement convenable, c’est ce que tu imagineras quand tu sauras qu’il paie 460 florins de loyer. Le soir de notre arrivée, nous sommes allés à son premier concert par souscription, où il y avait une grande assemblée de personnes de qualité. Le concert fut magnifique, l’orchestre excellent. Outre les symphonies, une cantatrice du théâtre italien chanta des airs, puis il y eut un excellent concerto de piano de Wolfgang en ré mineur sur lequel le copiste travaillait encore lorsque nous sommes arrivés et dont ton frère n’avait pas encore eu le temps de jouer le rondeau que parce qu’il devait revoir la copie."
L’amitié admirative d’Haydn
Mozart reçoit le samedi soir la visite Joseph Haydn. Ils jouent les trois nouveaux quatuors que Mozart a composés. Léopold Mozart ajoute que Haydn lui a dit : "je vous le dis, devant dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût est en outre la plus grande science de la composition."
Haydn a 24 ans de plus que Mozart. Ils éprouvent l’un pour l’autre une amitié magnifique, mêlée d’admiration réciproque. Mozart disait que c’est de Haydn qu’il avait appris comment il faut écrire des quatuors. C’est sous le choc de la découverte des quatuors dits Du Soleil de Haydn que Mozart a écrit coup sur coup la série des six Quatuors viennois, en 1773. Il les a d’ailleurs dédiés à Haydn.
Le lendemain, un dimanche soir de ce mois de février 1785, Mozart joue son magnifique 18e concerto. Dans la salle, son père est si heureux et transporté que les larmes lui viennent aux yeux. Il décrit à Nannel : "Lorsque ton frère eut fini, l’empereur, chapeau à la main, lui fit signe et cria : bravo Mozart !" Mozart triomphe. Ils vont dîner chez la belle-mère de Mozart, Madame Weber. Léopold confie que la cuisine y est délicieuse, qu’ils ont mangé un beau gros faisan qui était admirablement préparé. Surtout, il s’émerveille du succès de son fils. Il regarde avec joie, toute cette effervescence, ce succès. Il écrit à Nannerl que le piano de Wolfgang ne cesse d’être transporté au théâtre ou dans d’autres maisons. Qu’il ne cesse d’y avoir des concerts, des cours de piano qu’il donne aussi, de l’agitation, et des réceptions.
Quand Léopold rentre à Salzbourg, Wolfgang et Constance l’accompagnent jusqu’à la petite ville de Pukersdorf à quatre lieues de Vienne. Comme l’écrivent Jean et Brigitte Massin, Mozart ne reverra plus son père. Mozart décide d’adhérer à la franc-maçonnerie. Pendant l’hiver 1785, Haydn et Mozart sont initiés dans la même loge viennoise. Mozart y est promu compagnon quelques semaines avant Haydn. Mozart composera plusieurs œuvres empreintes de l’esprit franc-maçon et notamment, cette année-là, la Musique funèbre maçonnique en do mineur, composée pour un service maçonnique célébré le 17 novembre 1785 en mémoire de deux frères maçons de Mozart, le duc Georges-Auguste de Mecklembourg et le comte Franz Esterházy von Galántha, membres de l’aristocratie viennoise. On l’écoute, sous la direction de Neville Marriner.