"Ça invite à une autre lecture, un autre imaginaire chez le spectateur", explique à l’AFP Anne Teresa De Keersmaeker, célèbre chorégraphe belge qui a conçu la performance avec un autre chorégraphe, Némo Flouret.
Les danseurs interprètent notamment des solos, avec des gestes fragmentés et assez dépouillés, devant une trentaine de tableaux, dont le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault, des toiles de Jacques-Louis David (Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils, Les Sabines), ou de Léonard de Vinci (La Vierge aux rochers, La Belle Ferronnière, Sainte Anne, la Vierge, l’Enfant Jésus et Saint Jean-Baptiste enfant).
Pour Némo Flouret, "ces tableaux immobiles nous amènent à comprendre comment cette danse peut devenir un prolongement" de ces toiles, avec ce défi d’amener le spectateur à "regarder le tableau à travers les danseurs".
Autre défi : surmonter les contraintes d’un musée où il n’est pas possible de jouer avec les lumières ou de mettre une musique très forte pour ne pas fragiliser les toiles.
Les performances dans les musées sont de plus en plus programmées, notamment depuis la pandémie de Covid, avec une intention d’amener plus de transversalité entre les arts mais aussi d’attirer le public hors des salles traditionnelles.
Ainsi le Musée d’Orsay accueille (jusqu’à mercredi) des danseurs du Ballet national de Norvège qui interprètent des extraits de ballets inspirés de pièces d’Ibsen.
Mais aussi bien Anne Teresa De Keersmaeker que Némo Flouret insistent sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un "happening" ou d’un divertissement mais d’une invitation à prendre son temps pour regarder les tableaux au lieu de les "consommer".
Il s’agit de ralentir le regard, d’arrêter le temps ; on ne regarde plus les peintures ; il faut se laisser imprégner par la beauté des choses à travers la danse, dans son effet le moins spectaculaire possible.