Si la parité dans les collections des musées est encore loin d’être atteinte, les expositions consacrées aux artistes femmes se multiplient. Tout comme celles dédiées à des artistes d’âge mûr comme Rose Wylie et Jacqueline de Jong, qui ont connu très tardivement le succès qu’elles méritent. Décryptage.
Rose Wylie est la preuve que le talent n’a pas d’âge. Cette octogénaire peint depuis plus de 40 ans dans le Kent, au sud de l’Angleterre, mais elle est internationalement reconnue comme une artiste figurative que depuis une dizaine d’années. Il aura fallu attendre 2010 pour que le grand public découvre ses tableaux vivants et colorés dans une exposition collective au National Museum of Women in the Arts à Washington. S’en sont suivies des expositions à la Tate en 2013, à l’Aspen Art Museum en 2020 et dorénavant au musée municipal pour l’Art actuel de Gand (SMAK), en Belgique.
"picky people notice…" est la première exposition solo de Rose Wylie en Belgique. Il ne s’agit pas d’une rétrospective, mais d’une sélection de toiles et de dessins récents jamais exposés auparavant. Ils se jouent des conventions picturales, notamment en matière de perspective, ce qui leur confère une allure d’immenses gribouillages d’enfants. Mais cette simplicité apparente laisse entrevoir une préoccupation pour des sujets beaucoup plus graves comme la guerre, le réchauffement climatique ou encore la représentation stéréotypée de la femme. L’exposition du SMAK n’est pas linéaire, à l’image de la carrière de Rose Wylie. L’artiste a abandonné la peinture pendant des années pour se consacrer à sa famille. Elle s’est inscrite au Royal College of Art dans les années 1970, et en est sortie diplômée en 1981. Elle n’a depuis plus jamais arrêté de réaliser les tableaux vivants et colorés qui l’ont fait connaître.