Vladimir Poutine a confirmé avoir lancé une campagne "massive" de bombardements de l’Ukraine. Il y a 2 jours, le symbolique pont de Kersch, reliant la Russie à la Crimée a été gravement endommagé après l’explosion attribuée par la Russie à un camion piégé. Vladimir Poutine accuse les services secrets ukrainiens d’être responsables de ces attaques. Il a également promis des répliques "sévères" en cas de nouvelles attaques ukrainiennes contre la Russie.
"Si les tentatives d’attentats terroristes sur notre territoire se poursuivent, les réponses de la Russie seront sévères et leur ampleur correspondra au niveau des menaces posées", a mis en garde Vladimir Poutine en ouverture d’une réunion télévisée du Conseil de sécurité russe. "Personne ne doit avoir le moindre doute", a-t-il averti.
Cette pluie de missiles envoyés sur le territoire ukrainien est-elle dès lors une réponse à la destruction d’une partie du pont de Crimée ?
"On peut raisonnablement le penser", confie d’emblée Samuel Longuet, chercheur au GRIP, le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité. " Cela avait déjà été la forme de réaction que les Russes avaient eue après la percée ukrainienne autour de Kharkiv début septembre. La première chose qu’ils avaient faite quand ils ont vu qu’ils perdaient massivement du terrain sur ce front, ça a été de bombarder les installations énergétiques qui entouraient la ville de Kharkiv pour essayer de priver la population d’eau chaude, d’électricité ou de chauffage pour essayer de mettre une forme de pression sur la population de cette manière."
"Donc ce serait cohérent si l’objectif recherché était le même à nouveau pour à la fois répondre à cette attaque contre le pont reliant la Russie à la Crimée et de manière plus générale aux pertes de terrain et aux défaites militaires qui s’enchaînent pour la Russie. La Russie a déjà perdu beaucoup de terrain au nord de Kharkiv, avec notamment la prise de Lyman récemment et serait en train de perdre du terrain sur la presqu’île de Kharson. C’est peut-être plus que simplement une réaction aux bombardements du pont, mais une réaction face à la situation militaire qui est plutôt à l’orange voir au rouge de façon générale pour les Russes.", explique le chercheur.
Le but étant de plonger la population dans le noir et dans le froid
"Vladimir Poutine lui-même a fait le lien avec le pont de Crimée", complète Nicolas Gosset, chercheur à l’Institut Royal de défense. "Mais je pense que pour sortir du discours sur les représailles ça rappelle aussi que l’Ukraine est confrontée à une guerre totale de la part de la Russie. Nous ne sommes pas dans une guerre circonscrite à une partie du pays. L’ensemble du territoire ukrainien fait l’objet de l’offensive du gouvernement russe et c’est un rappel cinglant de cette réalité : la capacité, la volonté et surtout la détermination de Vladimir Poutine à frapper l’ensemble du territoire au moment où il le sent, où il le considère comme opportun".
Ces missiles n’ont pas été envoyés au hasard.
Vladimir Poutine affirme que ce sont des infrastructures énergétiques, militaire et de communication qui étaient dans le viseur russe quand Volodymyr Zelensky insiste davantage sur les infrastructures énergétiques. "De nouveau, cela serait cohérent avec ce qui s’est passé à Kharkiv il y a un mois. Le but étant de plonger la population dans le noir et dans le froid", détaille Samuel Longuet.
"Ce qui est particulièrement frappant cette fois, c’est ce que l’on a des frappes qui visent de manière très claire l’infrastructure civile du pays. ", analyse Nicolas Gosset. "Notamment les circuits d’approvisionnement électrique, en eau ou les circuits de chauffage. C’est là qu’on se rend compte de la logique de représailles. Poutine dit "vous avez ciblé une infrastructure civile de la Fédération de Russie, donc nous, Russes, nous ciblons vos infrastructures civiles dans le même but que d''habitude : terroriser la population ukrainienne".